Bourgoin Cognac, un engagement agroécologique

L’appellation Cognac s’étend sur une surface couvrant la Charente-Maritime, une grande partie de la Charente, ainsi que certaines communes de Dordogne et des Deux-Sèvres. Depuis la fin de 2015, c’est dans le village charentais de Tarsac, au sein de la commune de Saint-Saturnin, que Frédéric Bourgoin produit de l’eau-de-vie de Cognac, cet emblème de la production artisanale régionale, dont le marché est en très grande majorité (98%) destiné à l’exportation. Avec aujourd’hui 27ha de vignoble, le jeune vigneron poursuit le travail initié par son père, en 1986, sur un domaine familial presque centenaire, à travers une démarche en accord avec son temps, respectueuse de l’environnement.

« Je revendique le terroir des premiers bois, un minuscule cru oublié de la carte AOC Cognac de 1909, qui bénéficie de magnifiques sous-sols du Crétacé. Je m’obstine à faire des cognacs “nature” qui expriment au mieux le terroir qui les a vu naître », affirme Frédéric Bourgoin. Ainsi, le cognac produit ici, sur les crus de Petite Champagne et Fins Bois, à 9km à l’ouest d’Angoulême, est sans assemblage, sans filtration, sans colorant et sans sucre ajouté. « J’adhère au courant de pensée biodynamique. À ce titre, les réductions sur les jeunes eaux-de-vie sont faites à l’eau de source locale pour optimiser la portance aromatique, précise le vigneron de 38 ans. Les sous-tirages sont effectués en quadrature de lune, pour bénéficier au mieux de la mécanique des fluides et ainsi éviter toute filtration. La mise en bouteille est faite par gravité et 100% à la main sur le domaine. »

Un engagement depuis huit ans

Depuis huit années, la maison Bourgoin Cognac est engagée dans une démarche agroécologie, destinée à protéger les sols et à préserver le biotope existant. L’ensemble des parcelles du vignoble est donc 100% bio. Bourgoin Cognac sème des engrais verts chaque année (un rang sur deux, en alternance), afin de « mieux drainer les sols et favoriser la vie microbienne de ceux-ci ». Après 40 ans de culture conventionnelle, son objectif est de « restaurer les sols » et d’obtenir « une vigne autonome » en fertilisation. « Les divers pans d’une agroécologie simple et ancestrale ont toujours été respectés. Petit garçon, j’ai pu traire Marguerite notre vache laitière avec ma grand-mère Fernande au petit matin, pendant que mon grand-père Michel nourrissait les cochons. Nous avons une chance inouïe de pouvoir participer au respect de notre terroir », soutient Frédéric Bourgoin.

L’entreprise Bourgoin Cognac a produit en 2023 environ 50.000 bouteilles, à partir de vin distillé (en cépage ugni blanc) dans ses trois alambics. Elle emploie 12 personnes et une vingtaine, durant les vendanges, pour effectuer les relevages des branches de vigne. « Nous cultivons, vinifions, distillons et vieillissons toujours nos eaux-de-vie principalement pour nos partenaires négociants historiques de la place de Cognac, explique Frédéric Bourgoin, qui embouteille donc aussi en son nom. Je me dédie quasi exclusivement à la belle restauration et aux bars à cocktails français. J’adore travailler avec les chefs et les barmen. Une AOC est une œuvre collective, j’ai envie d’apporter ma pierre à l’édifice. »