Eaux contaminées : révélations du lobbying de Nestlé Waters auprès de l’État
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Le robinet des révélations semble loin d’être arrêté au sujet de Nestlé Waters et du scandale des eaux contaminées. Une enquête conjointe de Radio France et du journal Le Monde révèle l’étendue du lobbying exercé par la division eau embouteillée de la multinationale (Acqua Panna, Contrex, Hépar, Nestlé Pure Life, Perrier, San Pellegrino et Vittel). Et ce, dans le but de poursuivre la filtration illégale de ses eaux minérales naturelles, en dépit des risques sanitaires.

Le robinet des révélations s’ouvre pleinement au sujet de Nestlé Waters et du scandale des eaux contaminées. En effet, une enquête conjointe de la cellule investigation de Radio France et du journal Le Monde révèle l’étendue du lobbying exercé par la division eau embouteillée du géant agroalimentaire mondial, qui comprend Acqua Panna, Contrex, Hépar, Nestlé Pure Life, Perrier, San Pellegrino et Vittel.
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« Ce qui s’apparente à une entente secrète entre l’État français et une multinationale, elle-même à l’origine d’une tromperie à grande échelle », précise ainsi l’enquête au sujet du lobbying de Nestlé Waters. Et ce, dans le but de poursuivre la filtration illégale de ses boissons commercialisées sous l’étiquette d’eaux minérales naturelles, en dépit des règlementations applicables et des risques sanitaires.
Dérogation accordée par l’État à Nestlé Waters
« En effet, le gouvernement a accordé au groupe agroalimentaire le droit d’utiliser, jusqu’à aujourd’hui, des filtres non conformes dans ses usines. Et ce, alors que la direction générale de la Santé et le ministère de la Santé avaient indiqué à Matignon que cette demande n’était « pas acceptable » », soulignent les deux médias.
Néanmoins, les enjeux financiers colossaux, avec une fraude estimée à trois milliards d’euros en 15 ans d’après la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), un chiffre révélé par Mediapart, ont fait penché la balance.
Le chantage à l’emploi
Par ailleurs, la campagne de lobbying de Nestlé Waters s’est matérialisée en une série de rencontres et d’échanges « organisés au plus haut sommet de l’État, entre des responsables de Nestlé et les conseillers et directeurs de cabinets de nombreux responsables politiques : d’Emmanuel Macron (Élysée) à Bruno Le Maire (ministère de l’Économie) en passant par François Braun (Santé), Élisabeth Borne (Matignon) ou encore Roland Lescure (Industrie) », détaillent Radio France et Le Monde.
Une campagne qualifiée de « chantage » par le directeur général de la santé en 2023, comme le relève l’enquête, avec une menace de suppressions d’emplois de la part de la multinationale.
En réaction à cette enquête, Nestlé Waters assure « n’avoir jamais menacé l’État de quoi que ce soit ». Et sur le plan sanitaire, l’entreprise estime que ses microfiltres à 0,2 micron « garantissent la sécurité alimentaire, sans être une désinfection ».
De son côté, l’Élysée indique aux deux médias qu’il « n’a pas vocation à intervenir sur les méthodes de microfiltration de l’eau, mais l’attention de ses équipes a été attirée sur ce sujet par l’entreprise Nestlé, et l’Élysée a renvoyé les intéressés vers les services de l’État compétents ». Enfin, « il n’y a de l’entente avec personne, il n’y a pas de connivence avec qui que ce soit », a assuré Emmanuel Macron le 4 février, en marge d’un déplacement.