Le tourisme vert, un salut pour la Creuse

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Souvent oubliée, pour ne pas dire dénigrée, la Creuse, en créant des passerelles entre les sports et les arts, semble aujourd’hui jouir d’une seconde naissance, qu’elle doit à sa nature préservée.

rivière
La Petite Creuse fut maintes fois peinte par Claude Monet. Crédit : DR.

«L’identité de la Creuse, c’est avant tout des paysages naturels et préservés», lance Pascal Savoura, chef du service des sports et loisirs de nature au conseil départemental de la Creuse. En effet, ce territoire, encore largement épargné par le tourisme de masse, possède des espaces authentiques, autant propices au ressourcement qu’à la pratique des sports en pleine nature. Depuis plusieurs années maintenant, le second département le moins peuplé de France (après la Lozère) mise sur un tourisme vert. Vert, à l’image d’un tourisme durable et conscient des enjeux environnementaux actuels, mais peut-être et surtout «verte», comme l’est la Creuse elle-même. En effet, cet adjectif semble avoir été confectionné sur mesure pour ce territoire, dont la faune et la flore n’ont d’égal que la tranquillité.

Terrain de sport en plein air

Si durant de nombreuses années la Creuse a pu pâtir de son identité rurale, aujourd’hui -«et en partie grâce à la pandémie liée au covid», précise Alain Menut, président du pôle de VTT Creuse Oxygène – elle semble regagner petit à petit ses lettres de noblesse. Selon ce dernier, «la Creuse est, et a toujours été, un parfait terrain de jeu pour la pratique du sport nature». En effet, dans ce département de la région Nouvelle-Aquitaine, les adeptes de VTT, de randonnée, de trail, de kayak ou encore d’escalade bénéficient d’étendues immenses et vallonnées. Tout s’est accéléré il y a une trentaine d’années, lorsque Alain Menut fonde le pôle de VTT Creuse Oxygène. Car lui, la Creuse, il l’a «toujours imaginée à vélo», soutient-t-il.

Petit à petit, le club commence alors à briller au niveau international. Et depuis, la dynamique est lancée : la Creuse a aménagé 19 circuits olympiques et organisé plusieurs Coupes de France de VTT. «Cela sert aux compétiteurs bien sûr, mais cela profite aussi à tous les amoureux de nature, c’est l’avantage de ce que nous mettons en place via le vélo», indique fièrement Alain Menut. Puis, il y a eu l’annonce des JO 2024. «Nous nous sommes dit : “Pourquoi ne pas devenir centre de préparation aux Jeux (CPJ) ?”», confie le président de l’association créée en 1992. La Creuse bénéficie actuellement du plan de relance 2023, lancé par le président de la République.

Dès lors, le département commence la réhabilitation d’une ancienne structure située sur les hauteurs de Guéret : «Tremplin Nature (le nom du bâtiment, NDLR) a été financé par l’État à hauteur de 80%. Aujourd’hui, le bâtiment – pensé comme une auberge de jeunesse – comporte 85 lits, une salle de cryothérapie et un jacuzzi. Et si Tremplin Nature accueille des coureurs internationaux qui se préparent aux Jeux olympiques, il peut également loger n’importe quel passionné de nature et de sport. Mais aussi des familles ou des groupes.» Ainsi, «dans une idée de cercle vertueux», comme le précise Pascal Savoura, «tout ce qui est mis en place en Creuse, comme l’entretien des sentiers ou le balisage effectués par les communautés de communes, profite aux différents sports de nature, et aussi bien aux locaux qu’aux touristes».

Associer sport et culture

Et après tout, si la Creuse peut se découvrir en mouvement, pourquoi ne pas parcourir des tableaux à vélo ou à pied ? De fait, aujourd’hui, «la Creuse mise sur deux volets essentiels : le sport et la culture», affirme Eric Correia, président de la communauté d’agglomération du Grand Guéret. Certes, le département ne possède aucun musée national. En revanche, «nous renfermons ici quelque chose que même les plus grands musées du monde n’auront jamais : la vallée des Peintres», se réjouit Pierre Veysseix, directeur du tourisme et des sites culturels creusois. En effet, au nord de la Creuse, aux alentours des villages pittoresques de Crozant, de Fresseline et de Crocq, il demeure un véritable musée éveillé. Celui parcouru par les peintres qui ont fait la renommée de la vallée de la Creuse : Claude Monet, Francis Picabia ou encore Armand Guillaumin.

Là-bas, dans ce berceau chargé d’histoire, il n’est pas tellement question de contemplation. «Les espaces d’exposition et les sentiers sont intégrés dans le paysage», précise Pierre Veysseix. Selon lui, «c’est en marchant ou en pédalant dans ces décors qui ont inspiré les peintres que nous sommes à même de pouvoir comprendre leur art». Et qui n’a donc jamais rêvé de s’aventurer sur les pas de Claude Monet ? C’est d’ailleurs dans ces confins creusois que le chef de file des impressionnistes commence ses toutes premières séries. Avec, le peintre au chapeau livre dix tableaux ayant pour thème le confluent des deux Creuse. Claude Monet, épris des lumières ondulantes projetées sur la rivière, reviendra régulièrement. «Au XIXe , grâce à l’essor du train, sept heures suffisent à relier Paris et Crozant», indique le directeur de l’office du tourisme du Pays Dunois, avant d’ajouter : «Il ne faut pas oublier l’importance de George Sand dans cet essor touristique. Dans ses carnets, la dame de Nohant fait les louanges de la forteresse médiévale de Crozant et de la Creuse, dont elle tombe amoureuse. Elle en fut, malgré elle, la meilleure des ambassadrices.» Sur la Creuse, George Sand écrira notamment : «Tout y enflamme l’imagination, tout y sert le cœur.» De quoi inspirer certainement de nombreux voyageurs.

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