Pourboire : 3 questions à Franck Trouet, délégué général du GHR

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Alors que le pourboire se digitalise, Franck Trouet, délégué général du GHR, répond à nos questions.

L’exonération des pourboires est acquise jusqu’à la fin de 2025, comment préparez-vous la suite ?

C’était une bonne nouvelle que l’exonération soit prolongée. Maintenant, il faut que les députés se saisissent du sujet pour pérenniser la mesure. C’est important de sécuriser ce dispositif pour les professionnels.

De nombreuses zones d’ombre persistent dans la manière de considérer les pourboires. Qu’attendez-vous d’un futur cadre législatif ?

Nous voulons que les employeurs et les salariés n’aient pas à se cacher. Il nous semble donc important de préciser la définition du pourboire, au-delà de la loi Godard. Nous proposons de reprendre la définition donnée par Bercy, à savoir « une libéralité donnée par le client en plus de la note, et qui ne devrait pas être considérée comme un salaire par le droit du travail ». C’est déjà écrit, nous souhaitons simplement que cela soit inscrit dans la loi.
Deux autres sujets doivent être réglés : qui doit bénéficier des pourboires ? Est-ce discriminant pour les autres métiers de limiter aux seuls salariés en contact avec la clientèle ? Aussi, la limite d’exonération pose question. Nous estimons plus pertinent de réfléchir en termes de classification de poste plutôt que de revenu, en distinguant le personnel d’encadrement du personnel employé. Par ailleurs, il nous paraît aussi utile de laisser la liberté aux salariés de choisir le mode de répartition qui leur convient.

La digitalisation amène plus de transparence sur la collecte des pourboires. Est-ce un progrès ou au contraire une source d’inquiétude ?

C’est indéniable, les applications ont permis de développer les pourboires. C’est un revenu complémentaire à valoriser pour les salariés. Mais toute la question réside dans le fait que l’employeur a connaissance ou non des montants. Et il est évident qu’en les encaissant via les TPE, il ne peut pas le nier. C’est là qu’il doit se montrer vigilant pour reporter les montants sur les fiches de paie. Ce qui, par ricochet, peut impacter les salariés dont le salaire mensuel est au-delà du seuil d’exonération [1,6 SMIC, NDLR]. Nous avons suggéré aux applications de développer des principes de « soucoupes numériques», une forme de digitalisation de l’ancienne méthode qui laisse l’employeur hors de la boucle.

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