Le bar de l’Hôtel de Crillon invite des bars étrangers et s’ouvre à la clientèle parisienne

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Les Ambassadeurs, bar de l’Hôtel de Crillon, situé à Paris, propose, depuis juin dernier, à des bars étrangers de prendre possession des lieux durant une ou deux soirées. Ces invitations s’inscrivent dans une stratégie plus globale du palace d’ouvrir son bar dans le but d’attirer la clientèle parisienne.

Pierre Legentil (à g.), assistant manager, et Kevin Rigault (à dr.), bar manager des Ambassadeurs, à l'Hôtel de Crillon. Crédit : Aurélien Peyramaure / Au Cœur du CHR.
Pierre Legentil (à g.), assistant manager, et Kevin Rigault (à dr.), bar manager des Ambassadeurs, à l'Hôtel de Crillon. Crédit : Aurélien Peyramaure / Au Cœur du CHR.

Les Ambassadeurs, le bar de l’Hôtel de Crillon, situé dans le huitième arrondissement de Paris, s’ouvre depuis quelques mois à des bars étrangers. En effet, le Paradiso est venu les 5 et 6 juin 2023, en provenance de Barcelone, en Espagne, prendre possession du bar du palace. Les équipes de Himkok, établissement situé à Oslo, en Norvège, en ont fait de même le 26 juin. Enfin, celles du Swift London, bar de Londres, au Royaume-Uni, sont quant à elle venues le 4 juillet.

Cette idée de « guest shift », dans la langue de Shakespeare, n’est pour autant pas originale. « C’est un concept qui se pratique régulièrement dans notre milieu », indique en effet Kevin Rigault, bar manager des Ambassadeurs. « Cela nous permet d’échanger avec d’autres bars mais c’est également une façon d’amener d’autres idées », développe celui qui est arrivé à l’Hôtel de Crillon en septembre 2022, après avoir notamment travaillé au Royaume-Uni, pays duquel il a conservé un fort souvenir.

« La culture anglo-saxonne est celle que j’ai envie d’instaurer. J’ai évolué à Londres. Les hôtels cinq étoiles y sont très prisés de la clientèle anglo-saxonne, énormément de personnes n’y résident pas mais ce sont quand même des sorties accessibles. Les gens aiment beaucoup s’y rendre », explique-t-il. Raison pour laquelle l’idée est de rendre aux Parisiens l’Hôtel de Crillon qui est un ancien hôtel particulier.

La démocratisation du bar

En outre, lors de la rénovation de l’établissement, achevée en 2017 à l’issue de quatre années de travaux, il a été décidé de déplacer le bar pour le loger à la place du restaurant gastronomique alors nommé Les Ambassadeurs, situé au rez-de-chaussée du palace, non loin de son entrée principale. Ainsi, l’Hôtel de Crillon a privilégié l’accessibilité du bar afin que la clientèle parisienne ose plus facilement pousser les portes du palace sans qu’elle n’ait besoin de le traverser entièrement. En somme, un bar de place ouvert sur l’extérieur.

« Il s’agit d’une constante dans beaucoup de bars en Angleterre, c’est d’ailleurs peut-être pour cela que se rendre dans un bar d’hôtel y est beaucoup plus démocratisé », souligne Kevin Rigault. En outre, cette volonté va de pair avec celle attachée à l’ambiance : quelques touches de modernité apportées au lieu classé monument historique ; complétée par un service décomplexé organisé par une douzaine de salariés. « Nous voulons casser l’image de palace impressionnant. Nous souhaitons être plus avenant », précise-t-il ainsi.

La stratégie se retrouve également au niveau de l’offre de restauration avec une carte de tapas façon « finger food », qui, logiquement, ne nécessite pas de couverts. Côté cocktails, « nous essayons d’être modernes en nous calquant sur les tendances globales. Nous avons également envie de gommer les différences qui peuvent exister entre les modes d’un bar indépendant et celles d’un bar d’hôtel ». Ainsi, le bar manager considère Les Ambassadeurs comme un « lieu de vie », dans lequel « nous n’avons pas besoin d’avoir un événement à célébrer pour venir », avec une ambiance « plus décontractée ».

De prochaines invitations

La stratégie de l’Hôtel de Crillon semble alors porter ses fruits. En effet, le bar de 60 places assises à l’intérieur et d’une vingtaine sur la terrasse avec vue imprenable sur la place de la Concorde a réussi à se constituer une clientèle d’habitués. Le fait d’inviter des bars étrangers permet aussi de surprendre ces habitués et plus largement la clientèle locale.

« Je pense que les différentes soirées ont plutôt bien marché avec une clientèle qui a été réceptive. Je me souviens d’une habituée qui commande généralement un verre de vin et qui, ce soir-là, a commandé des cocktails. Elle m’en reparle », raconte-t-il, satisfait. De bons retours qui se sont par ailleurs matérialisés sur les réseaux sociaux, avec la page Instagram du bar qui a connu une forte augmentation de ses abonnés.

L’Hôtel de Crillon compte bien poursuivre sur cette voie. Deux bars ont dû reporter leur venue à l’année prochaine, du fait d’un calendrier chargé. Néanmoins, « nous regardons pour programmer deux autres bars pour la fin de l’année », précise Kevin Rigault, avant d’ajouter : « Nous préparons déjà l’année prochaine pour être plus performant et mieux communiquer. » Enfin, organiser la délocalisation des Ambassadeurs dans un bar étranger est dans les tuyaux, comme le confirme Kevin Rigault : « Nous avons la chance d’être dans un groupe [Rosewood Hotels, NDLR] donc il est plus facile d’organiser des échanges avec des bars du groupe. »

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