Témoignage : « Nous sommes en train de subir tour à tour les sept plaies d’Égypte »

  • Temps de lecture : 2 min

À l’occasion de la réouverture des restaurants en France, et des seules terrasses en Île-de-France, nous avons demandé à quelques exploitants à Paris et dans le Massif central de nous livrer leurs premières impressions. L’Auvergnat de Paris a rencontré Serge Kaci, propriétaire de L’Oriental (Paris, 9e).

Serge Kaci
Serge Kaci

L’ANGOISSE D’UNE VIE DE TRAVAIL ANÉANTIE

« J’ai vécu cette période de fermeture de manière cyclotymique. Les périodes de pessimisme alternaient avec les moments plus optimistes. C’est parfois angoissant de manquer à ce point de visibilité sur l’avenir. J’ai mis un mois à négocier un PGE, à constituer un dossier avec la Direccte, car les services étaient débordés. À certains moments, je pensais perdre en quelques mois le fruit du travail de toute une vie. J’ai commencé dans le métier comme barman, il y a quarante ans et je suis patron depuis trente-deux ans. En 2019, nous avions transformé ce restaurant semi-gastronomique marocain en brasserie orientale où la simple limonade cohabitait avec les tapas et une restauration plus traditionnelle. J’avais investi 300 K€ dans cette mutation qui s’est révélée très positive. Mais depuis lors, j’ai coutume de dire que nous sommes en train de subir tour à tour les sept plaies d’Égypte : Gilets jaunes, grèves, Covid-19. Quelle sera notre prochaine épreuve ? »


UN DÉMARRAGE RASSURANT

« Je reproche surtout au Gouvernement de nous laisser peu de visibilité et de nous envoyer des signaux contradictoires, lors de la fermeture, comme lors de ce feu vert aux terrasses. Le redémarrage m’a cependant un peu rassuré. J’ai rouvert dès le 2 juin avec seulement une partie de mon équipe. Je possédais déjà une belle terrasse et je me suis étendu sur l’avenue de Trudaine avec l’accord de la Ville. Je dispose ainsi de 60 places réglementaires. J’ai positionné une tireuse à bière à l’extérieur pour profiter des ventes à emporter. Avec le beau temps, les deux premiers jours ont été dynamiques, mais le mercredi soir, l’orage a sifflé la fin de partie. Avec la pluie, je dois désormais composer avec 30 places couvertes, et encore. De toute manière, dans ce cas de figure, les gens sortent moins. »


DES PERSPECTIVES PLUTÔT BONNES

« Je suis plutôt optimiste depuis cette réouverture même très partielle. D’abord, l’offre est actuellement très réduite, puisque beaucoup de brasseries, d’hôtels et d’établissements gastronomiques n’ont pas ouvert ; ce qui nous laisse un volant de clientèle suffisant pour faire fonctionner nos terrasses. J’évolue dans un quartier CSP plus, où les habitants n’ont pas trop souffert et qui ont même fait des économies durant le confinement. Ils n’ont pas restreint leurs dépenses au restaurant. Pour l’instant, la clientèle est surtout composée de jeunes, mais j’attends avec impatience le 22 juin. J’espère voir arriver une seconde vague composée de clients plus âgés, plus prudents, qui ont observé la situation avant de reprendre leurs habitudes. Je pense aussi qu’il y aura plus d’activité qu’on ne le pense cet été à Paris. Je vois beaucoup d’entrepreneurs qui vont essayer de rattraper le temps perdu en organisant une présence de leurs équipes sur Paris. » 

Restaurant L’Oriental

www.loriental-restaurant.com 

PARTAGER