Bérangère Loiseau : à la hauteur de l’héritage

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La fille aînée de Bernard Loiseau, 33 ans, travaille aux côtés de sa mère (présidente du groupe), de sa sœur (cuisinière à La Côte d’Or) et de son frère (administrateur), au sein de l’enseigne familiale. Quinze ans après son premier portrait dans nos colonnes, « L’Auvergnat de Paris » a retrouvé une femme touchante et déterminée.

Bérangère Loiseau est vice-présidente du groupe Bernard Loiseau.
Bérangère Loiseau est vice-présidente du groupe Bernard Loiseau. Crédits : Au Coeur du CHR / Jérémy Denoyer.

Depuis sa disparition, le 24 février 2003, la famille Loiseau continue de faire vivre l’héritage de ce géant de la gastronomie française et mondiale, que fut Bernard Loiseau. La femme du chef triplement étoilé, Dominique Loiseau, a tout de suite repris le flambeau de La Côte d’Or à Saulieu (Côte-d’Or), rebaptisé Le Relais Bernard Loiseau, avant d’ouvrir de nouvelles adresses siglées Loiseau à Beaune (Loiseau des Vignes), puis à Dijon (Loiseau des Ducs).

«Pour Bernard, pour nos enfants, pour ses équipes et pour ses clients qui l’adulaient. C’était mon rôle. Ma mission », précise-t-elle. Aujourd’hui, sa fille aînée, Bérangère Loiseau, prend la relève. Ayant intégré le groupe Bernard Loiseau en 2013, en tant que responsable marketing, elle en est la vice-présidente. Très à l’aise dans cette fonction qu’elle occupe depuis avril 2021 (en dirigeant les volets communication et marketing du groupe), les projets de la stratégie «Ancrage 2023 » arrivent bientôt à échéance, et coïncident avec deux événements commémorant la mémoire de son père.

Retour d’un trophée bien connu

Le retour du Trophée culinaire Bernard Loiseau, sous l’égide de l’Académie culinaire de France, après trois ans de sommeil, et un grand festival rendant hommage au chef passionné, à l’occasion des 20 ans de sa disparition. C’est d’ailleurs la première fois qu’un événement d’une telle ampleur lui sera consacré. Cet hommage, qui se tiendra durant une semaine (entre février et mars 2023), à la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon, est une idée de Bérangère Loiseau. « 20 ans quoi ! C’est aussi, et surtout, parce que je n’arrive pas à me remettre du fait que c’était il y a 20 ans. Je n’arrive toujours pas à y croire. Parce que pour moi, il est toujours là », confie-t-elle, dans une émotion à peine masquée.

Un tel charisme, ça vous emporte !
Bérangère Loiseau, À propos de son père Bernard

Orpheline dès l’âge de 13 ans, Bérangère Loiseau dresse un portrait de son père plein d’admiration. « C’était un leader charismatique, même avec ses équipes. Mon père était quelqu’un de la trempe d’un Depardieu. Il faisait partie des gens qui en imposent. Un tel charisme, ça vous emporte ! Et toutes les personnes qui ont croisé un jour la route de Bernard Loiseau, sont marquées à vie ! », poursuit sa fille.

Les festivités ont vocation à mettre en lumière cette personnalité exceptionnelle. Mais surtout sa passion pour la gastronomie, ses techniques et l’excellence qu’elle nécessite. Une passion débordante qui pouvait infuser en dehors du cadre de la restauration. Sa fille semble partager aussi cet enthousiasme. Dans le reportage d’Envoyé spécial sur France 2 (17novembre), « La famille Loiseau : la gastronomie en héritage », Bérangère Loiseau affirme vouloir «être les meilleurs » de cet univers. À l’instar du volontarisme et de l’acharnement de son père. «Bernard Loiseau, il voulait être le meilleur. Et même moi quand j’allais à l’école, j’avais 5 ans, il me disait: Bérangère, trois étoiles ! Trois étoiles à l’école. »

Apporter une plus-value

Bérangère Loiseau n’a pas tout de suite pris le chemin des CHR. Pourtant, cette mère de quatre enfants a toujours eu la profonde conviction que «quoi qu’il arrive » elle reprendrait en main «cette maison ». Celle où elle est née, à Saulieu, et a habité les premières années de sa vie : «J’ai littéralement appris à marcher dans l’hôtel de La Côte d’Or. » Elle a intégré une école de commerce après son bac, l’ISG à Paris, afin de mettre «plein d’armes » dans son bagage. Elle découvre ainsi la finance à La Défense, s’exerce au conseil dans un cabinet, intègre une agence de publicité à New York, s’exile quelques mois en Asie et pratique l’expertise comptable.

En s’éloignant du secteur hôtelier, Bérangère Loiseau estime pouvoir apporter une plus-value à l’enseigne familiale. Cette marque conserve un véritable prestige aujourd’hui avec Le Relais Bernard Loiseau, dont l’hôtel 5 étoiles héberge toujours le restaurant La Côte d’Or (2 étoiles Michelin), à la tête duquel exerce le chef Patrick Bertron depuis 2003. Le groupe Bernard Loiseau détient également un macaron au Michelin, depuis 2014, avec sa table dijonnaise Loiseau des Ducs. Mais la vice-présidente du groupe Loiseau ne compte pas s’arrêter là. En effet, Bérangère Loiseau veut accroître l’œuvre de son père en 2023.

«Nous avons décidé de consolider tous nos savoir-faire et réaffirmer les valeurs de Bernard Loiseau », soutient-elle. Après avoir vendu l’établissement parisien, la maison Loiseau s’est recentrée en Bourgogne et s’apprête à reprendre l’investissement. Et toujours «bien ancrée » dans l’ADN de son fondateur, «l’excellence, l’authenticité, le terroir et l’innovation dans la tradition ». Des travaux ont déjà commencé au Relais de Saulieu et un nouveau restaurant ouvrira l’an prochain, à Besançon (Doubs). «En 2023, on a la niaque », soutient Bérangère Loiseau, en référence à l’expression favorite de son père. Sa présence est effectivement toujours là.

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