Marie Maronne et Benoît Meraville : le duo passionné
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Amis de villages du Cantal, Marie Maronne et Benoît Meraville ont quitté leurs activités pour se lancer dans la restauration à Paris. En s’appuyant sur la famille et un réseau d’Auvergnats, ils sont devenus propriétaires de deux établissements. Ainsi, le travail paye, comme en témoigne leur fulgurante ascension.
Respectivement originaires de Reilhac et Marmanhac, deux villages voisins dans le Cantal, Benoît Meraville et Marie Maronne sont amis d’enfance et associés. Arrivé dans la capitale le premier en janvier 2009, l’ancien animateur de 39 ans souhaite intégrer l’univers auvergnat de la restauration à Paris, où son frère et d’autres amis ont sauté le pas avant lui. Il encourage Marie Maronne à le rejoindre. Alors âgée de 25 ans, la jeune femme connaît déjà bien le secteur, grâce à des extras effectués auprès de traiteurs notamment. Pourtant, Marie a poursuivi des études agricoles qui la prédestinent à reprendre l’exploitation laitière de ses parents… Mais en juin 2011, elle monte à Paris et prévoit d’y rester un an. Dix années ont passé, elle n’a pas quitté la capitale. « Les opportunités m’ont fait rester. J’étais serveuse et au bout d’un an, je suis devenue gérante, ce qui encourage forcément », justifie l’Auvergnate.
Le coup de pouce des distributeurs
De son côté, en 2011, Benoît Meraville travaille à L’Armagnac Café (Paris 11e ), dont les propriétaires sont aussi à la tête de L’Absolu Café (Paris 17e ), où Marie Maronne débute. Les deux amis en reprennent la gérance en novembre 2012. En outre, Marie Maronne et Benoît Meraville profitent du réseau auvergnat et de l’accompagnement de la maison Richard et des établissements Tafanel dès leur arrivée. Ils ont ainsi bénéficié d’un soutien qui couplé à leur rigueur de travail leur ont permis de gravir les échelons, jusqu’à l’achat de leur premier établissement. « Au bout de cinq ans, on voulait acheter une affaire. C’est un marchand de vins que l’on connaissait qui nous a conseillé de venir visiter ce qui était alors “ Le Bistrot d’en face ”, dans le 15e arrondissement », poursuit Marie Maronne.
En 2017, ils acquièrent l’établissement, qu’ils rebaptisent L’Abreuvoir en référence à leur histoire. La brasserie est ouverte 7 j/7 . La carte propose des plats traditionnels et évolue au rythme des saisons. Fiers de leurs origines cantaliennes, les deux associés achètent ainsi des produits locaux et en circuit court. La cuisine est en service continu.
« On voulait quelque chose de dynamique, à notre image. Les clients prennent l’habitude de venir nous trouver à n’importe quel moment de l’année. On ne fait ni plus ni moins que ce que l’on sait faire, et ça plait », atteste la propriétaire. Les deux Auvergnats sont aujourd’hui sereins quant à leur avenir. Ils se vouent une confiance aveugle et continuent de se retrouver autour de la valeur accordée au travail. Le fruit de plusieurs années de dur labeur a maintenu leur complémentarité. Pour autant, ces deux associés ne sont pas ensemble dans la vie privée !
Un investissement payant
« Il y a une forte base de confiance entre nous deux. Aujourd’hui, on se connaît par cœur, mais les cinq, six premières années, on s’est découverts dans l’association ; ça n’a pas toujours été simple », confie l’actuelle maman. À l’achat de leur premier établissement, ils figuraient sur tous les plannings du restaurant et palliaient toutes les absences. Un investissement qui se ressent positivement dans les assiettes servies ainsi que dans la motivation des salariés de L’Abreuvoir.
« Nous ne sommes pas inquiets parce qu'on respecte les gens et notre passion est toujours au rendez-vous », témoigne Benoît Meraville
L’Abreuvoir attire aussi bien une clientèle de quartier que des étudiants et des touristes. Marie Maronne et Benoît Meraville exploitent également Boria (Paris 13e ) qu’ils ont rachetée en 2019. Le nom de l’enseigne signifie « la ferme » ou « le domaine agricole » en patois. Là encore, les deux Auvergnats ont créé un espace de partage convivial et chaleureux autour d’une cuisine traditionnelle un peu plus élaborée.
Ce sont les deux anciens directeurs de L’Abreuvoir, deux jeunes issus de leur vallée, qui en ont pris la gérance à son ouverture en 2020. « Nous voulons racheter des brasseries, non pas pour briller mais pour créer des opportunités en interne à nos salariés et leur permettre de franchir des étapes, comme nous avons eu la chance de le faire avec Marie », ajoute-t-il.
Si à l’époque, et à leur début, employer une personne du Cantal pouvait s’avérer rassurant, les deux amis ne se limitent plus dans le recrutement. Ils souhaitent récompenser et encourager tous leurs employés d’où qu’ils viennent. « On connaît ce métier, mais on sait aussi qu’avec de la volonté et de la conscience professionnelle, ça peut aller très vite. Je constate malheureusement que chez certains jeunes qui rejoignent nos rangs pour des extras, le travail n’est plus une priorité, à la grande différence de ce que nous avons pu vivre », déplore Marie Maronne. Ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin ; un projet se profile en Auvergne, sur leurs terres d’origine.