Jean-Baptiste Gougis, le barde vigneron
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Vigneron à Aubière, Jean-Baptiste Gougis est aussi chanteur et musicien. Il fait cohabiter ses deux passions et en tire même des synergies.
Jean-Baptiste Gougis est un cas à part dans le vignoble auvergnat. Ce jeune homme qui se définit comme un « artiste vigneron » a deux passions dans sa vie : la vigne et le métier d’auteur compositeur. Avec sa guitare et sous le nom de scène Vent d’Ange, il se produit dans des endroits aussi différents que le festival off des Nuits de Saint-Jacques, au Puy-en-Velay, ou au Bistrot du Sommelier, à Paris, chez Philippe Faure-Brac. Le 31 août il se produira dans sa ville, Aubière, à l’occasion de la Foire de la Saint-Loup.
Il sait faire cohabiter ces deux métiers harmonieusement. La vigne est sa muse et lui inspire des chansons comme celle portant sur les vignes en hiver ou son titre fétiche, « Je bois du vent » … Il propose d’animer des rencontres de 25 personnes en leur faisant découvrir quatre vins, quatre chansons et un poème. Sur les bouteilles qu’il commercialise, l’étiquette comporte un code-barres qui permet de visionner un clip de l’artiste.
Ce n’est pas une surprise si ce poète vigneron n’aborde pas la vigne comme ses collègues. Après avoir grandi à Clermont-Ferrand, il a suivi des études d’œnologie avant de travailler sous la conduite de Pierre Morey, alors régisseur du Domaine Leflaive, à Meursault. Il a poursuivi sa carrière en Nouvelle-Zélande. Cette terre volcanique l’a passionné et, en rentrant en France, il a décidé de faire du vin sur un terroir volcanique. La région où il avait grandi s’est naturellement imposée.
Les vins vieillissent sous bois, dans une cave d’Aubière.
Parvenant à louer des terres, il s’est étendu sur plusieurs petites parcelles. Au total, son domaine, créé en 2014, n’excède pas 2,5 ha. Voulant travailler sans contraintes, le vigneron s’est affranchi des règles de l’AOP côtes d’auvergne et commercialise ses bouteilles hors appellation en vin de France, même s’il utilise les cépages habituels (gamay et pinot pour les rouges et chardonnay pour les blancs). Malgré tout, il vend sa production autour de 14 € la bouteille et les grands chefs se l’arrachent. Il est présent chez Jacques Decoret, à Vichy, chez Serge Vieira, à Chaudes -Aigues, à l’Hôtel Radio, à Chamalières, ou encore chez Xavier Beaudiment au Pré, à Durtol. À Paris, on peut découvrir ses vins au Bistrot du Sommelier ou au Relais Louis-XIII.
La production demeure confidentielle. Le premier millésime blanc, Noces volcaniques, récolté par Jean-Baptiste tenait dans deux barriques. C’est un vin au style très bourguignon, bien que très marqué par le terroir auvergnat. En rouge, il décline deux cuvées, Puy de joie, dominé par le gamay, avec un soupçon de pinot qui traduit le caractère du terroir basaltique. Mais le vigneron possède aussi une parcelle au sol argilo-calcaire, d’où il tire la cuvée du plateau de Gergovie.
Les vignes du plateau de Gergovie
Le vigneron dorlote chaque cep. Évoluant en bio, il n’utilise pas de tracteur et s’échine à travailler ses 2,5 ha avec un simple motoculteur. Installé dans l’une des 900 anciennes caves creusées dans la terre au milieu du XIX siècle, il vinifie ses vins durant un an dans des barriques rachetées au vigneron de Santenay, Jean-Marc Vincent. En marge de la production vinicole auvergnate, Jean-Baptiste Gougis a le mérite de travailler un sillon, il sort des sentiers battus pour nous montrer une nouvelle facette de ce que peut produire le terroir du Massif central.