Énergie : comment maîtriser sa facture ?

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Le secteur des CHR est frappé de plein fouet par l’explosion des prix de l’énergie, et les compteurs ne cessent de s’affoler. Des solutions existent pour amortir l’impact de cette crise.

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Illustration énergie. Crédits : DR.

Le secteur des CHR est frappé de plein fouet par l’explosion des prix de l’énergie, et les compteurs ne cessent de s’affoler. Des solutions existent pour amortir l’impact de cette crise sur les finances de son établissement, qui viennent s’additionner aux différents dispositifs déjà mis en place par le Gouvernement.

Luc Holtzscherer, à la tête du restaurant La Table de Jordi à Banyuls-sur-Mer (66), le constate d’emblée : « Aujourd’hui, nous faisons nos menus en nous demandant comment faire pour ne pas avoir à allumer le four ou la friteuse. » Selon une enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), en date du 20 octobre 2022, 90% des dirigeants des TPE et PME sont touchés par la hausse des prix de la part de leurs fournisseurs d’énergie.

Au total, 9% d’entre eux envisagent de mettre leur activité à l’arrêt du fait de la hausse des prix. Le secteur de la restauration est loin d’être épargné. Dans une étude Lyf-OpinionWay portant sur le bilan des restaurateurs en 2022, 73% des interrogés déclarent s’inquiéter de l’impact du prix de l’énergie sur les frais de fonctionnement de leur établissement. Dans ce contexte incertain, comment tenter de faire baisser la facture ?

Le bon contrat

Première piste à explorer afin de tendre vers une réduction de ses dépenses énergétiques : suivre sa consommation. D’après une étude du CNRS, avoir un regard en temps réel sur ses dépenses énergétiques permettrait de les réduire de 23%. Il existe de nombreuses applications, mises en place par les fournisseurs d’énergies eux-mêmes ou d’autres organismes, afin d’avoir un suivi précis de sa consommation.

Bertrand Jermann, un entrepreneur breton, a créé Cherpas un logiciel qui analyse en temps réel la consommation. « Notre logiciel permet d’avoir une analyse très fine de sa consommation, ce qui va donner des pistes aux restaurateurs pour s’adapter. Il va pouvoir connaître l’impact de la hausse de l’énergie sur le coût de production de telle ou telle denrée et ainsi comment s’adapter en faisant tourner cette machine à un moment plutôt qu’à un autre par exemple », explique-t-il. Mais le suivi de la consommation d’énergie n’est pas la vocation première du logiciel, qui a d’abord été conçu pour épauler les entrepreneurs dans la conclusion de leur contrat d’énergie avec l’ambition de déceler le moment le plus opportun.

En effet, les plus touchés par cette inflation sont ceux qui ont signé un contrat d’énergie récemment, au moment où les prix du marché étaient au plus haut. « Beaucoup de restaurateurs ont vu exploser les prix dans le cadre de renouvellement de contrats », observe Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises. Il conseille de se référer au tarif de référence donné par la commission nationale de l’énergie avant chaque signature d’un nouveau contrat. « Nous sommes partis du constat qu’il y avait une mauvaise compréhension de la part des professionnels sur leur contrat d’énergie. Ils ont du mal à suivre les coûts et surtout à les maîtriser », détaille le fondateur de Cherpas.

Un service destiné aux entreprises

Le logiciel va ainsi lire les différents termes du contrat et les confronter à la réalité du marché. « L’algorithme va avoir une vision dynamique de l’évolution du marché et passer son temps à faire la comparaison avec le contrat existant. S’il remarque que le contrat n’est plus en adéquation avec la réalité du marché, il le notifie au restaurateur », précise-t-il. Quand il arrive à échéance et qu’il faut le renouveler, l’intelligence artificielle du logiciel va indiquer si c’est le bon moment ou s’il vaut mieux attendre. « C’est une aide à la bonne décision pour choisir le bon contrat au bon moment », expose l’entrepreneur, soulignant qu’il peut « y avoir des disparités tarifaires importantes d’une semaine sur l’autre. »

Un service qui coûte 89€ par mois pour l’offre de base destinée aux entreprises mais qui permettrait, selon le dirigeant, d’obtenir une réduction de sa facture de l’ordre de 30%. Le logiciel s’adresse particulièrement aux restaurateurs possédant un compteur d’énergie au-dessus des 36 kVA et qui ne peuvent donc pas profiter du bouclier tarifaire.

L’optimiseur d’énergie

Autre solution à destination des détenteurs d’un compteur au tarif jaune, mais qui souhaitent quand même profiter du bouclier tarifaire, ou ne pas dépasser un certain seuil de consommation : l’installation d’un optimiseur de consommation. « La restauration est le coeur de notre métier », introduit Johann Simon, à la tête de la société RSW qui réalise des applications dans le domaine de la restauration depuis 35 ans. La société commercialise l’« optilesteur ». « C’est un automate qui va permettre au restaurateur de consommer la même quantité d’énergie avec des appels de puissance plus faible », mentionne-t-il.

Ici, pas d’économie d’énergie à proprement parler mais une consommation optimisée. « On consomme pareil, mais mieux. Il n’y a pas d’économie d’énergie, les machines vont fonctionner de la même manière que d’habitude. Les actions de l’optimiseur sont imperceptibles. Il fonctionne de manière dynamique entre les différents équipements pour éviter que tous fonctionnent en même temps. Il a le rôle de chef d’orchestre. » L’installation permet de réduire la puissance nécessaire du compteur.

Un prix variable

Elle peut aussi offrir la possibilité de passer du tarif jaune au bleu et donc de profiter du bouclier tarifaire. « Cela marche aussi bien pour les cuisines étoilées que pour une cuisine centrale », affirme le dirigeant, avançant des économies annuelles comprises entre 5 000 et 35 000 €, en fonction de la quantité d’énergie consommée et du prix unitaire du kilowattheure. Il annonce un coût moyen d’achat du dispositif de 8 000 €.

Un prix variable en fonction du nombre d’appareils dans la cuisine. « Cela fonctionne bien. Et cela permet de ne pas dépasser notre seuil de consommation, relate Luc Holtzscherer, qui utilise l’optilesteur dans son établissement de la côte Vermeille depuis trois ans. Mais le problème reste le coût de l’énergie. Au rythme où cela va, on se demande quand même si on doit rester ouvert… », conclut-il. En effet, malgré ces solutions, aucun restaurateur n’est épargné par la hausse sans précédent des prix.

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