Franck Chaumès, un homme de défis

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Entrepreneur bordelais à succès dans le secteur de la restauration, Franck Chaumès a été porté au printemps à la tête de la puissante fédération des restaurateurs de l’Umih. Membre de l’ancienne garde du syndicat patronal, il a néanmoins vite trouvé ses marques avec la nouvelle équipe dirigeante incarnée par Thierry Marx.

Franck Chaumes
Franck Chaumes. Crédit : DR.

Après le coup de tonnerre de l’élection de Thierry Marx à la présidence de l’Umih, les élections de branches qui ont eu lieu six mois plus tard sont passées presque inaperçues. Pourtant, elles ont acté le profond renouvellement du syndicat de la rue d’Anjou (Paris 8e) puisqu’un seul des sortants, Laurent Lutse, a été reconduit dans ses fonctions. Pour le reste, plusieurs nouveaux visages sont apparus dont celui de Franck Chaumès, président de l’Umih Gironde, qui a pris la tête de la branche restauration. Son prédécesseur, Hubert Jan, candidat malheureux à la vice-présidence en octobre, a décidé de ne pas se représenter et a poussé son ami Franck Chaumès à briguer la présidence.

Le Bordelais qui aime plus que tout les défis l’a emporté dans la foulée avec 58,5 % des voix face à Frank Delvau (président de l’Umih Paris-IDF) et Charles-Édouard Barbier. Il se réjouit de cette élection au premier tour qui s’est déroulée « dans le sérail de la restauration et sans le GNC », et qui vient rappeler que la vieille garde de l’Umih n’a pas encore rendu les armes. Honnête, Franck Chaumès reconnaît qu’il n’a pas voté pour Thierry Marx et que son vote est resté fidèle à Hubert Jan. Il ne regrette pourtant pas l’élection du chef du Mandarin Oriental. Avec du recul, il l’apprécie : « C’est un personnage qui dispose d’une aura importante, ce qui est appréciable pour notre profession, déclare-t-il. Il est calme, posé et ne parle pas pour ne rien dire. »

En ce qui le concerne, Franck Chaumès n’est pas vraiment un calme. Franc, entier, il est animé par la faconde typique du Sud-Ouest. Perpétuellement en mouvement, il s’efforce de coller à un agenda où figurent peu de cases blanches. Il concède que sa boulimie de travail confine parfois au masochisme. Mais c’est plus fort que lui, dès qu’un défi se profile, il ne sait pas résister. Ainsi, il continue de diriger l’Umih 33, ainsi que son activité de traiteur, à Bordeaux, qui détient notamment une partie de la concession du Parc expo. De fait, à la fin de juin, à l’occasion des Jeux européens du sport, durant quatre jours dans la capitale girondine, il n’a dormi que trois heures par nuit. Il s’agissait alors pour lui et ses équipes de parvenir à servir 12 000 repas.

Pendant ce temps, il devait aussi veiller sur ces deux brasseries, l’Orangerie, dans le jardin public de Bordeaux, et le Transat, installé à Arcachon. Il est le fruit de quatre générations de restaurateurs et a effectué ses premiers pas dans le café-restaurant Chez Andrée, qui appartenait à sa grand-mère et jouxtait le stade de rugby de Bègles. Il a donc vite été happé par le ballon ovale en jouant à un niveau modeste, mais aussi en liant de solides amitiés avec quelques membres de la bande des Rapetou de l’époque, Vincent Moscato, William Téchoueyres ou encore Bernard Laporte.

La restauration est un métier qui vous comble.
Franck Chaumès, Président de la branche restauration de l’Umih

Franck Chaumès était plus doué pour le handball, sport dans lequel il a évolué en Nationale 2. Mais déjà, sa vraie passion était la restauration. Alors qu’il est encore élève en terminale, il dirige l’été le bar du casino de Biscarrosse (Landes). À l’âge de 20 ans, il reprend l’activité de traiteur créée par ses parents et collectionne ensuite les belles brasseries bordelaises, comme l’Orléans ou le Bellini. Mais il ne conserve jamais très longtemps ses affaires. Lorsqu’il considère que le défi est gagné, il se lasse et revend pour pouvoir se consacrer à de nouveaux challenges. Il a connu son quart d’heure américain en créant un restaurant de l’enseigne chez Andrée à Miami, en Floride. En 2004, il a eu la satisfaction de voir cette adresse classée par le Miami Herald parmi les 40 meilleurs restaurants du sud de la Floride.

Il ne s’est cependant pas éternisé aux États-Unis. La signature de nouveaux gros contrats de traiteur à Bordeaux l’a contraint à se concentrer sur son activité française. Un défi chasse l’autre… Le mot échec ne figure pas dans le vocabulaire de cet homme à qui tout réussit. Il est venu au syndicalisme alors qu’il animait un établissement de nuit près de la gare. « Le quartier était un vrai coupe-gorge, résume-t-il. Avec d’autres professionnels, nous sommes arrivés à en faire un lieu agréable en créant le GIE Paludate. » Il se souvient de longs échanges fructueux avec l’ancien maire, Alain Juppé, pour faire évoluer les choses dans le bon sens.

C’est ainsi qu’il a pris goût à l’action commune. Il a adhéré à l’Umih dès 2006 et a progressivement mis le doigt dans l’engrenage. Vice-président de l’Umih 33 dès 2015, il a attendu 2021 pour en prendre la présidence. Désormais à la tête de la branche restauration, il sait qu’il va devoir relever de nouveaux défis tels que le combat contre l’ubérisation du métier. Il est aussi conscient de l’attente de la profession autour des problèmes de recrutement. Cet homme, qui aime à répéter que « la restauration est un métier qui vous comble quand on le fait avec amour et passion », ne comprend pas que 250 000 postes demeurent vacants dans le secteur.

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