L’Unicid accompagne l’évolution de la consommation du cidre
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L’Unicid constate des évolutions dans la consommation du cidre, avec un public rajeuni et des cuvées plus complexes.

Toujours voir le verre à moitié plein. C’est en somme l’adage de l’Union nationale interprofessionnelle cidricole (Unicid). « Le contexte est compliqué pour l’alcool mais il y a des points positifs à relever en termes de consommation. Par le biais d’une étude publiée en 2024, nous avons constaté un début de mutation avec des consommateurs qui sont davantage intéressés par les boissons moins alcoolisées. Or, le cidre se situe en bonne position sur ce point », indique ainsi Jean-Louis Benassi, directeur de l’Unicid, qui précise que les cidres se positionnent essentiellement entre 2 et 5% vol.
« Le vin travaille même sur la désalcoolisation », ajoute-t-il, pour illustrer le mouvement de fond en cours. De plus, « le consommateur se révèle encore plus préoccupé par les questions de santé et d’environnement, même s’il ne s’agit pas du premier critère, qui reste le goût du produit et le prix », poursuit alors le directeur général. Une évolution qui permet d’attirer une nouvelle cible. « Les thématiques de santé et d’environnement constituent une préoccupation montante dans les générations les plus jeunes telles que les 25-35 ans », explique-t-il en effet.
Les atouts du cidre mis en avant par l’Unicid
Dans ce contexte, le cidre possède des atouts à faire valoir, notamment sur l’aspect environnemental, comme le réaffirme Jean-Louis Benassi : « Les vergers sont de moins en moins traités et les pommes à cidre sont seulement transformées, elles peuvent être déformées ou considérées comme moches, peu importe. » Des propos complétés par Thomas Pelletier, président de l’Unicid : « Nous avons des variétés très rustiques qui sont très peu malades parce qu’elles ont appris avec le temps à résister aux maladies. »
De plus, dans la même veine, « le verger de pommes à cidre véhicule une image très naturelle, avec des pommiers plantés pour 40 ans et un enherbement de 90% des surfaces », développe le président. Ce dernier, qui est également producteur de cidre avec sa ferme des Vergers de Fumichon à Vaux-sur-Aure (Calvados), révèle avoir « observé plus de 50 espèces d’oiseaux dans [s]es vergers ».
La hausse des ventes en CHR
Par ailleurs, l’évolution de la consommation se retrouve dans les chiffres. Sur les 80 millions de litres de cidre produits en France, 65 millions sont consommés dans l’Hexagone et 15 millions sont exportés. Sur le marché national, les ventes ont reculé l’année dernière, de l’ordre de -4,1% par rapport à 2023. Une baisse continue sur plusieurs années, qui s’élève à -6,8% par rapport à 2021. Dans le détail, la grande distribution pâtit le plus de la conjoncture. En effet, alors qu’elle représentait 61,5% des volumes français en 2021, elle a écoulé 60,1% des volumes en 2024.
À l’inverse, le circuit CHR en profite. Il est ainsi passé de 27% des volumes vendus en France en 2021 à 27,9% en 2024. Dans le même temps, les prix ont connu en France un bond de 16,2% entre 2021 et 2024. Le chiffre d’affaires de la filière est ainsi passé de 190 millions d’euros en 2021 à 206 millions d’euros l’année dernière, soit une hausse de 8,3%. Tandis que le chiffre d’affaires total de la filière (France et export) correspond à 244 millions d’euros pour 2024 (+12,3% par rapport à 2021), avec des ventes à l’export qui ont augmenté de 20,5% entre 2021 et 2024.
La diversification des cuvées de cidre
« Le cidre d’entrée de gamme, de table, surtout consommé par les personnes âgées, en Normandie et en Bretagne, est en baisse », analyse Jean-Louis Benassi. Tandis que Thomas Pelletier observe l’émergence de « produits un peu plus travaillés, présentant de la complexité ». Se déroule en effet une diversification de l’offre, à la manière du vin, avec certaines cuvées au vieillissement allongé, d’autres millésimées. « Association avec du houblon, vieillissement dans des fûts de chêne, différents formats, la bouteille de 75 cl bien sûr mais aussi du 25 ou du 33 cl, ainsi que de la pression et quelques tentatives de canettes », énumère le président de l’interprofession.
Enfin, s’agissant de la place du cidre dans les CHR, là encore une évolution est à noter, en relation avec une montée en gamme et une diversification des cuvées. « L’ADN du cidre est la crêperie. Mais nous trouvons de plus en plus de restaurants qui proposent une carte des cidres. Nous travaillons avec les écoles hôtelières pour leur montrer que le cidre s’intègre parfaitement dans l’air du temps et qu’il y en a aujourd’hui différentes sortes », conclut Thomas Pelletier, le président de l’Unicid, qui représente la filière dénombrant deux coopératives, une quarantaine d’artisans et environ 500 producteurs transformateurs pour un total de 9.000 ha de vergers spécialisés.