Restauration : offrir plus de bio en cuisine

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Dans le cadre de sa mission d’intérêt général, l’Agence Bio lance durant trois ans une campagne visant à augmenter la part des produits biologiques au menu de tous les restaurants. Cofinancée par l’Union européenne, cette campagne française s’appuie sur le travail de 13 chefs, hommes et femmes, engagés pour le bio.

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Si les Français achètent des produits bio chez eux (environ 6% de leurs courses alimentaires), seul 1% de produits bio est proposé en restauration. Crédit : Jérémy Denoyer.

«La situation est absolument dramatique. Nous sommes les champions d’Europe du bio avec 10 % des surfaces agricoles et nous pouvons perdre ce leadership », alerte Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio, le 11septembre au Sirha Omnivore (Paris12e), lors de la présentation de la campagne « Cuisinons plus bio ». Cette dernière, cofinancée par l’Union européenne, a pour objectif d’augmenter le bio au menu des restaurants. En France, seul 1% des restaurants présente à leur carte des produits issus de l’agriculture biologique.

Cette campagne a donc pour vocation de valoriser les restaurants engagés dans cette démarche, « mais aussi de les mobiliser pour en faire de véritables porte-parole », tout « en informant sur ce qu’est le bio, ses bénéfices mais surtout comment en mettre plus au menu sans impacter sa rentabilité », explique l’Agence Bio.

« Les chefs cuisiniers de la restauration collective et commerciale sont des acteurs fondamentaux et incontournables pour promouvoir une alimentation à base de produits biologiques, saine et équilibrée. Grâce à eux, la restauration hors domicile se transforme en lieu d’éducation au goût et de sensibilisation. Le défi est aussi pour nous de convaincre les citoyens de prolonger leur engagement pour le bio au restaurant », poursuit Loïc Guines, président de l’Agence Bio. Durant trois ans, la campagne « Cuisinons plus bio » sera incarnée par 13 chefs, hommes et femmes, sélectionnés par l’Agence Bio, au regard de leurs bonnes pratiques et leur envie de partager leurs retours d’expériences. Outre des prises de parole sur leur implication dans la cuisine bio, les visages de ces ambassadeurs et ces ambassadrices illustreront les visuels de campagne.

S’adapter aux produits

« Je choisis de cuisiner bio pour nos enfants, nos petits-enfants et notre santé… Je suis certifié bio à 95%. Dès le début, j’ai eu envie de faire les choses bien à des prix raisonnables », indique Amal Bena, cuisinière palestinienne à la tête du food truck Aïda, à Granville (Manche). En matière de coût, elle assure que les produits bio ne sont pas nécessairement plus chers. « On achète du riz en quantité, ce qui nous permet d’avoir des marges raisonnables, précise-t-elle. Évidemment, si je n’étais pas en bio, le résultat serait probablement meilleur ou peut-être serais-je encore plus accessible? Mais voilà […], mon bonheur est dans l’autonomie, c’est mon choix d’être une femme libre et cela n’a pas de prix. »

Autre acteur impliqué cette campagne, Émilien Rouable, chef du restaurant L’inattendu à Villecresne (Val-de-Marne), travaille principalement en direct avec La ferme Hozabeilles, un producteur également installé dans le Val-de-Marne, à Mandres-les-Roses et spécialisé en production maraîchère biologique. «Lorsqu’on a commencé à travailler ensemble, je lui ai demandé des brocolis et finalement c’était des choux de Bruxelles qu’il avait à ce moment-là. Je propose ce que la nature impose, on s’adapte aux produits et pas l’inverse, expose-t-il. C’est juste une recherche de bons produits. Et généralement les gens qui font des bons produits, les font en bio. Nous développons pas mal de choses avec la ferme Hozabeilles, on développe l’infrastructure, c’est un pari en plusieurs temps. »

Émilien Rouable est aussi membre d’Euro-Toques, une association engagée pour les produits frais et de saison. « On essaye d’avoir une démarche intelligente. Je ne travaille pas le bar parce qu’il n’y en a pas beaucoup, tandis que le maquereau il y en a plein dans la mer. On sert du maquereau fumé, mais comme un condiment, ce n’est pas la star de l’assiette. Sur les tomates, si j’ai envie de leur donner un goût fumé, je vais faire des petits dés de maquereau qui vont leur donner ce goût », détaille le chef. C’est à travers ces témoignages, mais aussi des outils pédagogiques et interactifs – accessibles dès la fin de 2023 depuis la plateforme digitale cuisinonsplusbio.fr – que l’Agence Bio désire « sensibiliser largement et engager collectivement les communautés pour plus de bio dans les assiettes. »

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