Un bilan de compétition mitigé pour les CHR

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De nombreux restaurateurs comptaient sur la Coupe du monde de rugby pour continuer à profiter du beau temps des mois de septembre et d’octobre. Avec une équipe de France favorite, les supporters devaient être au rendez-vous de cette compétition. Mais une sortie précipitée du XV de France en quart de finale a déjoué les espoirs des CHR.

Coupe du monde de rugby 2023 CHR
Un bilan de compétition mitigé pour les CHR. Crédit : DR.

Pays hôte de l’événement, une équipe nationale avec le vent en poupe sur les quatre dernières années et des conditions météorologiques favorables, la Coupe du monde de rugby2023 réunissait tous les ingrédients pour offrir deux mois fructueux au secteur du CHR. Une étude réalisée par SumUp, société de prestation de paiement avec lecteur de carte bancaire, vient confirmer cette opportunité.

Dès le début de la compétition, du 8 au 10septembre 2023, le chiffre d’affaires des commerçants a augmenté en moyenne de 29,8%. Plus précisément, les cafés et les restaurants, de leur côté, ne sont pas en reste avec une progression de 34,4% de leur activité et de 21% sur leurs volumes. Les bars et les clubs profitent également de cette recrudescence en enregistrant une hausse de 16,8% de leur chiffre d’affaires. «Lors des jours de match, nous avions beaucoup de Français qui venaient. Ils étaient tous habillés aux couleurs de l’équipe. C’était amusant à voir. En temps normal, nous ne voyions pas cela», décrit Juliane Simoes, serveuse au Petit Gaston, place de la Contrescarpe, à Paris, dans le 5earrondissement.

Pourtant, une mésaventure va entacher la fête. Après une phase de poule réussie – une victoire contre les All Blacks (27-13) et aucune défaite –, l’équipe de France arrive favorite de son quart de finale face à l’Afrique du Sud. Malheureusement, le 15 octobre se termine par une victoire des Springboks. À contre-courant de ce résultat sportif, les CHR ont continué de profiter de l’effervescence de la compétition. «La défaite de l’Irlande a eu plus d’impact que celle de l’équipe de France, lance Richard Alexandre, PDG et fondateur des pubs Indiana Café. Là où les Français sont plus dans le snacking à partager, tout en consommant une à deux bières pendant le match, les Irlandais eux picolent vraiment. Les burgers ne les intéressent pas trop. Je me souviens très bien de la victoire de l’Irlande contre l’Afrique du Sud [dans la pouleB, NDLR]. Ils sont venus dans l’Indiana, place de Clichy [Paris9e ] et ils ont rempli le restaurant de 23 h à 2 h du matin! Toujours dans la bonne ambiance.» En effet, s’il y a bien des supporters de rugby qu’il ne faut pas oublier, ce sont bien les Irlandais.

Dans les restaurants, les bars, les métros et les rues, il était impossible de ne pas en croiser le soir des matchs de leur équipe nationale. Mais à la suite de l’élimination de ces deux nations majeures de l’ovalie, la Coupe du monde de rugby a-t-elle apporté deux derniers weekends suffisamment lucratifs au secteur de la restauration et de l’hôtellerie ? C’est en tout cas ce que démontre l’étude SumUp, concernant le week-end des demi-finales, du 20 au 22 octobre 2023.

Les principaux acteurs du CHR implantés dans la capitale ont réussi à sortir leurs épingles du jeu lors de cette Coupe du monde de rugby 2023. D’un côté, les bars ont engrangé une hausse de 141,4% de leur chiffre d’affaires ; de l’autre côté, l’hôtellerie a atteint 181,9% d’augmentation. Un point de vue que partage Billy Chénier, gérant de La Petite, place de la Contrescarpe (Paris 5e). «Il a fait très beau durant les mois de septembre et d’octobre. Grâce à cela, nous avions une clientèle de touristes. La défaite n’a pas eu de réel impact, que ce soit sur le ticket moyen ou sur la fréquentation. De plus, avec le retour des étudiants, nous étions quasiment pleins tous les soirs.» En outre, le week-end de la petite et de la grande finale, les 27 et 28 octobre, a continué sur cette dynamique. C’est encore l’hébergement parisien qui a tiré parti des fruits de ces rencontres. Le volume d’affaires de ce secteur a abouti à une croissance de 242,8%. En d’autres termes, le panier moyen s’élevait à 587,10€, un chiffre multiplié par trois, par rapport à cette même période sur l’année 2022. Toutefois, cette tendance positive est à nuancer.

Fréquentation éphémère et inflation 

L’Observatoire économique du tourisme, dévoilé par l’Alliance France Tourisme (Accor, B&B ou Louvres Hotels) en collaboration avec le cabinet MKG (cabinet de conseil), tempère l’enthousiasme de l’étude SumUp vis-à-vis de leur bilan sur la Coupe du monde de rugby 2023 dans les CHR. À première vue, cet Observatoire rejoint SumUP, en indiquant que les villes hôtes ont enregistré une hausse de fréquentation de 12 points. Mais lorsque l’Alliance France Tourisme étend son bilan sur toute la durée de la compétition, du 8 septembre au 28 octobre, la fréquentation se révèle en diminution. Au niveau national, il est question d’une baisse de 1,1 point sur la même période que l’an dernier. Ainsi, Marseille (Bouches-du-Rhône) note un taux d’occupation moyen en baisse de 4,4 points, tandis que l’Île-de-France relève de son côté un affaiblissement de 3,9 points. «Entre les matchs, la fréquentation n’est pas restée soutenue, signe que la plupart des supporters sont venus uniquement pour voir le match de leur équipe», résume l’Alliance France Tourisme (AFT) dans un communiqué.

Ticket moyen, revenu par chambre, volume d’affaires, ils sont tous sensibles à l’inflation. Cet élément vient connoter la réussite du bilan financier de l’hôtellerie pendant la compétition. Si les établissements stéphanois ont pu remarquer une augmentation de leur revenu par chambre de 530%, c’est en partie par le biais d’une hausse de 219% de leurs tarifs. Étonnamment, là où Lille (+ 168%) et Marseille (+185%) ont profité également de cette hausse générale, Paris et Saint-Denis n’ont majoré leurs tarifs que «seulement» de 24%. Il apparaît donc délicat de parler d’une véritable croissance pour les restaurateurs ou encore de constater un bilan positif pour l’hôtellerie lors de la Coupe du monde de rugby2023. «Ces résultats confirment le dynamisme des recettes touristiques, mais celles-ci sont portées par l’évolution des prix, met en garde Dominique Marcel, le président de l’AFT, dans un article des Échos. La fréquentation demeure stable par rapport à l’an dernier et toujours en deçà de celle de 2019.»

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