L’Italie en verre, blanc, rouge

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Parmi les trois pays les plus grands producteurs de vin, l’un d’entre eux a le vent en poupe et jouit d’une très belle image sur le territoire hexagonal : l’Italie. Le pays du calcio, du Colisée et de la Vespa est à la mode depuis plusieurs années. Allons découvrir ce que les supporteurs veulent servir dans leur verre.

italie vin
Image d'illustration. Crédit : DR.

Tout d’abord, gastronomiquement, bien sûr, nous pouvons voir fleurir, le temps de cligner des yeux, l’installation de pizzérias, de bars à pâtes, de pros du risotto et autres « osteria » aux spécialités locales. Nourrissante, généreuse, ensoleillée, cette cuisine colle parfaitement avec les envies des consommateurs français. Puis, un bel adage rappelle que « le plat d’une région s’accorde bien avec le vin produit dans le même coin ». Aussi, l’offre de vins italiens a explosé ces dernières années suivant l’évolution positive des ouvertures de restaurants napolitains, romains ou siciliens. Mais l’Italie, ce n’est pas que « de la bouffe » et du vin, ce sont aussi des spiritueux. Limoncello, amaretto, grappa, gins et autres amers… Des noms qui sonnent souvent la fin d’un repas bien rempli. En 2023, l’Italie est repassée 2e pays producteur de vin derrière la France, en raison principalement d’une année difficile du côté transalpin. De fait, la production se situe en dessous des 44 millions d’hectolitres. Un volume important tout de même, qui permettrait de remplir environ 1 760 piscines olympiques ! Or, si la France n’est que le 7eimportateur de vins dans le monde, elle aime les vins italiens puisque la moitié de la valeur de ce qu’elle importe y provient. C’est dire leur attrait dans nos contrées. Nous en faisons moins venir (en volume) que les vins espagnols, mais nous sommes capables d’y payer un prix bien supérieur.

Les caisses qui cartonnent 

Parmi les grands succès que l’on retrouve dans nos rayons et sur les cartes, nous pouvons remarquer en rouge le Chianti de Piccini. Cette bouteille toscane est reconnaissable de très loin avec son étiquette orange et son cercle blanc et noir. Une appellation bien connue, un vin simple, sur le fruit, et à un prix accessible : tous les ingrédients sont réunis pour que le succès soit au rendez-vous. Parmi les vins rouges célèbres, nous pouvons également citer le Barolo (Piémont, « le roi des vins, le vin des rois »), l’Amarone (de Vénétie, vin puissant et généreux, à ne pas confondre avec l’Amaretto et les amaro, voir plus loin), les vins des Pouilles (qui voient leurs ventes augmenter fortement depuis que les Français y vont en vacances)… Ensuite, nous pouvons citer le célèbre Lambrusco, notamment l’Amabile, rouge, peu alcoolisé et légèrement sucré. C’est une version qui est un grand classique de la pizzéria, grâce à ses fins tanins et sa légère effervescence.

Étonnamment, on en retrouve assez peu chez les Italiens, qui préfèrent le Lambrusco plus sec. Cependant, cette appellation voit ses ventes diminuer fortement ces dernières années (jusqu’à -10 % par an). Cela est probablement dû à sa connotation entrée de gamme et à une qualité parfois très peu gracieuse. À l’opposé, comme en France, beaucoup de vins nature sont produits du côté transalpin. Chez ces derniers, on en fait depuis bien plus longtemps que chez nous. La maîtrise est supérieure, leur réputation est même globalement très positive. D’ailleurs, des régions se sont spécialisées dans leur production, notamment la Sicile, car il y fait chaud et sec, donc les vignes sont peu propices aux maladies. On retrouve également le Lazio, mais pour d’autres raisons. Romain Cacace, responsable achats chez Carniato (distributeur de vins et produits alimentaires italiens pour les professionnels), nous confi e que « les vins initialement produits sur place étaient peu intéressants. Donc pour redorer leur blason, ils se sont lancés dans l’aventure des vins nature et à raison. Les amateurs en raffolent. » Le phénomène des vins nature est bien plus qu’une grosse tendance franco-française. À Rome, comme à Paris, un très grand nombre de bars à vins nature ouvrent leurs portes et voient leur affluence croître. Puis, dans un tout autre registre (quoique), vient celui qui bouscule les codes et les statistiques : le Prosecco.

Inévitable prosecco

Ce dernier est devenu une machine exceptionnelle, un incontournable des bars, un must have sur sa carte. De simple effervescent pas trop cher, il a réussi à se faire une place à côté des champagnes et crémants français. Selon Romain Cacace, « en grande distribution, comme en CHR, le n°1 est du Prosecco. Nos deux marques phares Maschio et Bolla sont au top des ventes chez nous sur leur marché respectif [respectivement grande distribution et CHR, NDLR]. C’est une très grosse tendance depuis cinq-six ans. Ça explose! ». D’où provient cette soudaine passion pour les effervescents italiens? La réponse tient en un mot : Spritz ! Romain Cacace nous précise : «Il faut bien avoir en tête qu’en France, 80% du Prosecco vendu termine dans un Spritz. On l’achète comme si on achetait un pot de sauce tomate pour sa recette du soir. À l’inverse, au RoyaumeUni, ils n’oublient pas que c’est aussi un effervescent intéressant gustativement et peu cher.» En effet, l’argument prix est puissant aux yeux des consommateurs. Ils viennent chercher le secteur des crémants entre 6 € et 10 € TTC pour la majorité. Certains peuvent se targuer de frôler la trentaine d’euros, comme en Franciacorta ou Trentodoc. La première s’inspirant largement de la méthode champenoise, jusqu’à utiliser les mêmes cépages (bien que le pinot blanc soit bien plus utilisé que le pinot meunier).

L’amer Méditerranée

La culture italienne a le vent en poupe et les spiritueux en profi tent également. Nous avons évoqué l’explosion du Spritz, il est notamment eff ectif depuis le rachat d’Aperol par Campari en 2003 et les très fortes campagnes promotionnelles faites dans les années 2010. Cela a permis de remettre en lumière dans toute l’Europe le savoir-faire et l’amour des Italiens envers les amers (amaro). Il en existe une grande diversité, chaque région, chaque ville a sa propre version. Autre argument implacable : la rentabilité. Le Spritz est un cocktail qui comprend un coût de fabrication entre 1 € et 1,50 € pour un prix de revente oscillant entre 6 € et 9 €. Parmi les grands alcools italiens, se positionne le Limoncello, cette célèbre liqueur de citron venant de Sorrente, conserve une très belle cote en France. Ensuite, nous avons l’amaretto, aux amandes amères, dont la douceur étonne souvent la première fois. Quelque peu vieillissant, notamment à cause de sa teneur en sucre importante, il sait conserver ses tifosi (supporteurs). Puis, la translucide grappa, qui est tout simplement une eau-devie de marc de raisin. Avec de fi nes aromatiques fruitées, elle a de beaux atouts à mettre en avant, mais elle peine à exister à côté des vodkas. Enfin, les tendances traversant souvent les frontières : le gin pointe le bout de son nez, avec notamment des marques comme Engine, Malfy, Portofino… En outre, pour accroître l’aspect gourmand, n’oublions pas de citer les incontournables vermouths (Martini en est un), Fernet-Branca, Sambuca (anisé), Maraschino (griotte)… De la cave au bar, l’Italie est dotée d’une histoire d’une richesse immense, qui n’a pas fini de nous surprendre. Il est certain qu’il faudra compter sur leurs vignerons et leurs maîtres distillateurs pour continuer de proposer de beaux produits pour sublimer nos belles tables françaises.

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