Au Rêve, l’âme de Montmartre

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Depuis octobre 2023, Au Rêve, ce café de Montmartre (Paris, 18e) a repris le cours de son histoire, longtemps écrite par sa propriétaire d’alors, Elyette Ségard. Lieu de rendez-vous des ouvriers et des artistes, il a été rénové par le studio de création Saint-Lazare, qui a tenu à conserver son esprit montmartrois.

Au Rêve Montmartre
Le bar, imposant, trône à l'entrée du café. Crédit Thomas Tissandier.

Au Rêve revit, le mythique café des pentes de la butte Montmartre (Paris 18e), créé dans les années 1920, a repris le fil de sa longue et riche histoire depuis quelques semaines. En effet, le studio de création Saint-Lazare, fondé par Clémentine Larroumet et Antoine Ricardou, a racheté l’endroit qu’exploite désormais Mathieu Renucci. Ce dernier connaît d’ailleurs bien le lieu, puisqu’il l’a eu en gérance de 2015 à 2019. « Il s’agit d’un endroit auquel tous les gens du quartier sont attachés », souligne-t-il. Et pour cause, il a été tenu pendant un demi-siècle par Elyette Ségard. Elle l’avait repris en 1964, à seulement 19 ans, après le décès de ses parents. Jusqu’en 2008, cette fille de Lozérien a fait vivre le bistrot. Lieu dans lequel se croisaient personnes anonymes et célébrités du monde des arts ou du spectacle. Tels que le chanteur et acteur Jacques Brel ou l’écrivain Marcel Aymé.

Quand Au Rêve et Montmartre ne font qu’un

« Au Rêve n’appartient à personne, il appartient à Montmartre. Les gens viennent ici en pèlerinage », n’hésite pas à lancer l’exploitant. Face à ce passé fourni, les repreneurs ont souhaité une rénovation à l’identique, dans une logique de préservation. « Nous avons gardé tout ce qui était des années 1920-1930. Le sol est le même, tout comme le bar ; nous avons fait réapparaître la faïence », explique Mathieu Renucci. La décoration a été pensée par le studio Saint-Lazare dans le même esprit, « très intelligemment, avec beaucoup de goût ».

De cette atmosphère d’époque et de l’exiguïté du café (une surface de 47m2 seulement, avec un bar imposant) en ressort le sentiment d’être hors du temps. D’ailleurs, lorsque l’on rentre, on se surprend à saluer à la volée l’ensemble de l’établissement, comme dans un café de village. Le gérant l’assure : l’atmosphère n’a pas changé. « Nous restons encore l’endroit où le plombier du quartier peut venir manger son sandwich au bar, en même temps que le représentant de la French Touch [courant musical électro] », s’amuse-t-il. Le fameux bar incite même à cette proximité. « Nous avons conservé ce grand comptoir parce qu’il est tellement chaleureux, vous n’êtes jamais seul, sa conception engage à la convivialité. »

Du bar au bistrot

Le café est doté de 24 places assises et de trois au comptoir, ainsi que d’une terrasse de 12 couverts. Il accueille naturellement beaucoup d’habitués, mais également quelques touristes. Une légère évolution est néanmoins à noter. « Nous sommes davantage tournés vers la restauration de bistrot, alors qu’avant nous l’étions vers le bar », précise Mathieu Renucci. Au Rêve à Montmartre dispose en effet d’une carte composée de trois ou quatre entrées (de 6 à 12€), quatre plats (de 18 à 21€) et quatre desserts (de 6 à 8€), complétés de suggestions. En somme, une « petite cuisine » de saison, faite maison. Une formule déjeuner, évoluant quotidiennement, est aussi proposée, à 17€ les deux plats et 21€ les trois. Une accessibilité souhaitée, pour « coller à l’image de ce bistrot ». En outre, au comptoir, hormis les « grands alcools », tout est minoré de 1€.

Au Rêve dévoile par ailleurs en soirée – du mercredi au samedi – une autre ambiance de Montmartre. À partir de 22h30, un bartender attire une clientèle extérieure. L’équipe de huit personnes, réparties entre la cuisine et la salle, n’est pas de trop pour faire face à l’activité. L’établissement est ouvert en continu du lundi au vendredi de 8h à 2h du matin ; de 9h à 2h le samedi et de 9h à 17h le dimanche. Et comme s’enthousiasme à le dire Mathieu Renucci, à propos du café, « c’est reparti pour un siècle ».

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