Faut-il s’attendre à un reconfinement, et quel impact sur la restauration en Île-de-France ?
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Depuis plusieurs jours, les déclarations contradictoires s’enchaînent, au sein même du gouvernement. Si un confinement en Île-de-France le week-end semblerait logique à en croire les sorties du Premier ministre, il n’est pas encore certain. Quel serait l’impact sur la restauration ?
Mardi 16 mars, Jean Castex l’affirmait haut et fort : le confinement de l’Île-de-France était « sur la table ». « Le moment est venu pour envisager des dispositions », a-t-il poursuivi dans une allocution télévisée. La faute à un emballement de l’épidémie dans la région qui représente désormais près d’un tiers des nouveaux cas quotidiens.
Pourtant, à l’issue du conseil des ministres qui devait statuer sur le sort réservé à Paris et sa couronne, le président Emmanuel Macron a relancé les spéculations, assurant vouloir trouver un « système hybride », avec « plus de télétravail la semaine, moins de brassage en intérieur, mais de l’oxygénation le week-end ».
Quelles conséquences d’un reconfinement sur la restauration ?
L’hypothèse du confinement est donc fragilisée, mais elle reste malgré tout présente. Pas de quoi s’alarmer, cependant, assure Pierre Nouchi, président de l’Umih 62 (Pas-de-Calais). « Vous savez, dans le Nord, on est des gens assez obéissants, s’amuse-t-il. Tous nos adhérents ont accepté le reconfinement le week-end, et se sont adaptés ». Pierre Nouchi n’a pas noté de grande différence de consommation le week-end depuis l’instauration du confinement partiel, pour deux raisons.
« Tout d’abord, les gens utilisent leur sortie quotidienne pour venir prendre chez nous en VAE, rapporte-t-il. Ils considèrent cela comme essentiel et la journée du dimanche notamment n’a pas souffert du reconfinement ». Ensuite, le confinement n’impacte que peu la restauration car, finalement c’est bien le couvre-feu à 18 heures qui met des bâtons dans les roues de la profession. « Le samedi et le dimanche, le confinement n’empêche pas le couvre-feu. Ce qui signifie que nous continuons à fermer les soirs de week-end à 18 heures. C’est ça qui nous plombe le plus ».
Le résignement des restaurateurs parisiens
« Cela fait un an que nous sommes dans le flou total. Nous avons l’impression que c’est un gouvernement à deux têtes et qu’ils se chamaillent tous les quatre matins par rapport aux décisions qu’ils souhaitent prendre. Il y a d’un côté la branche médicale et de l’autre la branche économique. Ils se renvoient constamment la balle », souffle le jeune chef de Dupin, Nathan Helo. Depuis mars 2020, son quotidien et celui de son équipe est donc ponctué par les décisions gouvernementales. Ces mesures répétées ont fini par les résigner, eux qui ont changé sept à huit fois de concept depuis le début de l’épidémie et qui souhaitent seulement avoir un échéancier clair. « Nous subissons la vie et le virus depuis un an. J’espère, que si confinement il y a, nous ne le ferons pas pour rien. Je souhaite que cette mesure soit bénéfique car nous avons l’impression que nous avançons de deux pas pour reculer de trois pas à chaque fois », note Nathan Helo.
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L’éventuel confinement ne va pas drastiquement bouleverser les habitudes des restaurateurs parisiens. Le chef de Dupin va seulement renforcer sa communication sur son offre de livraison et peut-être « ressortir les vélos pour livrer quelques clients autour du restaurant ». Le gérant de l’Arsenal, Jean-Paul Azémar, a quant à lui complètement fermé son établissement et il ne sent pas très concerné. « Cela ne va strictement rien changer à mon activité. Mais je reste tout de même favorable à un confinement total et strict de l’Île-de-France pour juguler au mieux l’épidémie. Ce type de mesure a montré son efficacité en mars 2020 », juge Jean-Paul Azémar.
Jean Castex et Olivier Véran s’expriment ce jeudi 18 mars à 19 heures. Les restaurateurs en seront peut-être alors plus sur ce qui les attend, selon si l’exécutif décide de se montrer clair dans ses prises de décision.