La carotte des sables : le Label rouge passe au vert

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la carotte des sables Label rouge est encadrée par un nouveau cahier des charges plus respectueux de l’environnement. Découverte.

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La carottes des sables Label rouge est l’apanage de la côte ouest du Cotentin. Crédits : SPAG Photography.

Exclusivement cultivée sur la côte ouest du Cotentin, la carotte des sables Label rouge est encadrée par un nouveau cahier des charges plus respectueux de l’environnement. L’interdiction d’un pesticide a accéléré la transition de la filière vers plus d’agro-écologie… sans rien sacrifier à la qualité.

Avec sa saveur douce et sucrée, sa chair orange vif et sa pointe bien « boutée », les qualités gustatives et visuelles du plus célèbre légume-racine de la côte normande ont fait la réputation du Cotentin depuis plus de deux siècles. Fierté de la petite ville de Créances (Manche) et premier légume labellisé Label rouge en 1967, la carotte des sables a pourtant bien failli à la fin 2018, ne pas se remettre de l’interdiction d’un produit phytosanitaire couramment utilisé par les producteurs locaux pour débarrasser les parcelles sableuses de minuscules vers piqueurs, les nématodes.

« C’est un parasite dont les œufs peuvent rester dans le sol pendant des dizaines d’années. Les adultes causent des dégâts considérables aux carottes », explique Pierre Glérant, animateur de l’association des producteurs et expéditeurs des légumes sous label, qui fédère une trentaine d’exploitations légumières. Privée de solution technique pour lutter contre ce ravageur, toute la filière a dû se réinventer : « Ça a été un coup dur, mais les producteurs ont pris du recul sur leurs pratiques et après quatre années de travaux, de nouvelles méthodes plus respectueuses de l’environnement ont permis de repartir sur d’excellentes bases. »

Conservées au champ et arrachées à la main

Finies les monocultures, retour au bon vieux système des rotations, au sarclage ou à l’introduction de cultures nettoyantes. Des pratiques proches de celles qui sont utilisées en agriculture biologique, désormais gravées dans le marbre d’un nouveau cahier des charges adopté en juin 2022. « Et ça marche, pointe Pierre Glérant. Cette année, nous avons eu une très belle récolte. » La filière a perdu des hectares au passage, mais la qualité reste plus que jamais au rendez-vous.

Difficile en effet de faire plus frais et durable que la belle orangée. Arrachées à la main, les carottes des sables Label rouge sont en effet conservées tout l’hiver au champ sous un lit de paille et doivent être « sorties » à la demande, puis expédiées dans un délai de cinq jours. « Cela garantit une tenue optimale et évite le stockage en chambre froide, particulièrement énergivore, fait remarquer Pierre Glérant. On est vraiment sur un légume qui, quand il arrive en cuisine, possède toute la saveur et les qualités nutritionnelles d’un produit ultra-frais. »

Après le verdissement de son cahier des charges, prochain défi pour la filière : retrouver des niveaux de production autour de 4 000 tonnes par an – contre 1 500 seulement aujourd’hui. « Le potentiel est là, assure le technicien. Il nous faut valoriser ce beau produit auprès des consommateurs et favoriser la reprise des fermes par les jeunes générations, un enjeu important localement. »

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