La Brasserie Gaillarde cultive son ancrage
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Pionnière du secteur des microbrasseries, la Gaillarde a tissé un lien fort avec les Corréziens. Ses bières faiblement alcoolisées, mais riches en saveur, sont très appréciées dans la région.

Lorsque Benjamin et Elisabeth Moinet ont créé la Brasserie Gaillarde, en Corrèze, en 2010, il n’y avait que 300 brasseries dans l’Hexagone. On en dénombre aujourd’hui huit fois plus… Initialement, Benjamin Moinet se destinait au monde du vin. Œnologue de formation, il avait exercé à Blaye (Gironde), en Australie et à Cahors (Lot). Il a un temps caressé l’idée de créer son propre domaine, mais faute de moyens, il a dû renoncer. Il a alors imaginé de se tourner vers la brasserie. Ce franco-britannique, qui a longtemps vécu en Belgique, n’était pas totalement étranger à l’univers de la bière, et son épouse, Elisabeth, qui a grandi à Dunkerque (Nord), a été séduite par le projet au point d’abandonner son emploi de courtière en assurance à Paris, pour aller s’installer à Gignac (Lot).
Le couple qui disposait de peu de moyens a pu s’installer dans un bâtiment agricole pour commencer à brasser. Ce local, situé à 25km de Brive, appartient à la famille. « Le nom La Gaillarde s’est vite imposé, raconte Elisabeth. Pour en vivre, il fallait commercialiser 300hl par an. Nous avons mis cinq ans pour parvenir à ce stade. » La progression a été lente, mais régulière. En créant ses recettes, le couple a établi une stratégie marketing. « Nous souhaitions nous assurer au préalable que nos bières seraient appréciées localement, rappelle Elisabeth. Lorsque nous étions à Gignac, nous avions constitué trois groupes de 20 personnes pour tester nos produits. » C’est ainsi qu’est née la recette phare de la marque, la blonde Gaillarde, toujours largement en tête des ventes. C’est une bière légère qui ne titre pas plus de 4,5° mais qui traduit bien le style de la brasserie.

D’ailleurs, même si la bière s’appelle La Gaillarde, Benjamin Moinet s’efforce de ne pas proposer des produits riches en alcool, préférant exprimer d’autres saveurs dans son brassage à l’image de l’IPA au nom évocateur – Kiclac – mais dont la teneur en alcool ne dépasse pas 5%. En 2019, la famille Moinet a quitté sa grange de Gignac pour s’installer dans la zone commerciale de Brive. Ce déménagement a donné un second souffle à la brasserie, comme l’explique Elisabeth : « Nous étions à l’étroit et surtout isolés. »
Dans ses locaux modernes, l’entreprise dispose d’un outil brassicole moderne d’une capacité de 1.000hl, qui lui permet de produire confortablement 580hl/an. Mais surtout, sur cette zone commerciale, l’entreprise est proche de la clientèle briviste. Dotée d’un bar et d’une zone de vente à emporter, elle vend en direct 30% de sa production. Une activité dynamisée par la location de tireuse. Une petite partie de la commercialisation est effectuée vers les professionnels du département, via un agent. Mais 60% des ventes sont réalisés dans la grande distribution locale, un réseau commercial où le couple a pris ses marques. « Ces dix dernières années, la perception des produits locaux a évolué très favorablement, indique Elisabeth. Nous sommes toujours bien reçus par la grande distribution et elle ne cherche pas à négocier les prix. »
La Brasserie Gaillarde a ainsi traversé la crise sanitaire et surtout l’inflation durant laquelle la structure a dû absorber les hausses de prix du carton et du verre sans encombre. Son fort lien local et son antériorité lui permettent de résister. « Mais dans une entreprise, rien n’est jamais acquis, précise Elisabeth, il faut être toujours en veille. » À tout instant sur le qui-vive, elle paie de sa personne en allant sur le réseau commercial vérifier le bon positionnement de ses produits. Elle crée également l’événement en mettant sur pied des ateliers, comme bière et fromage, en partenariat avec la fromagerie Le Bois d’Amalthée. Elle a aussi instauré un atelier pâtisserie avec La Mélodie des saveurs, à Ussac. Pendant ce temps, Benjamin renoue avec son passé d’œnologue. Il a ainsi créé un nouveau brassin élevé six mois en barrique.