La marque américaine d’appareils de distribution de vin au verre fête ses 10 ans de présence en France. Sa technologie de conservation du vin, articulée autour du gaz argon, garantit un maintien de la qualité du vin dans la bouteille durant trois ans, une fois le bouchon percé.
C’est à un ingénieur médical américain, Greg Lambrecht, que l’on doit la technologie la plus innovante en matière de distribution de vin au verre. En effet, au début des années 2000, cet amateur de grands vins se désolait en ouvrant de précieux flacons qu’il était seul à boire. Familier du secteur des seringues, il a alors imaginé de perforer le bouchon avec une aiguille au contact du liquide. Celle-ci injecte du gaz argon dans la bouteille, et sous l’effet de la pression l’équivalent d’un verre de vin reprend le chemin inverse avant d’être distribué par un bec. L’argon, gaz lourd, se positionne durablement au-dessus du liquide et empêche toute oxydation du vin restant. L’aiguille du système Timeless a été spécialement conçue avec deux trous sur le côté afin de ne pas endommager le liège. Après avoir ôté l’aiguille du bouchon, le liège par élasticité reprend sa forme initiale et assure l’herméticité. Coravin garantit avec ce procédé le maintien de la qualité du vin dans la bouteille pendant trois ans, une fois le bouchon perforé.
Greg Lambrecht présentait ce mois-ci, à l’occasion du 10e anniversaire de l’implantation en France de sa société, une bouteille de sauternes du château de Fargues à moitié vide. Elle avait été prélevée pour la première fois avec le dispositif Coravin le 13 février 2015. Pourtant, son contenu ne présentait aucune trace d’oxydation et offrait des arômes intacts. Greg Lambrecht a mis dix ans pour améliorer sa technologie en multipliant les tests. Il assure que sa cave personnelle contient 5 000 bouteilles, dont la moitié est utilisée pour ces fameux essais. Après avoir créé Coravin à Boston, en 2011, il a étendu la présence de la marque dans 60 pays. L’entreprise compte aujourd’hui 70 salariés dans le monde.
Coravin, un atout pour la restauration
Si 80 % des ventes sont orientées vers les particuliers, la restauration s’intéresse à ces appareils. Des modèles, avec des volumes de cartouches de gaz plus importants, ont été conçus à son intention. Coravin estime que, avec un appareil professionnel, le coût de service d’un verre de vin de 15 cl n’excède pas 0,22 € contre 0,27 € pour un modèle domestique. Un adaptateur, qui assure une meilleure oxygénation du vin, peut aussi s’adapter sur le bec distributeur de Timeless. Il assure un débit sous forme d’une douchette. Plus récemment, Coravin a créé le système Pivot, afin de répondre aux besoins des restaurateurs qui déplorent la lenteur de la technologie Timeless, à la fois dans son débit, mais aussi dans le décalage entre l’injection du gaz et la sortie du vin. Avec Pivot, le bouchon liège doit être prélevé et remplacé par un bouchon plastique spécial, qui offre un orifice rétractable plus important et dans lequel on peut introduire un tuyau de diamètre plus large. De cette manière, l’injection de l’argon et la sortie du vin sont simultanées et le débit de distribution est plus important. La durée de maintien en l’état du vin dans la bouteille est toutefois réduite à un mois.
La technologie Coravin a aussi été adaptée aux effervescents avec la conception d’un bouchon spécial (Sparkling), assurant une étanchéité parfaite. En l’occurrence, l’argon qui dégrade la bulle a été proscrit au profit du CO2. Dans ce cas, il convient de consommer la bouteille dans une durée d’un mois. Le coût d’un kit Timeless, contenant un appareil de distribution et des cartouches d’argon permettant de distribuer 400 verres, n’est pas rédhibitoire (310 € HT). Mais le coût du gaz n’est pas anodin. Il faut également considérer que la manipulation de l’appareil requiert davantage de temps et d’application que les systèmes classiques.
Les opportunités de Coravin méritent d’être considérées pour les vins haut de gamme, dont la qualité est ainsi préservée dans le temps. La technologie et le cérémonial de service consti- tuent dans ce cas une réelle valeur ajoutée. Coravin permet ainsi de proposer sans risque de grandes étiquettes au verre. À cet égard, Greg Lambrecht assure que son dispositif est en mesure de générer une augmentation en valeur de 30 à 50 % des ventes de vin au verre.