
Décision business
BPCE L'Observatoire dévoile son étude sur les défaillances d'entreprises au deuxième trimestre 2024
Après les 16.801 défaillances d’entreprises (lorsqu’elle n’est plus en mesure de faire face à ses obligations financières) enregistrées par BPCE L’Observatoire pour le premier trimestre (T1) de 2024, il est question d’une légère baisse avec 16.405 défaillances au deuxième trimestre 2024. Malgré cette légère baisse, ce T2 démontre une croissance de +28% par rapport au T2 de 2019, soit avant la crise sanitaire. Ainsi, il est question de 62.844 défaillances en France sur les 12 derniers mois (+21% par rapport à 2019). Une étude réalisée par Alain Tourdjman, directeur des études économiques de BPCE, et Julien Laugier, économiste du Groupe BPCE.
Toujours par rapport à 2019, les défaillances des PME-ETI se maintiennent à un niveau élevé, 56% au-dessus. Mais elles se stabilisent, sur un an glissant du T3 2023 au T2 2024, presque 5.300 PME-ETI (10 salariés et plus) sont entrées en défaillances contre 3.400 en 2019. Ces « records » s’expliquent par le ralentissement économique (sans récession), l’impact inflationniste sur les marges et l’activité, la hausse des taux qui engendre un financement plus difficile, le remboursement des PGE, quand bien même 55 à 57% des micro-entreprises et PME l’ont remboursé, ou encore par la reprise des recouvrements de l’Urssaf depuis septembre 2023.
Une forme de « rattrapage »
C’est ce que considère Alain Tourdjman et Julien Laugier, une forme de «rattrapage» des défaillances évitées de 2020 à 2022. Ce deuxième trimestre de 2024 est le pire depuis 2009. De plus, depuis le 4etrimestre 2023, le rythme de défauts est supérieur à la période 2010-2015, historiquement la plus dégradée depuis le début du suivi en 2009 par la BPCE. « En fait, il existe une forte hétérogénéité entre les petites entités, très nombreuses, de moins de 3 salariés où le «rattrapage» n’atteint que 13% et les PME où, statistiquement, presque toutes les défaillances de PME (93%) évitées grâce au «quoi qu’il en coûte» se sont manifestées depuis 2023 », expliquent-ils lors de la conférence de presse.
L’Observatoire par la BPCE dévoile que 22% des défaillances d’entreprises évitées pendant la crise (2020, 2021 et 2022) se sont manifestées et qu’elles concernent à 93% des PME-ETI.
264.000 emplois menacés
Un niveau très élevé, plus de 40% au-delà de 2019, dont 62.300 sont seulement par rapport au deuxième trimestre 2024. Des difficultés qui s’accentuent en fonction de la taille de l’entreprise. Pour les plus petites, moins de trois salariés, le niveau de défaillances est encore limité (+16%) tandis que pour les TPE (trois à neuf) il devient plutôt élevé (+30%). Enfin, pour les PME-ETI il est très élevé (+56%). Toutefois, l’analyse ne révèle pas de lien avec les entreprises créées récemment, car seules 18% d’entre elles ont été fondées il y a moins de trois ans. Un chiffre qui descend à 13% lorsqu’il concerne les entreprises de six salariés et plus de moins de trois ans.
Au niveau des régions, peu ou pas de changements ne sont à répertorier par rapport à l’étude du premier trimestre 2024. En effet, Aquitaine, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes et Martinique sont les territoires les plus touchés (segments TPE et PME), contrairement au Limousin, la Lorraine, la Guyane.
L’hôtellerie-restauration victime de l’adaptation des ménages
Malgré une inflation des prix qui se stabilise à 2,1% sur un an en juin 2024 contre +4,5 % en juin 2023, le faible pouvoir d’achat des Français, +0,6% par ménage en 2019, impacte les entreprises du secteur du commerce, de l’hébergement et de la restauration. À cela, BPCE L’Observatoire ajoute que le crédit à la consommation est en ralentissement, le taux d’épargne est plus élevé qu’en 2019, mais il alerte surtout sur le changement de comporte des consommations. En effet, les citoyens sont arbitraires sur leurs dépenses : réduction des dépenses alimentaires, en habit ou en achats de voitures. Les dépenses dans les biens d’équipements et dans les services ont globalement été restreintes, notamment dans l’hébergement restauration.
Au total, il s’agit de 14.636 défaillances d’entreprises dans le commerce sur les douze derniers mois (+18% par rapport à 2019). Précisément, les commerces alimentaires sont concernés au nombre de 834, contre 968 au T1 2024, et 298 pour l’artisanat de l’alimentation (boulangerie, pâtisserie, …) contre 344 au T1 2024. De l’autre côté, l’hébergement-restauration enregistre 8.371 défailles d’entreprises sur les douze derniers mois (+19% par rapport à 2019). Cette faible baisse entre le T2 2024 et le T1 2024 se transforme en hausse lorsque les données sont comparées au T2 2023 : +16% pour le commerce et +11% pour l’hébergement, restauration et débuts de boisson.
Des expectations à revoir à la hausse pour 2024
Avant L’Observatoire du BPCE sur les défaillances des entreprise au deuxième trimestre 2024, la prévision était de 62.000 événements selon Alain Tourdjman, directeur des études économiques de BPCE. Désormais, il estime environ 65.000 événements. Ce rehaussement se justifie par une probable accélération du nombre de défauts de petites entités, jusque-là moins exposées et par un rattrapage déjà très avancé pour les PME. En ce qui concerne les emplois, Alain Tourdjman annonce entre 250 à 265.000 emplois menacés.
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