Marion Goettlé, faire front face aux violences en cuisine

  • Temps de lecture : 2 min

Entretien avec la cheffe Marion Goettlé, à la tête du Café Mirabelle (Paris, 11e) et cofondatrice de l’association Bondir.e, qui fait de la prévention contre les violences en cuisine et dans les écoles hôtelières. Fondée en 2020, l’association compte aujourd’hui une vingtaine de chefs bénévoles.

marion-goettle
Marion Goettlé. Crédits : Josselin Colnot.

Vous êtes l’une des deux créatrices de l’association Bondir.e. Pourquoi vous êtes-vous lancées dans ce projet ?

Nous nous sommes lancées [avec les cheffes Manon Fleury, Valentine Guenin, Laurène Barjhoux, Natacha Collet, NDLR] dans ce projet suite au premier confinement, quand nous avons réalisé qu’il y avait un problème systémique de violence dans les métiers de la restauration. Nous avons voulu tenter d’enrayer cela. La solution pour nous est de proposer des interventions et de la prévention contre ces violences dans les écoles hôtelières. Notre démarche a pour objectif de prévenir les risques de violences en entreprise et d’expliquer que personne n’est obligé de travailler dans une telle ambiance et un tel cadre. Cela ne doit pas faire partie du métier.

Que faites-vous concrètement au quotidien avec Bondir.e ?

Nous avons deux actions principales. La première est d’intervenir dans les écoles hôtelières pour essayer de parler au plus de jeunes possibles et d’ouvrir des débats avec eux, sur la manière dont il rentre dans le métier et comment se protéger en cas de violence. La seconde, est de communiquer sur le sujet pour essayer d’enrayer et de faire parler de ces problèmes. Il y a eu un non-dit durant des années, presque une omerta sur les violences exercées dans la restauration. Nos réseaux sociaux sont un bon outil pour cela. Il faut faire rentrer dans les habitudes de chacun que ce ne sont pas des comportements nécessaires et normaux.

Pourquoi ce nom ?

C’était un peu l’idée de Manon [Fleury, NDLR]. Il possède ce double sens, de rebondir vers l’avant, aller de l’avant mais aussi de bondir donc de bien parler. C’est tout notre message : la bienveillance et le bien parler.

La presse joue-t-elle un rôle dans l’image qui fait de la restauration un métier d’homme ?

Je pense, qu’aujourd’hui, la presse essaie de faire un travail un peu plus égalitaire. Ces questions ne se posaient pas jusqu’il y a quelques années, donc effectivement des grandes institutions ont toujours mis plus en avant les hommes, volontairement ou pas d’ailleurs. La presse a un rôle à jouer dans la médiatisation d’un plus grand nombre de personnes et dans le fait qu’elle possède un rôle éthique, en arrêtant de mettre en avant des chefs dont les comportements ne sont pas toujours appropriés.

PARTAGER