L’avocat reprend ses marques en Corse

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Originaire du Mexique, l’avocat est aujourd’hui cultivé sur tout le pourtour méditerranéen. En Corse, une première tentative d’introduction s’était soldée par un échec. Mais depuis quelques années, ce fruit tropical fait un retour remarqué dans les vergers de l’île de Beauté.

Avocat Corse
Sur l’île de Beauté, l’avocat se nourrit du soleil et de la chaleur, nécessaires à son épanouissement. Crédit Domaines de la Taste.

L’introduction des premiers avocatiers en Corse remonte au XVIIIe siècle : les Génois, qui administrent alors l’île, en importent depuis l’Amérique centrale. La production reste anecdotique jusqu’à ce que, dans les années 1980, l’Institut national de la recherche en agronomie (Inra) s’y intéresse. Une première vague de plantations a lieu, mais les arbres dépérissent, victimes d’un champignon parasite. « Depuis cette époque, dont il ne subsiste que quelques vergers, de nouvelles variétés résistantes ont fait leur apparition, pointe Isabelle Milleliri, conseillère en arboriculture à la chambre d’agriculture. On voit des producteurs replanter des avocatiers depuis environ cinq ans. C’est une alternative intéressante à la clémentine, dont le marché arrive aujourd’hui à saturation. Les surfaces augmentent, il y aurait à ce jour entre 60 et 80ha de nouveaux vergers d’avocats sur tout le pourtour de l’île. »

Aux domaines de La Taste, sur la commune de Tallone (Haute-Corse), Anthony, Yoann et Loïc ont été parmi les premiers à y croire. Troisième génération d’arboriculteurs à exploiter les terres fertiles de la plaine orientale de Pianiccia, les trois frères se rendent dès 2016 en Espagne, où ils rencontrent des producteurs et des pépiniéristes. « Nous voulions relancer cette culture, raconte Anthony de La Taste. En 2019, nous avons installé 10ha d’avocatiers : 500 000€ d’investissement pour la plantation des vergers et leur entretien jusqu’à ce que les arbres entrent en production. Tout ça sans trop savoir ce qui allait se passer. Le dernier épisode avait été un échec, c’était donc un sacré pari ! Au vu des résultats, aujourd’hui, nous sommes très satisfaits. »

Avocat Hass
En forme de poire, l’avocat corse Hass est recouvert d’une peau fine et granuleuse. Sa chair est vert clair et crémeuse. Crédit Domaines de la Taste.
Loic Anthony et Yoann de la Taste
De gauche à droite, Loïc, Anthony et Yoann de La Taste, producteurs d’avocats biologiques à Tallone (Haute-Corse). Crédit Domaines de la Taste.

L’avocat Corse : jusqu’à 500 tonnes dans le futur

Le choix des trois frères se porte sur la variété Hass, dont le fruit allie qualités gustatives et résistance au transport. Les vergers sont convertis à l’agriculture biologique. Assez vite, le succès est au rendez-vous, mais Anthony, Yoann et Loïc voient encore plus loin : « Nous avons rapidement réalisé qu’il fallait fédérer d’autres producteurs pour arriver sur le marché avec davantage de volume. L’association Tropicorse a été créée pour cela. Cette année, ensemble, nous avons vendu 100 tonnes d’avocats bio. Les volumes devraient croître pendant les cinq à sept prochaines années pour arriver à environ 400, 500 tonnes. »

Les avocats produits par les adhérents de Tropicorse sont commercialisés sous la marque Domaines de La Taste, en magasins spécialisés et chez plusieurs grossistes au MIN de Rungis. « Il y a un boulevard pour cette nouvelle culture en Corse, estime Isabelle Milleliri. Reste la question du prix : au moins le double de celui d’un avocat espagnol. Même si les consommateurs ont la volonté de consommer français, la concurrence étrangère pèse lourd. » Toutefois, un constat nuancé par Anthony de La Taste : « L’avocat espagnol est moins bon, trop souvent abîmé et n’apporte pas les mêmes avantages santé. Le client final pour un avocat corse biologique, c’est celui qui fait attention à sa façon de consommer ou le restaurateur qui a envie de valoriser l’origine sur sa carte. »

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