Trois questions à Karen Serfaty

Entretien entre la Revue des Comptoirs et Karen Serfaty, fondatrice et directrice générale du salon Food Hotel Tech.

Comment voyez-vous évoluer les innovations dans la foodtech au fil des mois ?

J’ai le sentiment que les technologies prédictives prennent de plus en plus d’espace. Beaucoup de gens qui les ont testées ont la preuve que ça fait vraiment économiser de l’argent. D’autant que les intelligences artificielles prédictives sont de plus en plus performantes. Les attentes sont très importantes, notamment au niveau du marketing. Expedia ou encore Booking l’utilisent déjà de même que l’IA générative pour suggérer des voyages, pour répondre aux avis.

Cette accélération technologique dans les CHR peut-elle mettre certaines entreprises en danger à moyen terme ?

Évidemment, le fossé va se creuser entre celles qui se saisissent de la tech et les autres. La révolution que fait l’IA de manière générale est similaire quand on a commencé à utiliser Internet. Si on n’est pas dedans, on perd le fil. Aujourd’hui, ça ne suffit plus d’être un bon chef. Parce qu’aujourd’hui, on gère et on vend de tellement de manières quand on est un restaurant ou un hôtel qu’on ne peut plus rester dans son coin. Je ne parle pas d’établissements qui ont plusieurs points de vente, et qui eux sont forcément dans la tech, mais des plus petits. Sans la tech aujourd’hui, que ce soit en back office ou en front office, on ne peut pas faire progresser son chiffre d’affaires. Il faut penser à la revente des commerces à long terme qui risquent de perdre de la valeur.

Quelles thématiques seront centrales à l’occasion du prochain salon, en avril 2024 ?

Nous aborderons largement la question des IA génératives. Même si elles sont loin d’être généralisées dans la foodtech, elles sont déjà familières pour M. et Mme Tout-le-Monde. On a tous déjà utilisé ChatGPT au moins une fois. Mais il sera question des intelligences artificielles de manière générale car elles sont de plus en plus performantes. Les problèmes de recrutement seront aussi un sujet majeur. Le fait de devoir fidéliser les collaborateurs est désormais une réalité.

Tous les outils qui permettent d’alléger la charge et rendre le quotidien des collaborateurs moins pénible sont des arguments. Dans les entretiens d’embauche, ces questions sont déjà abordées. Même si, pour être honnête, cette démarche ne doit pas se limiter pas à la tech.