Plaidoyer pour la nuit
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Jean-Michel Déhais, directeur des rédactions et rédacteur en chef de l’Auvergnat de Paris et de Rungis Actualité, réagit à l’actualité des CHR.
Depuis le 14 mars 2020, les discothèques françaises n’ont pu ouvrir leurs portes que durant cinq mois, et cela au prix d’un protocole sanitaire des plus rigoureux. À titre de comparaison, les restaurants ont été autorisés à ouvrir 13 mois pendant cette période.
Bien sûr, les épidémiologistes pointent du doigt l’impossibilité de respecter les gestes barrière sur une piste de danse. Ce raisonnement est indiscutable. Mais sérieusement, qui imagine un seul instant qu’il est possible de mettre la jeunesse sous cloche hermétique près de deux ans ?
Sans même aller jusqu’à évoquer les fêtes sauvages ou les rave-parties, les citadins constatent tous les jours en jetant un œil sur leur voisinage que les fêtes se sont déplacées dans les appartements. Que celui qui n’a jamais fait une entorse aux règles sanitaires leur jette la première pierre…
En attendant, le maintien en activité des discothèques permettrait au moins de canaliser et de sécuriser en partie ces fêtes. Les exploitants ont le sentiment de jouer le rôle du baudet dans la fable Les animaux malades de la peste.
C’est un peu comme si on pouvait tout se permettre avec une profession construite autour du futile et de l’accessoire. Pourtant, le monde de la nuit n’a plus rien a voir avec le royaume de l’anarchie.
Depuis la fin des années 1990, sous l’impulsion d’André Daguin, ancien président de l’Umih et de son conseiller nuit de l’époque, Yves Bougeard, cette activité s’est professionnalisée. Ses acteurs se sont mués en chefs d’entreprise. L’un d’eux siège même au Palais-Bourbon. Il serait peut-être temps de faire confiance au monde de la nuit.