Syndicaliste, une seconde nature

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Aveyronnais, patron du Malakoff et du Wilson, Hervé Dijols a toujours mené en parallèle une activité syndicale intense qui a finalement conduit cet indépendant à la tête d’une organisation dominée par la restauration organisée. Allié de l’Umih, son syndicat défend une vision entrepreneuriale de la profession.

Hervé Dijols
Hervé Dijols. Crédit L'Auvergnat de Paris.

Lors du dernier congrès de l’Umih, Hervé Dijols, coprésident du SNRCT (Syndicat national de la restauration thématique et commerciale), était très courtisé. Sa présence dans la salle lors de la réunion de la branche restauration fut saluée par le président, Hubert Jan. Désormais, le courant passe très bien entre les deux syndicats associés. Une fois de plus, Hervé Dijols a fait valoir ses qualités de négociateur et son esprit de synthèse pour aplanir les dernières méfiances qui pouvaient encore exister entre une organisation patronale dominée par les indépendants et le SNRCT, qui rassemble les groupes de restauration commerciale. Mais dans un univers de la restauration où les acteurs présentent des profils de plus en plus entrepreneuriaux, les querelles entre les indépendants et les groupes appartiennent aujourd’hui au passé.

Hervé Dijols est d’autant plus à l’aise dans ses discussions avec l’Umih qu’il est lui-même un pur indépendant. Il dirige en effet deux brasseries de la place du Trocadéro, l’emblématique Malakoff , racheté par ses parents en 1956, et le Wilson, qu’il a acquis en 2009. Ce métier s’est imposé à lui comme un choix raisonné. Adolescent, il s’est orienté vers le CFA Médéric, mais par la suite, il a bifurqué vers des formations militaires et a porté l’uniforme quelques années, avant de revenir épauler ses parents au Malakoff , puis de prendre leur succession. Dans ces deux établissements, Hervé Dijols emploie 48 personnes et ce patron reconnaît qu’à ce stade, il n’est plus présent dans ses restaurants lors des services. Il concède qu’il préfère les tâches de management, d’organisation et de stratégie au contact quotidien avec le client. D’ailleurs, il doit aujourd’hui consacrer toute son énergie à la gestion de son entreprise, mais aussi au syndicalisme, qui occupe une bonne partie de son temps depuis une trentaine d’années. Son père, avant lui, avait déjà la fibre syndicale et, à peine revenu dans l’entreprise familiale, en 1988, Hervé Dijols l’a accompagné aux réunions de ce qui s’appelait alors le SNRLH. Remarqué par Jean Blat, il a vite progressé dans les instances dès le milieu des années 1990, pour rapidement devenir le premier vice-président du Synhorcat.

La nouvelle aventure du SNRTC

Il y a une dizaine d’années, il a décidé, pour des raisons personnelles, de lever le pied, en quittant le Synhorcat. « Je devais conduire mes affaires d’un côté et de l’autre, au nom du syndicat, je détenais 23 mandats au sein des instances et des commissions, se souvient-il. Mon temps ne m’appartenait plus. »

Mais cette diète syndicale fut de courte durée. Philippe Labbé (Courtepaille), alors président du SNRTC, l’a persuadé de le rejoindre pour épauler l’équipe dirigeante. « J’ai travaillé sur le dossier de la représentativité », résume-t-il. Le savoir-faire en la matière d’Hervé Dijols est apprécié. De son passé militaire, il a gardé un sens de la rigueur et de la précision. Il possède une rare aptitude à intégrer rapidement les dossiers les plus complexes et connaît tous les rouages de l’administration et de la politique. Enfin, il a une réputation de rude négociateur. Armé de ces qualités, il s’est vite imposé au sein de l’organisation de la rue de la Trémoille et il ne fut guère surprenant de le voir surgir en mars 2018 à la coprésidence qu’il partage avec Antoine Barreau (représentant du groupe Le Duff). Le SNRTC rassemble peu d’adhérents directs, mais pèse en revanche très lourd si l’on comptabilise les 1 500 restaurants détenus par les différentes enseignes qui y siègent. Ces établissements totalisent 45 000 employés et réalisent 2,7 Md€ de CA. L’arrivée d’Hervé Dijols à la coprésidence du SNRTC a coïncidé avec celle de Jean-Virgile Crance à la tête du GNC, qui rassemble les chaînes hôtelières. Le courant passe bien entre ces deux hommes qui, en tant que dirigeants de syndicats associés, pèsent un poids considérable au sein de l’Umih.

Parmi les adhérents du SNRTC, le Cantalien Olivier Bertrand, qui détient de très nombreux restaurants, occupe une place de choix. Ce n’est pas pour déplaire à Hervé Dijols, pur Aveyronnais dont la résidence secondaire d’Entraygues-sur-Truyère ne se trouve qu’à une quarantaine de kilomètres de celle d’Olivier Bertrand, à Pailherols. Entre Auvergnats de Paris, le courant passe.

En réalité, le berceau de la famille Dijols se situe plutôt à Laguiole. Il y a près de vingt-six ans, la famille du restaurateur a organisé dans cette ville d’Aubrac une cousinade qui a rassemblé 600 personnes appartenant à des degrés plus ou moins éloignés à sa lignée. La saga de cette famille d’Aveyronnais de Paris devrait se poursuivre place du Trocadéro lorsqu’Hervé Dijols décidera de prendre du recul. La relève semble largement assurée. Le restaurateur a la satisfaction de voir que son beau-fils, saint-cyrien, a intégré HEC, tandis que sa fille est diplômée de Glion et suit actuellement un double cursus à l’école Bocuse et à l’EM Lyon.


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