Valérie Pons : remettre l’AFMR au coeur des territoires

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La restauratrice de Montauban (82), présidente de l’Umih départementale, se présente face à Alain Fontaine pour la présidence de l’AFMR.

Valérie pons, restauratrice à Montauban, se présente à la présidence de l'AFMR.
Valérie Pons, restauratrice à Montauban, se présente à la présidence de l'AFMR. Crédits : Johanna Cavel / DR.

Maître-restauratrice depuis 2018, la cheffe de Montauban se présente à la présidence de l’AFMR face au sortant Alain Fontaine avec un objectif : la décentralisation. À la tête d’un restaurant commercial implanté dans le centre de Montauban, Valérie Pons a fait de son métier de cuisinière un engagement sociétal. Elle s’est en effet impliquée d’abord dans la formation en tant que conseillère école-entreprise notamment, dans le lien social en construisant son restaurant sur les fondations d’un lieu d’accueil intergénérationnel, et dans la santé en s’impliquant dans le label Bleu-Blanc-Coeur. Interview.

Que représente pour vous le titre de maître-restaurateur ?

C’est une offre de transparence, de sincérité et de vérité. Ce titre apporte du sens à mon métier, comme le label bleu-blanc-coeur, mais à un autre niveau. J’ai revendu ma première affaire dans la zone nord de Montauban pour me consacrer à l’obtention de ce titre de maître-restaurateur, c’est dire s’il est important pour moi. En outre, c’est un titre d’état, qui donne lieu à une reconnaissance officielle, ce qui n’est pas rien.

En tant que candidate à la présidence, quelle est votre ambition pour l’Association française des maîtres restaurateurs ?

Mon ambition est de se rapprocher auprès du grand public. L’objet de l’association est de communiquer et non de jouer le rôle d’une interprofession ou d’un syndicat. Il y a d’autres instances dont c’est l’objet. Nos besoins en tant qu’association, c’est la communication auprès du grand public sur des opérations très claires qui mettent en valeurs, non-seulement notre savoir-faire, mais aussi et surtout notre ancrage territorial.

Par quels outils concrets souhaitez vous communiquer ?

La communication va s’axer sur des actions concrètes dans le territoire. Il faut que le public rentre dans nos univers. Le fait que ayons un savoir-faire, que nous ne sommes pas maîtres-restaurateurs pour rien, le public le déduira de lui-même en venant chez nous, et le reste suivra. Pour illustrer cela, en Isère par exemple, à l’occasion de la fête des mères, l’association met en place des plateaux pour les mères hospitalisées. On souhaite aussi une journée nationale des maîtres-restaurateurs qui permettrait la mise en place d’actions locales sur tout les territoires. J’ai une équipe avec moi qui ne veut pas dépenser de l’argent inutilement pour des choses qui existent déjà, on ne réinvente pas la roue. On va mettre en commun les différentes initiatives qui existent déjà ça et là, et les décliner au national afin de créer une identité globale. Celle-ci rejaillira ensuite au niveau local au travers des différentes actions.

Pour cela, il faut être en mesure de se rapprocher des organes institutionnels…

L’institutionnel local a pour charge de mettre en valeur les “pépites du territoire”, de valoriser le terroir. On va avoir une relation directe avec ces institutionnels, être un lien transversal, en se servant de la légitimité d’état tirée de notre titre. Nous allons travailler avec les offices de tourisme, avec les mairies et avec les préfectures. Nous voulons aussi profiter pleinement du plan Destination France avec les préfets de région qui en sont responsables, et qui délèguent généralement l’application locale aux préfectures départementales.

Votre candidature est-elle appuyée par l’Umih ? Quels sont vos liens avec le syndicat ?(*)

Ma candidature n’est pas appuyée par l’Umih, c’est une histoire personnelle. J’ai recréé il y a trois ans, juste avant le confinement, l’antenne de l’Umih 82. il faut noter que nous n’avons pas de lien historiquement avec le GNI dans notre département. Le rapprochement avec l’Umih s’est donc fait naturellement. Il se trouve que je travaille également pour artisan du goût pour le lancement d’une filière artisanale pour la défense des petites entreprises des métiers de bouche, des producteurs et des vignerons, qui ne sont pas dans l’agro-alimentaire. C’est une démarche qui a été appuyée en octobre 2019 par le ministère de l’économie, et qui est suivie par le syndicat. J’ai en outre monté des actions personnelles, transversales entre les différentes instances, avec la rédaction d’un projet de décret notamment autour de la préservation du nom de « restaurant » et j’ai participé à la création de la branche traiteur de l’Umih. Tout cela explique la relation que j’ai avec le syndicat. Mais cela n’a pas de lien avec l’AFMR, chacun joue son rôle et a ses compétences.

Le bilan actuel de l’association, qui croît de plus en plus notamment en nombre d’adhérents, est plutôt positif. Voyez-vous encore des axes d’amélioration ?

Le bilan est positif parce qu’il y a effectivement beaucoup d’actions qui sont faites. En revanche, si je me présente, c’est aussi parce que je souhaite, avec mes colistiers, plus de transparence sur ce bilan, notamment sur le nombre d’adhérents, le budget de fonctionnement, le personnel… On veut donc remettre tout cela à plat, et inclure nos adhérents dans les territoires dans cette démarche. Je ne remets pas en question le travail accompli, je pense qu’on peut aller plus loin.

Qu’est-ce qui vous sépare d’Alain Fontaine, qui se présente à sa propre succession face à vous ?

C’est la méthode de travail, l’engagement du conseil d’administration, les modalités de fonctionnement en interne, les possibilités pour les territoires d’être plus parti-prenantes dans les décisions. Je souhaite décentraliser le fonctionnement de l’association. Nonobstant, nous nous retrouvons autour de valeurs communes. Nous sommes tous deux attachés au titre, nous aimons tous les deux les maîtres-restaurateurs et j’ai beaucoup d’estime pour lui.

L’expérience, je ne vois pas pourquoi on pourrait me reprocher d’en manquer. J’ai créé un Umih départementale, je suis référent pilote nommée par la préfecture pour toutes les actions dans le département, à l’origine de la création d’une branche nationale traiteur, et je gère seule mon affaire depuis 20 ans. Je ne pense donc pas qu’on puisse me reprocher un manque d’expérience.

(*) l’interview a été réalisée dans les locaux de l’Umih national, à Paris.

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