Chassenay d’Arce : un développement axé sur les CHR
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Le champagne Chassenay d’Arce, coopérative de la Côte des Bar, souhaite intensifier ses relations avec les CHR, en particulier avec la haute gastronomie. Et ce, en parallèle d’une image réaffirmée de champagne artisanal, loin des clichés qui peuvent coller à la peau des coopératives.

La vendange 2024 s’est révélée ambivalente pour la cave coopérative Chassenay d’Arce, située sur la Côte des Bar, dans l’Aube. Elle présente en effet « une qualité extraordinaire mais a été victime de la quantité », lance Romain Aubriot, le chef de cave, complété par Manuel Hénon, directeur de Chassenay d’Arce : « La récolte 2024 est la plus petite dans l’histoire de la coopérative. Nous avons tout eu… Elle s’élève à 3.000 kg par hectare. » Et ce, alors qu’elle s’élève habituellement aux alentours des 10.000 kg l’hectare.
Néanmoins, le motif d’espoir se situe au niveau de la qualité des raisins, avec « un millésime incroyable : une étonnante fraîcheur et de la gourmandise », décrit le directeur. Ce millésime 2024 sera celui des choix à effectuer, pour privilégier une cuvée plutôt qu’une autre au regard des quantités disponibles. Les cuvées les plus demandées seront naturellement privilégiées, parmi une gamme de 11 références, déclinées en quatre collections.
Tout d’abord, les Essentielles, qui correspondent aux cuvées consensuelles. Ensuite, les Caractères, qui mettent en avant les vins en monocépage et millésimés. Puis les Authentiques, dont le but est la mise en lumière du travail des vignerons coopérateurs en agriculture biologique. Enfin, les Confidentielles, qui correspondent aux cuvées haut de gamme.
Un champagne signé du pinot noir
Par ailleurs, la cave Chassenay d’Arce produit annuellement un million de cols, dont 560.000 sous marque propre. « Il y a cinq ans de cela, nous produisions 150.000 bouteilles », n’oublie pas de rappeler Manuel Hénon, comme preuve du chemin parcouru. Des cuvées principalement marquées par le pinot noir, qui représente 86 % de l’encépagement de la cave, tandis qu’il atteint « 90 % du vignoble dans l’Aube », précise Romain Aubriot. La présente du pinot blanc est en outre à relever, Chassenay d’Arce dénombrant sept hectares de ce cépage, « sur les 105 que nous retrouvons en Champagne », poursuit le chef de cave.
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Le bio représente également 7,7 hectares chez Chassenay d’Arce, pour un vignoble total de 319 hectares. « Nous n’avons pas besoin de plus d’hectares sur le plan commercial. Toutefois, si un vigneron veut se diriger dans cette voie, nous l’accompagnerons », explique-t-il.
Alors que les expéditions de champagne ont connu un net recul en 2024, Chassenay d’Arce cultive à l’inverse une bonne dynamique. « Nous avons connu une croissance en volume en France de 9 %, et de 8 % en valeur », se félicite Manuel Hénon. Et d’ajouter : « Nous voulons rester dans une qualité irréprochable mais accessible. » Les prix des cuvées brut sans année sont ainsi comprises entre 15 et 30 €.
Chassenay d’Arce : un champagne artisanal avant tout
Une image qualitative que la structure coopérative entend réaffirmer. « Nos assemblages viennent de vins issus des 15 villages situés autour de nous. Nous avons une démarche vigneronne avec notamment la gamme Caractères composée de cuvées millésimées en monocépage. Nous présentons un produit artisanal élaboré à l’aide de moyens industriels », insiste le directeur. Et de poursuivre : « Que les coopératives aient une bonne image, ce n’est pas encore gagné. Il est nécessaire d’encore communiquer et d’expliquer ce qu’est une coopérative. »
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Fort heureusement, ce travail n’est plus à effectuer auprès des professionnels. « Avec les CHR, nous avons passé cette étape grâce à une communication ouverte », indique-t-il alors. En France, Chassenay d’Arce commercialise ses cuvées exclusivement auprès des CHR et de 350 cavistes. La cave peut compter sur un réseau de 50 agents commerciaux qui permettent au segment CHR de représenter un peu plus de 15 % de ses ventes.
Des axes de travail pour cibler les CHR
« L’ambition est de se développer sur les CHR », explique Manuel Hénon. Différents axes de travail sont d’ores et déjà identifiés. « Les incentives pour les agents commerciaux ; la montée en gamme avec un agent spécialisé dans les belles tables et les établissements étoilés ; le fait de collaborer avec des personnes spécialisées dans les événements avec les étoilés ; et sans doute une présence au prochain Sirha Lyon [prévu en janvier 2027, NDLR] », détaille-t-il.
Quant à l’export, qui représente la moitié des ventes de Chassenay d’Arce avec comme principaux marchés le Royaume-Uni, l’Europe du nord, l’Italie, l’Allemagne, le Japon ou la Corée du Sud, l’objectif est de conserver cet équilibre. Enfin, Chassenay d’Arce compte bien poursuivre son rythme effréné d’innovations. Les nouveautés actuellement dans les tuyaux ? L’élargissement de la gamme de ratafias champenois avec un travail de cuvées par cépage. « L’idée est de lancer une carte de ratafias », explique Manuel Hénon. Et de lâcher : « Ce sera disponible d’ici un ou deux ans. »