Toujours les mêmes qui trinquent

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Pauline De Waele, rédactrice en chef de La Revue des Comptoirs, réagit à l’actualité des CHR.

Pauline de Waele
Pauline de Waele © Au Cœur des Villes

À l’heure où nous bouclons, nous apprenons que les mesures se durcissent. Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la fermeture de tous les bars et restaurants de la métropole Aix-Marseille et en Guadeloupe à compter du lundi 28 septembre.

Il a également décrété que, dans les zones d’alerte renforcée, dont font partie Bordeaux, Lyon, Nice, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, Paris et petite couronne, les bars sont tenus de fermer à partir de 22 heures. Du côté des professionnels marseillais, c’est la stupeur.

Contacté immédiatement après les annonces, le président général de l’Umih des Bouches-du-Rhône, Bernard Marty, fulmine : « À Marseille on vit normalement, on est train de stigmatiser la ville. Nous sommes les dindons de la farce, nous venons d’apprendre la nouvelle par les médias télévisés. Pas une seule fois, nous avons été concertés ».

Du côté du GNI, la colère est aussi vive : « On stigmatise la profession, comme si les restaurateurs aixois et marseillais étaient à l’origine de la propagation de la covid. Encore une fois, on trinque, c’est la mort assurée de plusieurs centaines d’établissements. Pas une seule fois nous n’avons été concertés, c’est un manque de reconnaissance du terrain et la stigmatisation de notre métier. C’est une mesure inique. », s’insurge Didier Chenet, président du GNI.

Une incompréhension que nous partageons. Fermetures totales ou pis-aller partielles à 22 heures… C’est bien méconnaître les habitudes des clients notamment dans les grandes villes. C’est justement l’heure à laquelle débute la fête, l’horaire paraît totalement arbitraire. Car ne nous leurrons pas, dès lundi, les jeunes ou les moins jeunes vont se précipiter dans les espaces publics pour poursuivre leur soirée, sans contrôle pour le coup des professionnels.

Alors que les restaurateurs s’appliquent à respecter les protocoles sanitaires déjà bien lourds, le gouvernement semble s’être débarrassé de la patate chaude auprès des préfets. Qui est finalement le grand décideur dans cette affaire ? Le président de la République avait pourtant été clair : zéro chiffre d’affaires, zéro charge. L’État doit donc assumer ses responsabilités.

La véritable interrogation : que fait-on du personnel, des loyers, des charges fixes ? Et surtout comment recruter à court ou moyen terme du personnel dans une situation aussi instable ? Autant de questions qui vont devoir être posées sérieusement sur la table. Il est temps que la profession arrête d’être le dindon de la farce.

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