Viande in vitro : le Sénat ouvre le débat

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La viande in vitro reste une nouveauté culinaire et agroalimentaire source de réticences. Le Sénat questionne actuellement son développement.

La viande in vitro est créée en laboratoire. Crédits : Alice Mariette

La viande créée in vitro est produite en laboratoire à l’aide de techniques de bio-ingénierie. Seulement, ce que certains scientifiques nomment « agriculture cellulaire » et qui créer des adeptes chez les défenseurs des animaux et dans l’industrie agroalimentaire, est parfois perçu comme un ersatz de viande destiné aux petits budgets. Alors, le développement de cette nouvelle technologie est-il un danger pour les consommateurs et les producteurs de viandes françaises ?

Les débuts du débat en France se préparent au Sénat où Olivier Rietmann, éleveur et sénateur LR de la Haute-Saône, travaille sur un rapport définissant « les perspectives de développement » de la viande in vitro. Avant son rendu prévu pour le mois de mars 2023, une mission d’information s’est tenue ce 8 février, avec notamment Étienne Duthoit, fondateur de la start up Vital Meat, Nicolas Morin-Forest, cofondateur de la société Gourmey, Jean-François Hocquette, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et Thierry Marx, chef cuisinier et président de l’Umih.

Une viande, deux classes

Pour l’instant, aucun consensus ne s’est dégagé, de nombreuses craintes persistent quant à la commercialisation de ce produit. Thierry Marx a déclaré qu’il refuserait « d’en mettre a sa carte » car ce produit n’est pas au standard qualitatif et nutritionnel d’une viande d’élevage. « Les nuggets issues de la viande in vitro n’ont aucun goût. Et on sait comment l’industrie agroalimentaire va s’y prendre pour mettre des arômes », a-t-il prévenu.

Ce dernier redoute également que le produit ne rende la viande d’élevage traditionnelle encore moins accessible aux petites bourses. Selon lui, le fait de créer un aliment qui reproduit à l’identique les caractéristiques d’une viande, sans en être, c’est s’inscrire dans « une logique de l’alimentation low-cost promut par l’industrie agroalimentaire. »

Outre la qualité nutritive et gustative proposée aux clients, la concurrence directe avec la filière agricole et, par extension, le monde de la restauration dans sa globalité, inquiètent nombreux sénateurs issus de régions d’élevages. Pour l’heure, le processus de mise sur le marché est en encore en cours au niveau européen.

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