Cécile Coulon, l’Auvergne chevillée au corps

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Romancière et poétesse, Cécile Coulon à 32 ans est déjà à l’origine de huit ouvrages dont « Une bête au Paradis », pour lequel elle a obtenu le Prix littéraire du « Monde » en 2019. Elle s’investit aujourd’hui dans la candidature de Clermont et de son territoire pour décrocher le titre de Capitale européenne de la culture en 2028.

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Céline Coulon. Crédits : DR.

Le Roi n’a pas sommeil, Le Coeur du pélican, Le Rire du grand blessé, ou encore le recueil de poésies Les Ronces… L’Auvergnate Cécile Coulon est déjà à l’origine d’une riche production littéraire. À son actif, on trouve sept romans, différentes publications ainsi que quatre corpus de poésies. La presse spécialisée dans les CHR, Cécile Coulon la connaît logiquement un peu moins. « L’Auvergnat de Paris, ça m’évoque la bouffe, mais dans le bon sens du terme ; celui du réconfort. Les Auvergnats sont vraiment partout ! », s’enthousiasme Cécile Coulon. L’écrivaine n’est pas une fine connaisseuse de l’univers de l’hôtellerie-restauration et des bougnats de Paris, mais elle passe aujourd’hui la moitié de son temps dans la capitale. Les auditeurs de France Inter peuvent en effet se délecter, le dimanche soir, de l’émission « La Source » où Cécile Coulon s’intéresse aux sources d’inspirations de différents écrivains. « Je prends un micro et me déplace dans un endroit choisi par l’invité, un lieu où leur écriture est née », résume-t-elle.

Si celle-ci devait se prêter au jeu de « La Source », l’émission serait à coup sûr enregistrée en Auvergne, et plus précisément à Saint-Saturnin, non loin de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). « C’est le village où j’ai grandi et commencé à écrire des livres », se rappelle l’autrice. Des grands-parents agriculteurs, des parents ingénieurs agronomes : Cécile Coulon est familière avec la terre. « Je ne suis pas une experte de la ruralité, mais j’ai été élevée à la campagne. Je suis plus à l’aise sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle que sur la Ligne 4 », sourit-elle. Ce milieu paysan, son roman Une bête au Paradis, publié en 2019 aux éditions L’Iconoclaste, en est pétri. L’action se déroule dans la ferme de la grand-mère de Cécile Coulon, en Corrèze. « Il s’agit sans doute du livre que je préfère à ce jour et qui raconte avec le plus de précision le milieu d’où je viens mais dans lequel je n’ai pas évolué », confie la poétesse. Pour mener à bien cette fresque fidèle, elle a construit son récit à partir de longues interviews qu’elle réalisait auprès de son aïeule durant les vacances d’été.

Je suis plus à l'aise sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle que sur la Ligne 4
Cécile Coulon, Romancière, nouvelliste et poétesse

« Je dormais dans la chambre de ma grand-tante et je venais à la ferme à la manière d’une “touriste familiale”, raconte-t-elle. Quand on est gamin, c’est super parce qu’on n’a pas à y travailler ni à se lever à 4 h du matin. J’ai posé énormément de questions à ma grand-mère pour comprendre comment se déroulait la vie dans les années 1960 et 1970. » Cécile Coulon se révèle être particulièrement curieuse des questions agricoles et paysannes. Comme elle aime à le rappeler, ce sont « les agriculteurs qui nous nourrissent ». Son travail d’écriture a très vite été repéré. Par sa professeure de français au lycée, pour commencer, qui prenait le temps de corriger les chapitres que l’élève lui confiait entre deux cours.

L’autrice n’a pas hésité bien longtemps avant de se lancer à corps perdu dans l’aventure littéraire. « Mais le moment où j’ai su que l’écriture était devenue un travail à temps plein est arrivé assez tard, quand j’ai publié Le Roi n’a pas sommeil, en 2012 », dévoile L’Auvergnate. La poésie complète, avec beaucoup de beauté, son travail d’écrivaine. Durant plusieurs années, Cécile Coulon a ainsi mis en ligne quantité de poèmes jusqu’à ce qu’un éditeur souhaite publier un recueil. « La poésie complète le roman car dans le roman il y a des pauses créatrices dans lesquelles s’insère la poésie, c’est une écriture plus vive, plus spontanée et nerveuse », explique-t-elle. L’Auvergne est encore plus palpable dans son travail de prose. Elle a ainsi publié des poèmes entiers consacrés aux monts du Cantal et aux monts du Sancy, à Clermont-Ferrand ou au sujet du train qui relie Vichy à Paris, ou encore sur la montagne Bourbonnaise : « L’Auvergne n’a jamais été aussi présente que dans ma poésie. Si je situe trop l’action en Auvergne dans mes romans, j’ai peur d’être classée dans la littérature de terroir. Ce n’est pas le cas en matière de poème. »

Cécile Coulon n’entend pas quitter de si tôt son territoire. Pour elle, nul besoin de résider à Paris pour exister sur la scène littéraire. « Oui, les maisons d’édition sont dans la capitale, regroupées dans deux rues. Mais écrire des livres, les publier et en faire la promotion, c’est faisable depuis Brest comme d’Aurillac », déroule-t-elle. Les amateurs de littérature devraient encore entendre parler de Cécile Coulon durant de nombreuses années, tant sa créativité paraît intarissable. En attendant, elle met son énergie au service de Clermont-Ferrand et de son territoire, dont la candidature à la Capitale européenne de la culture en 2028 connaîtra une étape décisive au mois de mars.

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