Comptoirs gaillacois : les vignerons de Gaillac à la conquête de Paris
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Les vins de Gaillac (Tarn) ont soif de reconquête des bistrotiers parisiens, à travers l’initiative des Comptoirs gaillacois.
Les vins de Gaillac (Tarn), dans le sud-ouest, ont soif de reconquête du cœur des bistrotiers parisiens. En effet, l’initiative des Comptoirs gaillacois a été lancée au début du mois de juin 2024. La mission de cette initiative consiste à faire des bistrots et cavistes des « ambassadeurs pour montrer toute la diversité des terroirs de Gaillac », martèle Tristan Olphe-Galliard, animateur du réseau à Paris.
Et pour cause, une conférence autour de Robert Plageoles, vigneron figure du vignoble de Gaillac, présenté par ce dernier comme « l’un des plus anciens de la Gaule », a précédé le lancement des Comptoirs gaillacois. Il a également mis en avant « la richesse des cépages [identitaires, NDLR] dans un monde avide de curiosité ». Au titre des cépages autochtones, on compte en effet le fer servadou (ou braucol), le duras ou le prunelart (père du malbec) en rouge, mais également l’ondenc, le loin de l’œil (ou len de l’el) et le mauzac en blanc.
« Nous disposons d’un terroir tellement hétérogène que tout est possible », a par ailleurs ajouté Robert Plageoles. Face au dérèglement climatique dont les effets se font déjà sentir, le vigneron a souhaité alerté l’auditoire : « Nous allons nous retrouver à Gaillac avec un climat qui ressemblera à celui de l’Andalousie, avec des vins qui prendront une dimension alcoolique. Il sera donc nécessaire d’élaborer des vins de soif. » Néanmoins, face aux nombreux enjeux, il a tenu à rester optimiste : « Dans cet avenir incertain, nous sommes l’un des vignobles les mieux armés. »
Développement à Paris puis en province
Pour l’heure, les Comptoirs gaillacois dénombrent 15 établissements à Paris et un dernier à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), qui affichent sur leurs cartes au moins deux références de vins de gaillac AOP. On compte ainsi La Grille Montorgueil (2e arrdt), Le Mesturet (2e arrdt), Le Sully (4e arrdt) ou encore La Bonne Franquette (18e arrdt). L’objectif est d’atteindre les 30 à 50 bistrots parisiens. En outre, chaque établissement membre du collectif recevra une plaque émaillée imaginée par le dessinateur Gab. « L’objectif est d’avoir une belle notoriété à Paris avant de revenir en province. C’est plus simple à Paris parce qu’il y a un bistrot à chaque coin de rue », glisse aussi Romain Gérard, président de l’interprofession des vins de Gaillac.
Enfin, le vignoble de Gaillac représente 2.463 ha de vignes en AOC et 2.134 en IGP, pour 110 vignerons, deux caves coopératives et un négociant vinificateur. La production a atteint 397.000 hl en moyenne sur la période allant de 2018 à 2022. De plus, alors que Gaillac compte 60% de vins rouges, 30% de blancs et 10% de rosés, le président de l’interprofession note « une bascule progressive vers le blanc », ainsi qu’un avenir potentiellement tourné vers « les vins de soif, qui ne sont pas forcément des petits vins ».
Ce dernier mise également sur les vins effervescents, le vignoble utilisant la méthode ancestrale. « Ils peuvent être l’avenir de Gaillac. Il est nécessaire de surfer sur le succès de la bulle. La jeune génération en boit, elle y est habituée », assure-t-il ainsi. Alors que la distribution se répartie entre la grande distribution à 35%, le circuit traditionnel à 30%, la vente directe à 25% et l’export à 10%, Romain Gérard souhaite valoriser les vins de la région en augmentant les prix des bouteilles, considérés comme trop bas.