Des contrats pour pérenniser les saisonniers

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En tension depuis plusieurs mois et à l’approche de la saison d’été, le secteur CHR tente de trouver des solutions. Afin de fidéliser une main d’œuvre saisonnière, les principaux acteurs réfléchissent à de nouveaux types de contrats, sous forme de CDI, pour pérenniser l’emploi.

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La difficulté de recruter des saisonniers en période estivale. Crédits : Pixabay

CDI Tourisme, CDI 4 saisons. Deux noms pour un projet bien similaire. Courant avril, par un communiqué de presse, le GHR a transmis cinq propositions face au constat du manque de main-d’œuvre. Pour pallier ce manque de personnel, le syndicat sort de sa poche un projet pas si nouveau : le CDI 4 saisons.

L’objectif de ce contrat est de pérenniser la situation des travailleurs saisonniers et des employeurs. En effet, les mouvements de va et vient des saisonniers (des montagnes aux littoraux et vice-versa) ne sont « pas propice à la fidélisation de la main-d’œuvre, un facteur essentiel pour les employeurs », selon Franck Trouet, délégué général du GHR. Il ajoute que « ce contrat, dans la même idée que le CDI intermittent, serait pris en charge par les employeurs et Pôle Emploi. Ces premiers assurent les revenus du saisonnier lors de ses mois de travail [8 ou 9 mois, NDLR] alors que Pôle Emploi viendrait supporter les mois d’inactivité. Cette compensation serait, par ailleurs, versée à l’entreprise avant d’être perçue par le salarié. Ainsi, le GHR entend fidéliser les saisonniers en annualisant leur temps de travail et cela permettrait aux entreprises de se projeter plus facilement sur leurs besoins». Selon le responsable du GHR, une rencontre avec la ministre des TPE et PME Olivia Grégoire et le ministre du Travail Olivier Dussopt est prévue dans les prochaines semaines pour discuter de ce projet.

Un projet fleuve

Le cas des saisonniers, alternant entre période de travail et de chômage, a déjà poussé l’Umih a se plonger dans ce dossier. Présenté dès 2019 à Jean-Baptiste Lemoyne, ancien ministre délégué du Tourisme, ce CDI passe de main en main depuis des générations. « C’est le Cercle des Grandes Maisons Corses qui est à l’origine de ce projet. Mais les coûts qu’il nécessiterait refroidis les pouvoirs publics », explique Karina Goffi, présidente de l’Umih Corse. Mais si le projet se transmet sans succès, elle défend : « Avec la Chambre de Commerce notamment, nous avons lancé un audit auprès de 4.000 entreprises sur notre travail en cours. Avec 27 retours constructifs, cela avance ». En effet, l’Umih Corse continue son travail et prépare un dossier « le plus complet possible » avant d’envoyer un courrier au Ministère du Travail « avant la fin de l’année 2023 », nous confie Karina Goffi.

Ainsi, le dispositif imaginé est décliné selon deux scénarios, adaptés aux deux types de profils de travailleurs saisonniers identifiés. Le premier, basé sur le mécanisme du repos compensateur de remplacement (RCR), vise les employés effectuant un nombre important d’heures supplémentaires en saison. Dans ce cadre, les heures supplémentaires effectuées pendant la saison seraient accumulées en « heures de repos » (avec une majoration), ce repos étant effectivement utilisé par l’employé en période basse où l’activité de l’établissement est au ralenti ou à l’arrêt. Le second repose sur la mise en place d’un CDI intermittent, pour les employés effectuant peu ou pas d’heures supplémentaires et pour lesquels le scénario RCR n’apparaîtrait donc pas satisfaisant.

Fidéliser les saisonniers

Ainsi, selon les deux syndicats, l’annualisation permettrait de fidéliser, puisque les travailleurs bénéficieraient d’une rémunération équivalente voire plus attractive et pourraient accéder aux bénéfices d’un contrat de travail pérenne (crédit, logement, etc.). Pour les employeurs, le contrat ambitionne de conditionner leur investissement sur certains salariés. Enfin, Umih et GHR mettent en avant « la puissance publique », puisque cela ferait sortir une partie de la population de saisonniers de la boucle « CDD saisonnier – chômage ». Aujourd’hui, une inconnue reste au cœur des discussions syndicales : le projet est-il viable à l’échelle nationale ou sera-t-il cantonné, au mieux, à vivre comme expérimentation sur la Corse seule ?

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