Les crémants de Bourgogne en quête de valorisation et de CHR

Alors que le crémant de Bourgogne célèbrera en 2025 les 50 ans de son appellation, l’effervescence dans cette région de France trouve ses racines dans des temps bien plus anciens. « La bulle bourguignonne a commencé avec certitude au début du XIXe siècle. Mais nous avons retrouvé des traces en Angleterre, datant du début du XVIIIe siècle », abonde en effet Pierre du Couëdic, délégué général de l’Union des producteurs et élaborateurs de crémant de Bourgogne.

L’AOC crémant-de-bourgogne représente aujourd’hui la troisième appellation de cette grande région viticole, avec environ 23 millions de bouteilles commercialisées. En outre, l’écosystème dénombre de 1.500 à 1.600 viticulteurs produisant du raisin destiné à l’appellation, 240 sites de pressurage ainsi que 138 élaborateurs.

Cependant, « en 2022 et en 2023, nous avons été en très léger retrait en termes de commercialisation parce que nous avons manqué de disponibilités. Cela s’explique par une conjoncture très favorable avec une hausse de la demande, doublée d’aléas climatiques. Nous avons en effet connu des difficultés sur la récolte de 2021, mais celles de 2022 et 2023 ont été belles. Nous remettons donc notre niveau de stock à notre vitesse de croisière, pour être de nouveau en capacité de répondre à la demande ».

CHR : seulement 5% des ventes

S’agissant de la demande justement, sur le marché français, la GMS représente un tiers des ventes. Bien qu’« en retrait en volume ces derniers temps », ce circuit reste « dynamique en termes de valorisation », analyse le délégué général. De plus, alors que la vente directe atteint 10% des ventes, les CHR grimpent à peine à 5%, tandis que les grossistes occupent la part restante. Les producteurs et élaborateurs de crémant de Bourgogne souhaitent donc se développer sur le secteur des CHR et sur celui des cavistes.

« Nous trouvons qu’il existe un déficit des magasins spécialisés et de la restauration qui restent assez monoproduit en termes de vin effervescent. Or, normalement, ce sont des lieux de découverte. Nous aimerions donc qu’ils redécouvrent l’histoire des bulles de Bourgogne, qui se révèle très ancienne », explique en effet Pierre du Couëdic.

Par ailleurs, l’export, qui représente 48% des ventes, est qualifiée de « grosse locomotive » par Pierre du Couëdic. Le premier marché, aussi bien en valeur qu’en volume, demeure en outre les États-Unis. Les pays scandinaves font quant à eux office de marchés constamment en croissance, tandis que l’appellation connaît depuis quatre à cinq ans un renouveau en Grande-Bretagne. L’Italie correspond pour sa part au petit nouveau, le pays faisant son entrée dans le top 10 des marchés à l’export de l’AOC.

Augmentation des prix

Enfin, les producteurs et élaborateurs de crémant de Bourgogne ont l’obligation de s’adapter. En effet, Pierre du Couëdic annonce pour les prochaines années une augmentation limitée de la production, pouvant atteindre les 26 millions de cols, et non pas une explosion de l’offre. « Nous sommes limités dans notre offre. Il faut donc travailler sur la valeur : le terroir, le savoir-faire ou encore le cépage », souligne-t-il.

D’ailleurs, signe de cette valorisation accrue, les prix ont augmenté. « Le prix moyen départ cave est de 11,65€ TTC tandis que le prix médian correspond à 11€ TTC. Chez le caviste français, le prix moyen correspond à 13€, et à 7,50€ en GMS. Sur ce dernier circuit, or champagne, nous sommes l’effervescent le plus cher », indique le délégué général.

Diversification de l’offre

La valorisation des cuvées est également passée par la création, en 2016, des marques collectives Éminent et Grand Éminent. Elles correspondent à « une hiérarchisation, un règlement d’usage plus restrictif sur le cahier des charges de l’appellation », notamment s’agissant de la durée de vieillissement des cuvées. L’interprofession souhaite ainsi continuer le développement de ces marques.

En effet, « cela a permis une explosion de la diversification et de la segmentation de l’offre, bien que le nombre d’opérateurs inscrits dans cette dynamique soit insuffisant », estime Pierre du Couëdic. Ainsi donc, malgré la stratégie de valorisation, l’offre continuera à correspondre à tout type de bourse, comme le délégué général l’indique : « L’élasticité des prix de l’offre est en train de s’agrandir. »