Thierry Marx à l’Umih : « je veux monter une task force »

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En se portant candidat pour la présidence de l’Umih, le binôme Thierry Marx et Eric Abihssira entend participer activement à la modernisation de la profession.

Thierry Marx se présente à l'Umih.
Thierry Marx se présente à l'Umih. Crédits : Au Coeur du CHR.

Thierry Marx, chef doublement étoilé au Mandarin, à Paris et présent dans de nombreux établissement a décidé de faire acte de candidature à la présidence de l’Umih avec pour colistier et vice-président, Eric Abihssira président de la Fédération de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme de Nice Côte d’Azur.

Qu’est-ce qui vous a poussé à candidater à la présidence de l’Umih?

Je suis adhérent depuis longtemps à ce syndicat. C’est une organisation que j’apprécie et je me suis toujours intéressé à ce qui s’y passe. J’ai toujours estimé qu’on ne pesait pas assez lourd dans nos négociations avec les pouvoirs publics. C’est pour cela que j’ai décidé d’y aller, afin d’essayer de peser et de travailler sur les grands dossiers de demain : la mutuelle, le social et la qualité environnementale de ce métier.

Peut-on encore ouvrir un hôtel sans se préoccuper de son bilan environnemental ou un restaurant de son empreinte carbone?

Il faut mieux accueillir les touristes et je souffre aujourd’hui du manque d’hôtels restaurants indépendants dans des zones rurales désertifiées. Les étrangers qui viendront bientôt en France pour la Coupe du monde de rugby ou les Jeux olympiques s’attendent à trouver des établissements qui répondent aux attentes actuelles des clients. Peut-on encore ouvrir un hôtel sans se préoccuper de son bilan environnemental ou un restaurant de son empreinte carbone?

Comment un chef médiatique présent dans plusieurs établissements peut-il diriger une centrale syndicale?

Être occupé ne m’empêche pas de me préoccuper de l’avenir du secteur. J’ai dit qu’un fois élu, je consacrerai du temps au syndicat. J’ai 63 ans, je dispose de davantage de temps que j’en avais à 40. Je crois aussi que je fais preuve de davantage de disponibilité et d’ouverture. Je veux monter une “task force” capable de faire évoluer durablement les métiers de l’hôtellerie et de la restauration.

Vous êtes animé par un fibre sociale particulière dans vos engagements. Pensez-vous que c’est un atout dans cette élection?

J’ai en effet créé les formations Cuisine mode d’emploi qui ont reçu l’appui de l’Umih. Les résultats sont là. On a ramené 6 500 personnes vers nos métiers. Nous les avons formé en 11 semaines avec à la clé 92 % de retour à l’emploi. C’est une manière de donner une forme d’épanouissement à de nombreuses personnes éloignées de l’emploi. Aujourd’hui, un jeune qui sort d’une école hôtelière n’accepte plus de devenir commis de cuisine. Il nous faut trouver des alternatives pour pourvoir ces emplois.

Ne craignez-vous pas que votre discours social rebute une partie des patrons d’hôtels-restaurants?

Je ne pense pas. L’emploi est un sujet majeur et sur le terrain les patrons qui travaillent avec des personnes qui sortent de la formation Cuisine mode d’emploi comprennent l’intérêt de notre travail. J’ajoute que je veux me mettre au service de la profession et être le porte voix de toutes les entreprises. Je veux exercer un mandat global qui ne sera pas limité aux questions d’avenir. Je n’éviterai pas les problèmes actuels comme le remboursement des PGE, le prix de l’énergie, la hausse des prix des produits.

Un chef 2* qui se présente à la présidence de l’Umih, cela ne vous rappelle pas un certain André Daguin, en 1998?

C’était un modèle pour moi. J’ai eu la chance de le croiser à plusieurs reprises. J’ai travaillé avec son fils Arnaud sur l’impact environnemental de la restauration. Je me souviens qu’à l’époque d’André Daguin, l’Umih revendiquait 60 000 à 70 000 adhérents. Elle en rassemble aujourd’hui 35 000. Je suis là pour rassembler et moderniser cette structure. Je ne viens pas chercher une notoriété. J’attends simplement que l’Umih devienne ce que j’ai toujours désiré qu’elle soit, un outil pratique et efficace.

Votre binôme avec Eric Abisshira, dirigeant d’un hôtel haut de gamme sur la côte d’Azur n’est-il pas trop connoté luxe?

J’ai choisi Eric Abisshira pour son engagement et son implication. Je ne milite pas pour un tourisme de luxe, mais pour que l’on renoue avec la qualité. En France, on se laisse trop souvent aller à la facilité du low cost. Ça a tout pourri : le tourisme, l’agriculture, l’artisanat. La qualité, cela peut se trouver à tous les prix. L’hôtellerie de plein air est parvenue à le démontrer.

Quels seront les principaux axes du mandat que vous sollicitez?

L’impact social et la formation professionnelle en accomplissant un travail sur la question des mutuelles et du social.

Les questions environnementales. Il faut entrer dans un cercle vertueux avec un tourisme plus vert, plus attractif qui donne envie aux touristes étrangers de passer davantage de temps en France.

Développer le tourisme rural, c’est le tourisme de demain, plus lent, plus doux et moins carboné. Il y a un grand combat à mener.

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