Décision business
Consommer moins pour consommer mieux. C’est la tendance constatée dans l’univers du cidre en France, à l’image de ce qui peut exister dans les autres types de boisson. En effet, « en 2023, nous retrouvons à l’échelle mondiale le niveau de consommation de 2019, mais pas en France. En effet, la consommation française correspondait à 775.000 hectolitres en 2019. Elle a correspondu à 675.000 hectolitres en 2023 », explique Jean-Louis Benassi, directeur de l’Union nationale interprofessionnelle cidricole (Unicid).
Quand Thomas Pelletier, président de l’Unicid, tente d’expliquer le phénomène par « la concurrence très forte des bières artisanales », Jean-Louis Benassi évoque une autre cause : « Les personnes âgées, qui boivent régulièrement les cidres les plus modestes [les moins chers, NDLR], disparaissent petit à petit. Cette partie du cidre de table baisse. »
Augmentation du prix moyen
Ainsi, alors que les volumes décroissent, la valeur augmente. Pour preuve, selon des données Nielsen pour la GMS, les ventes en volume tous circuits confondus se sont élevées à 390.593 hectolitres en 2023, contre 398.363 hectolitres en 2022, soit une baisse de 1,95%. Dans le même temps, en valeur, les ventes ont atteint 125,2 millions d’euros, en hausse de 7,3% par rapport à 2022.
De plus, le prix moyen de la bouteille a correspondu à 3,20 €, marquant une augmentation de 9,4%. « Sur les cidres premium, nous voyons une population citadine assez jeune parce que le vin présente trop d’alcool et se révèle cher », constate Thibault Pitrou, gérant associé du Domaine des 5 autels, à Valambray, dans le Calvados.
S’éloigner des crêpes
« Le cidre possède une vraie image de marque. Il y a un côté environnemental, avec des pommiers qui ont une durée de vie de 35 à 40 ans et qui favorisent la biodiversité. Il est faiblement alcoolisé », complète Thomas Pelletier. De nombreux atouts donc sur lesquels l’interprofession compte s’appuyer pour rendre la consommation moins saisonnière et « sortir de la galette et de la crêpe », comme l’affirme Jean-Louis Benassi.
L’interprofession souhaite d’ailleurs développer une nouvelle période : le printemps. « Là où les vergers sont en fleurs et que l’offre se révèle être la plus diverse avec les sorties de cuvées », ajoute-t-il. L’Unicid compte sur le secteur traditionnel pour modifier cette image. Les CHR représentent en outre 25% des ventes et ce circuit se révèle « dynamique, avec une progression de l’ordre de 5% par an », précise le directeur, avant d’ajouter : « À Paris, il y a de plus en plus de cidre dans les cafés et bars. »
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