Alors que les équipes du Domaine des Hauts Baigneux, situé à Panzoult, en Indre-et-Loire, ont terminé les vendanges le 8 octobre dernier, l’heure est aux paris quant à ce millésime 2024. « Le mildiou a été présent, nous avons perdu des rendements, de l’ordre de -40% par rapport à 2023 qui a été une très bonne année. Mais cela a été bénéfique pour la qualité. Du 7 au 14 septembre, nous avons connu une belle embellie qui a permis de concentrer les raisins. Cela nous conduira à des vins fins peu alcoolisés mais avec de la générosité », décrypte alors Philippe Mesnier, copropriétaire du domaine, avec Nicolas Grosbois, vigneron en appellation chinon.
Avec ce domaine acquis en 2012, le duo souhaite remettre sur le devant de la scène l’AOC touraine-azay-le-rideau. « Nous voulions créer un vin avec des terroirs à fort potentiel, explique Philippe Mesnier. Il s’agit d’une AOC qui a été oubliée. Avant la Seconde Guerre mondiale, elle comptait 700 ha tandis qu’à la même époque l’AOC vouvray représentait 500 ha, contre 2.000 ha actuellement. Puis les vignes d’Azay-le-Rideau ont été arrachées au profit des pommes et poires. » Mais aujourd’hui, la trajectoire a commencé à s’inverser, marquant ainsi un retour, « depuis une quinzaine d’années », de l’AOC. Pour preuve, « en 2012, nous avons pu choisir nos vignes. Aujourd’hui, il n’y en a plus à acheter », souligne-t-il.
La mise en avant du terroir
Le Domaine des Hauts Baigneux, qui dispose de 15 ha, s’attache ainsi à mettre en valeur le terroir de l’appellation disponible en blanc et rosé. Et ce à travers deux cépages historiques : le chenin pour le blanc et le grolleau pour le rosé. Des cépages qui profitent du sol particulier de l’aire géographique : de l’argile à silex, qui « permet de l’élégance » et apporte de la salinité, « marqueur de fin de bouche de nos vins », dévoile Philippe Mesnier.
En outre, l’équipe pratique pour les vins rouges et les blancs un élevage en fût afin de « les accompagner vers leur optimum ». Le domaine dispose par ailleurs du Clos des Brancs en monopole, destiné à produire une cuvée de vin blanc. Il le loue au petit-fils de l’artiste américain Alexander Calder, dont la seule demande était la conduite en bio et biodynamie. Une demande en phase avec la vision de Philippe Mesnier et Nicolas Grosbois, dont le domaine est certifié bio.
Le duo pratique également la polyculture avec notamment l’élevage de moutons et la plantation d’osier, « bénéfique pour le sol ». En termes d’encépagement, le chenin blanc est majoritaire (7,5 ha), complété du grolleau (4 ha), du cabernet franc (2 ha), du sauvignon (1 ha), et du pinot d’aunis (un demi hectare).
De nombreuses nouveautés
Par ailleurs, au total, la production annuelle du Domaine des Hauts Baigneux est comprise entre 50.000 et 80.000 cols, avec une segmentation de gamme qui évolue, entre les AOC touraine et touraine-azay-le-rideau, sans oublier le Vin de France. En effet, « nous avons d’abord su nous positionner sur les parcellaires pour montrer ce dont nous étions capables », indique Philippe Mesnier. Ainsi, coexisteront dès le début de l’année 2025, deux gammes : d’un côté, celle des crus ; et de l’autre, celle dédiée aux monocépages nommée Maison HB, à des prix plus abordables (entre 12,50€ et 13,50€ en prix caviste). Le domaine destine la gamme des crus aux CHR et à la vente directe.
Les propriétaires du domaine veulent également passer le pas et se prêter au jeu de la restauration. En effet, la Maison Hauts Baigneux est en cours de construction à Cheillé. « Ce sera une maison en bois et en chanvre, alimentée à l’énergie solaire et équipée d’un système de récupération des eaux de pluie », précise Philippe Mesnier. Elle sera destinée à l’accueil des visiteurs, à la dégustation des cuvées et se restaurer avec les produits issus du Domaine des Hauts Baigneux et du Domaine Grosbois : maraîchage, viande et fruits. L’ouverture officielle devrait intervenir en 2025. Enfin, une levée de fonds va être organisé, avec l’idée de réunir une partie des fonds dès la fin de l’année 2024.