La flétrissure du Nutri-Score

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Jean-Michel Déhais, rédacteur en chef de L’Auvergnat de Paris réagit à l’actualité du secteur.

L'édito de Jean-Michel Déhais. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
L'édito de Jean-Michel Déhais. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

Le débat qui est en train de naître autour du Nutri-Score montre à quel point les producteurs et les transformateurs artisanaux peinent à exister dans un univers aseptisé. Ce n‘est pas le premier obstacle qu’ils doivent franchir. Ils se sont d’abord vu imposer pour leurs installations des normes tatillonnes et souvent disproportionnées avec la réalité de l’enjeu sanitaire. Il faudrait ainsi évoquer plus longuement l’actualité des producteurs de canards à foie gras, régulièrement contraints de limiter leur production face à la menace de grippe aviaire. Ces coups de frein à leur activité risquent de les tuer plus sûrement que les embargos sur le foie gras, proclamés çà et là dans le monde. Il y a quelques années, l’Europe a tenté d’imposer un modèle laitier au lait pasteurisé.

Heureusement, les chefs de cuisine sont montés au créneau pour faire fléchir Bruxelles. Ils ont eu raison. Aujourd’hui, certaines AOP ont intégralement adopté la solution du lait cru, véritable gage de qualité fromagère. L’affichage du Nutri-Score sur les produits alimentaires, qui pourrait devenir obligatoire à la fin de l’année, offre une transformation biaisée qui va finalement les discréditer. Dans une logique hygiéniste, de nombreux produits de terroir, auxquels les Français sont de plus en plus attachés, risquent de perdre une partie de leur prestige, pares de la flétrissure du Nutri-Score. Peu importe qu’ils soient exempts de produits chimiques ou de pesticides… L’avenir est au light avec tous les dangers qu’il comporte. Pourtant, la plupart des diététiciens conviennent aujourd’hui que la malbouffe ne vient pas des produits bruts, il est vrai parfois un peu trop riches, mais d’une alimentation industrielle misant sur des calories peu chères à produire.

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