Jean-Charles Bouhet, Eva Loffler et Jean-Baptiste Comps : associer bière et rugby

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Après avoir créé La Banou, un bar microbrasserie au cœur de Brive, Jean-Charles Bouhet et Eva Loffler se sont associés à Jean-Baptiste Comps pour racheter l’hôtel Beau Rivage à Malemort. Ensemble, ils projettent d’y installer Cartouche & Cravate, une marque de bière et un pub dédié au rugby.

Jean-Charles Bouhet Eva Loffler
Jean-Charles Bouhet, Eva Loffler et Jean-Baptiste Comps. Crédit DR.

Il a fallu moins de quatre ans à La Banou pour devenir un carrefour incontournable de Brive-la-Gaillarde. Ce bar microbrasserie qui a pris place dans un ancien garage a vite trouvé son public. Les deux fondateurs, Eva Loffler et Jean-Charles Bouhet imaginent déjà l’avenir. Associés à Jean-Baptiste Comps, qu’ils ont connu sur les bancs de l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers, ils ont racheté dans la ville voisine de Malemort le Beau Rivage. Cet hôtel-restaurant, très bien situé, a connu son heure de gloire avant d’être délaissé puis abandonné depuis plusieurs années. Il va retrouver vie sous l’impulsion du trio qui veut y ouvrir dès le mois de novembre prochain la première unité de Cartouche & Cravate, une enseigne liée à la fois à la bière et au monde du rugby.

Les premières bières à la marque Cartouche & Cravate sont déjà sorties de la microbrasserie de La Banou. Les cinq recettes de base ont des noms évocateurs pour les adeptes des « troisièmes mi-temps » (cocotte et coquard, carton et caramel). Le nouveau concept de brewpub est destiné à terme à essaimer dans les villes du sud-ouest, d’abord en développement interne, puis en franchise. Par ailleurs, la passion brassicole d’Eva Loffler et Jean-Charles Bouhet est née lors d’un séjour du couple en Gaspésie, il y a une dizaine d’années. Ils ont ainsi découvert la culture bière québécoise, qui s’est développée autour de nombreux brewpubs qui brassent et proposent des produits divers, souvent très qualitatifs.

De La Banou à Cartouche & Cravate

À l’époque, cette démarche n’était pas très développé en France et les deux ingénieurs ont pris leur temps pour mettre en place le projet La Banou, nom de vache limousine qui a bercé l’enfance de Jean-Charles. Ce dernier, qui partage des origines bordelaises et corréziennes, a imaginé donner corps à son projet dans le cœur de ville de Brive. La Banou a ainsi ouvert ses portes en février 2020.

Le calendrier de la crise sanitaire aurait pu être fatal pour l’entreprise. « Mais finalement ce fut une chance, reconnaît Eva. Le remboursement de nos emprunts a été différé. Nous avons pu faire des livraisons et de la vente à emporter et surtout, nous avons pu fabriquer un stock qui a été précieux durant l’été qui a suivi. »

Avec cinq recettes permanentes et une restauration légère à base de planches et de produits locaux, comme les escargots de Bort-les-Orgues, La Banou a vite trouvé sa clientèle. Le ticket moyen tourne autour de 15€. Le couple prend soin d’animer le lieu en créant des brassins éphémères, mais aussi de nombreux rendez-vous réguliers comme les soirées quiz ou jeux de société. La brasserie dispose de 150 places assises, terrasse comprise, et bénéficie d’un outil brassicole capable de produire annuellement 1.000 hl de bière. Pour l’instant, 600hl sont brassés chaque année : 40% sont consommés dans l’établissement, 20% commercialisés par la boutique et 40% revendus à des professionnels locaux.

Grâce au projet Cartouche & Cravate, l’outil brassicole devrait tourner à plein régime. Auvergnat, originaire de Clermont-Ferrand, Jean-Baptiste Comps est venu s’associer au duo de La Banou pour accompagner cette nouvelle marque de bière. « La Banou fonctionne avec des recettes riches et plus sophistiquées, indique Jean-Baptiste Comps. L’idée de Cartouche & Cravate c’est de proposer des bières plus faciles à boire dans un esprit de “ troisième mi-temps ” de rugby. »

Nouvelle peau pour le Beau Rivage

Enfin, dans quelques mois, le premier pub Cartouche & Cravate ouvrira dans les murs de l’ancien hôtel Beau Rivage. Ce vaste établissement, installé sur la Corrèze, va ainsi retrouver vie après des années d’abandon. Il disposera d’une cuisine qui permettra à Jean-Baptiste Comps de proposer une restauration adaptée à base de burgers et de fish & chips. Le modèle économique sur lequel s’appuie le trio repose sur la commercialisation directe d’une grande partie de la bière produite. « C’est l’idéal, confirme Eva Loffler, nous n’avons pas de conditionnement en bouteille, pas de transport et surtout pas de distributeur intermédiaire. »

Par ailleurs, l’outil de La Banou devrait suffire à assurer parallèlement la production de Cartouche & Cravate. Pour autant, le trio a déjà préparé l’avenir, en investissant dans un entrepôt de 1.000m2 où est installée une ligne d’embouteillage. En cas de succès, Cartouche & Cravate pourrait se développer dans d’autres villes moyennes du Sud-Ouest, d’abord en propre et ensuite en franchise. Il faudra alors développer l’outil brassicole.

En attendant, l’agglomération se réjouit de la réouverture de ce qui fut l’hôtel Beau Rivage. Cette adresse qui offre 2.800m2 faisait la fierté de Malemort, petite ville dynamique de la banlieue de Brive. Elle abritait un restaurant, 14 chambres et surtout un dancing sur les bords de la Corrèze, actif jusqu’en 2012. Son propriétaire, Jacques Francy, décédé en 2022, à l’âge de 92 ans, avait déjà abandonné la restauration en 2004, mais n’avait jamais pu se résoudre à vendre le Beau Rivage.

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