Une inflation inédite en France, surtout pour les CHR

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La France n’avait encore jamais sombré dans une telle spirale inflationniste, dépassant de loin celle des années 80. Une situation exceptionnelle en tous points entrainant pour les restaurateurs une hausse des coûts de l’énergie et des matières premières.

Les coûts des matières premières ont augmenté. Image d'illustration.
Les coûts des matières premières ont augmenté. Image d'illustration.

«La situation inflationniste que nous vivons actuellement est atypique », déclare Sébastien Faivre, responsable de la division des prix à la consommation pour l’Insee. En juillet 2022, l’inflation s’élève à 6,1% en France. Il faut remonter en 1985 pour retrouver un pic de cette ampleur. D’après Sébastien Faivre, « la barre des 4% n’avait jamais été dépassée depuis les années 80. Nous avions déjà vécu une inflation transitoire dépassant les 3% en 2008, mais cette dernière était vite redescendue. »

Pour mettre fin à ces spirales inflationnistes, la France avait mis en place des politiques de désinflation compétitive. Ainsi, en 1983, le gouvernement de Pierre Mauroy a pris la décision d’interdire l’indexation des salaires sur l’inflation. « On est rapidement retombé à une inflation de l’ordre de 2%, parfois considérée par les banques centrales comme un niveau de hausse ‘‘naturel’’ des prix », explique le spécialiste de l’Insee.

C’est là que le bât blesse. Les salaires n’étant plus indexés sur l’inflation, le gouvernement doit trouver des solutions alternatives. En attendant, les Français subissent une perte de pouvoir d’achat des suites de l’inflation ; et les entreprises de la restauration en pâtissent également.

Les matières premières explosent

Les restaurateurs sont en première ligne face à l’augmentation des coûts, notamment ceux des matières premières. Dans le détail : viande, produits laitiers et œufs font partie de la longue liste d’aliments dont les prix ont explosé ces derniers mois. Les produits frais manufacturés ont, quant à eux, subi une hausse de l’ordre de 8% et le café une augmentation de 10%. « Une tendance qui n’est pas près de s’arrêter aussi rapidement cette fois-ci du fait de la diffusion de la hausse des prix à l’ensemble des secteurs de l’économie, et tout particulièrement l’alimentation », assure Sébastien Faivre.

De même que l’énergie

D’un autre côté, les cours du pétrole restant constants, la facture d’essence devrait baisser grâce à l’augmentation de la prime à la pompe. Mais l’or noir n’est qu’une composante d’une problématique plus vaste. Ainsi, il est peu probable que les restaurateurs voient les coûts globaux de l’énergie baisser rapidement. L’hiver approchant dans un contexte d’approvisionnement tendu, les charges liées au gaz et à l’électricité vont obligatoirement augmenter, d’autant plus que les professionnels ne bénéficient pas - encore - du bouclier énergétique. L'une des solutions face à la flambée des prix est de répercuter les coûts sur la carte du restaurant. De quelques centimes à plusieurs euros, voilà la voie empruntée par certains restaurateurs pour lutter contre la spirale inflationniste actuelle.

La BCE prend des décisions

Jeudi 8 septembre, la BCE  a décidé d’une hausse de 75 points de base des taux de référence. « Ça va impacter le coût du crédit », explique le spécialiste de l’Insee. Ainsi, l’objectif est que les ménages et les entreprises s’endettent pour pouvoir acheter des biens et continuer à se développer. « Plus le taux d’intérêt est élevé, plus l’épargne est rémunératrice et se substitue à des dépenses immédiates ». Plus précisément, cette augmentation du coût du crédit permettrait de réduire la quantité de monnaie en circulation, provoquant ainsi un ralentissement de l’inflation.

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