Face à la flambée des prix de l’énergie, comment tenter de baisser ma facture ?

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Alors que les prix du gaz et de l’électricité atteignent des sommets et que des pénuries pourraient survenir, comment économiser sur sa facture ? Éléments de réponses avec le GNI et l’Umih.

Prix Energie
Un blocage de l'énergie est annoncé par Bercy Crédit : kwon junho / unsplash

Bonjour,

Dans votre question, vous nous demandiez comment tenter de réduire les coûts liés à l’énergie dans votre restaurant. Le constat est effectivement sans appel : les prix de l’énergie atteignent des sommets. « Nous notons une hausse de 30 % à 50 % des factures de gaz et d’électricité pour nos professionnels », confirme Franck Trouet, délégué général GNI Paris Île-de-France. Les raisons sont multiples [voir l’encadré plus bas]. Face aux risques de pénuries, la Première ministre Élisabeth Borne a elle-même appelé les entreprises à préférer « les économies choisies » aux « coupures subies ».

« Comme nous n’avons aucune marge de manœuvre pour négocier les prix avec nos fournisseurs, notre seule solution est de faire des économies d’énergie », assure Ludovic Poyau, président de la commission développement durable de l’Umih. Donc, comme 64 % des CHR qui ont décidé de diminuer leur consommation en énergie (enquête UMIH/CPME), vous pouvez adopter certains gestes pour tenter d’atteindre une certaine sobriété énergétique.

Des gestes appliqués au poste de cuisson, à la production de froid, à l’éclairage ou à la ventilation, peuvent permettre jusqu’à 50 % d’économie sur le total des dépenses énergétiques. Il est notamment recommandé aux restaurateurs de laisser refroidir leurs préparations avant de les mettre au réfrigérateur, de contrôler la fermeture de leurs meubles frigorifiques, de dégager les condenseurs de leurs équipements ou encore d’éteindre leur machine à café entre deux services. « On peut également rompre avec certaines habitudes et ne pas allumer le gaz quand on arrive en cuisine, utiliser des couvercles pour les cuissons, veiller à ne pas trop ouvrir les chambres froides, éteindre les appareils qui peuvent l’être comme la machine à glaçons la nuit ou encore décongeler les produits sans recours à l’énergie », conseille Franck Trouet. Le changement des ampoules par des Led peut également être une très bonne option, puisqu’elles consomment 6 à 10 fois moins d’électricité. Enfin, les hôtels peuvent réduire les chauffages des chambres à 19 degrés. Ces gestes simples, souvent déjà adoptés par les restaurateurs, peuvent permettre de réduire très rapidement sa facture de 10 %, selon Ludovic Poyau de l’Umih.

Des aides mises en place

Face à la situation critique liée aux prix de l’énergie, certaines mesures sont en place, notamment la baisse de la TICFE (taxe principale assise sur la consommation d’électricité). Pour tous les professionnels éligibles aux tarifs réglementés de vente d’électricité, c’est-à-dire ceux de moins de 10 employés et moins de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires, le bouclier tarifaire assure, comme pour les consommateurs résidentiels, une hausse des factures d’électricité plafonnée à 4 % et le gel les prix du gaz à leur niveau d’octobre 2021. Toutefois, comme le confirment les syndicats, cela concerne peu de CHR.

Pour les entreprises grandes consommatrices (celles dont les coûts de gaz et d’électricité sont supérieurs à 3 % du chiffre d’affaires en 2021), le gouvernement a décidé le prolongement et la simplification de l’aide « gaz et électricité ». Ainsi, pour l’ensemble des volets de l’aide, les dossiers concernant la période de mars à août peuvent être déposés jusqu’à la fin décembre 2022. Les entreprises qui ne se sont pas saisies du dispositif peuvent donc de nouveau déposer leur dossier sur le site des impôts. Le critère de baisse ou de perte d’EBE sera apprécié soit à la maille mensuelle soit à la maille des trois mois de la période éligible, afin de donner davantage de flexibilité à l’entreprise. Pour les entreprises éligibles, il sera tenu compte des régularisations de factures d’électricité et de gaz qui interviendraient avec un décalage de plusieurs mois et ne pourraient pas être fournies dans les délais de dépôt des dossiers.

Une autre aide, plafonnée à 2 millions d’euros, était réservée aux entreprises démontrant une baisse d’excédent brut d’exploitation (EBE) d’au moins 30 % sur un trimestre par rapport à 2021. Ce seuil de 30 % est supprimé. Une simple baisse de l’excédent brut d’exploitation, calculée sur une base mensuelle par rapport à 2021, est désormais suffisante pour remplir ce critère.

« Le problème est que ces aides n’existent que pour les entreprises déjà très en difficulté, cela arrive donc trop tard, il faudrait aider avant que la situation ne soit critique », nuance toutefois Franck Trouet.

Aller encore plus loin : devenir autonome

Pour les deux syndicats, une autre solution serait envisageable : permettre aux professionnels de produire eux-mêmes de l’énergie, grâce à leur détritus organiques. Ils pourraient en effet générer du biométhane, un gaz 100 % renouvelable produit à partir de déchets agroalimentaires. « Nous faisons de nombreux déchets organiques, nous pourrions les valoriser ainsi. En mettant en place une véritable filière de valorisation de ces biodéchets, nous pourrions produire 10 % du gaz dont nous avons besoin », estime Franck Trouet, rappelant au passage l’obligation pour les professionnels de valoriser leurs biodéchets dès le 1er janvier 2024. « Il serait intéressant également que les restaurateurs aient des subventions pour leur isolation ou pour l’installation de panneaux voltaïques », note de son côté Ludovic Poyau. Si certaines aides existent pour aider les restaurateurs à accélérer leur transition écologique et donc réduire les coûts liés à l’énergie, notamment grâce à l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), il faudrait davantage les généraliser.

Les raisons de la hausse

La hausse de la demande mondiale en énergie après la crise sanitaire, qui a entraîné l’augmentation des prix du gaz et du pétrole
Une importante dépendance de la France aux importations de gaz étrangères, dont russe
les prix de l’électricité étant indexés sur ceux du gaz aux niveaux européen et français, ils ont naturellement connu une hausse significative 
L’augmentation des prix de l’électricité s’est accrue depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Cela s’explique notamment par l’envolée des prix du gaz, dont la Russie limite progressivement les exportations 
Près de la moitié des 56 réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, notamment à cause de problèmes de corrosion. Cette situation oblige la France à importer de l’électricité, dont une partie provient des centrales thermiques étrangères, qui fonctionnent au gaz
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