
Décision business
L’Union nationale interprofessionnelle cidricole (Unicid) s’est félicitée des bonnes performances du marché du cidre en 2022 et du renouvellement de l’image de marque. Le marché français a en effet connu une croissance de 2021 à 2022, passant respectivement de 678.000 hl à 700.000 hl.
L’interprofession note une baisse des volumes en GMS, de l’ordre de 0,5%, tandis que la baisse en valeur n’est que de 0,1%, compte tenu de l’augmentation du prix moyen. Ce dernier est ainsi passé de 2,76€/l en 2021 à 2,91€/l en 2022. L’entrée de gamme en GMS connaît toutefois une perte de vitesse liée à la disparition progressive de sa clientèle, composée essentiellement de personnes âgées aux moyens limités.
Les bons chiffres sont particulièrement portés par un autre secteur : les CHR. « Le cidre progresse de façon significative en CHR, signe que ça marche, avec de nouveaux consommateurs, plus jeunes et des nouvelles façons de consommer », constate ainsi Jean-Louis Benassi, directeur de l’Unicid, qui avance une montée en gamme et un changement de paradigme grâce auquel le qualitatif prévaut désormais sur le quantitatif.
L’export participe également de cette tendance à la hausse, passant de 103.000 hl en 2019 à 160.000 hl en 2022. Les États-Unis et l’Europe, avec en premier lieu l’Allemagne et le Benelux, constituent les principaux marchés. Le Royaume-Uni, la Scandinavie et le Japon correspondent par ailleurs à des « marchés significatifs ».
Professionnalisation des producteurs
La filière cidricole française comptabilise environ 500 producteurs, composée principalement de fermiers, c’est-à-dire des cultivateurs qui transforment leurs propres pommes, deux coopératives, et une quarantaine d’artisans, c’est-à-dire ceux qui achètent des pommes pour produire du cidre. Les vergers de pomme à cidre se situent surtout en Normandie avec plus de la moitié de la production, en Bretagne, dans le nord des Pays de la Loire (Mayenne et Sarthe), mais également dans les Hauts-de-France, à la limite avec la Normandie.
Par ailleurs, le secteur a vu les jeunes s’installer et renouveler l’image de marque du cidre. « Le tournant correspond à 2019-2020 », note Jean-Louis Benassi, tandis que Thomas Pelletier, président de l’Unicid, explique cet engouement par le fort attrait de la microbrasserie et le monde de la bière artisanale en France depuis quelques années. « Les jeunes voient qu’il y a du monde dans la bière et se dirigent donc vers le cidre », ajoute-t-il.
Jean-Louis Benassi note par ailleurs une « vraie professionnalisation des producteurs », grâce à la formation et la recherche. « Nous arrivons mieux à piloter pour arriver à produire le cidre que nous souhaitons. Nous savons maîtriser l’amertume et l’astringence et nous commençons seulement à étudier l’apport des variétés de pomme », poursuit-il.
Vers une réglementation européenne
Alors que la définition française du cidre prévoit que la boisson contienne de la pomme à 100%, avec des mentions complémentaires comme pur jus, artisanal, fermier ou rosé, tel n’est pas le cas en Europe. Des discussions vont ainsi avoir lieu cette année au niveau de la Commission européenne pour adopter une réglementation commune. Elles devraient débuter avant l’été, selon les Cidres de France, et se poursuivre jusqu’à fin 2023. Des règles obligatoires s’imposeront à chaque État membre et des mentions facultatives réservées seront prévues, à charge pour chaque producteur de respecter le cahier des charges inhérent s’il souhaite apposer la mention en question.
La position française est tranchée. « Nous voulons que ça soit 100% pomme, sinon rien », répond catégoriquement le directeur de l’interprofession, qui pense que la Pologne peut constituer un allié de poids. En effet, le premier producteur européen de pommes a misé sur le cidre constitué exclusivement de ce fruit afin d’assurer un débouché à son importante production. « Il existe un enjeu politique vis-à-vis des producteurs de pommes », assure-t-il. Affaire à suivre.
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