Vignoble de Loire, riche de diversité

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Blanc sec, blanc moelleux, rouge, rosé et fines bulles. La panoplie des vins de Loire se révèle très large, à l’image de la multiplicité des terroirs ainsi que des cépages du Val de Loire et du Centre-Loire. Cet atout majeur est complété par des caractéristiques de fraîcheur et de buvabilité qui séduisent les consommateurs.

Vignoble de Loire
Le vignoble du Val de Loire s’étend de la région nantaise jusqu’à Blois. Crédit Stevens Fremont.

Atout France, agence de développement touristique de la France, annonçait en décembre dernier l’organisation à Angers (Maine-et-Loire) de l’édition 2024 de Destination Vignobles. C’est tout sauf un hasard pour le vignoble de Loire d’accueillir ce salon porté sur l’œnotourisme. En effet, il a été « nommé premier vignoble œnouristique de France pour la qualité de son accueil », comme l’indique Atout France. Surtout, ce sont ses nombreux et indéniables atouts qui lui permettent de tirer son épingle du jeu vis-à-vis des autres vignobles de l’Hexagone. « La Loire correspond au vignoble le plus étendu de France avec une multitude d’appellations », expose ainsi Vincent Barraud, directeur marketing d’Alliance Loire. Cette dernière regroupe sept caves coopératives du Val de Loire, allant de la région nantaise à la Touraine, avec une entité majoritaire, la cave Robert et Marcel.

Deux interprofessions se partagent la représentation des vins de Loire. D’une part, InterLoire, avec 2.700 vignerons, 410 négociants et 16 caves coopératives répartis sur 54.000ha, du bassin du Muscadet jusqu’à Blois, en Touraine. D’autre part, le Bureau interprofessionnel des vins du Centre-Loire (BIVC), pour plus de 700 vignerons, sur 6.000ha principalement concentrés entre Sancerre (Cher), Bourges (Cher) et Nevers (Nièvre). De plus, ce sont au total, Val de Loire et Centre-Loire confondus, plus d’une quarantaine d’appellations et trois IGP, preuve d’une grande diversité de terroirs.

Sancerre Pierre Mérat
Le vignoble de Sacerre, en Centre-Loire. Crédit Pierre Mérat.
Saumur Champigny
Clos Cristal, Hospices e Samur, Samur-Champigny AOP 2017. Crédit festindigitalagency.

Du vin de toutes les couleurs

À cette richesse s’ajoute également celle des vins. En effet, même si la couleur caractéristique correspond au blanc, il est possible de retrouver la quasi-totalité de ce qui peut être imaginé dans l’univers du vin : du blanc sec, du blanc moelleux, du rouge, du rosé, sans oublier de l’effervescence à travers les fines bulles de Loire. « Vous pouvez faire tout le repas avec nos vins », s’en amuse même Kathleen Van den Berghe, vigneronne propriétaire, depuis 2010, du Château de Minière à Coteaux-sur-Loire (Indre-et-Loire) et, depuis 2016, du Château de Suronde à Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire), qui propose un tel panel. « Vous ne pouvez pas ne pas aimer les vins du Val de Loire », abonde Pierre-Jean Sauvion, président de la commission communication d’InterLoire, soulignant le fait que chaque personne appréciera forcément l’un des nombreux vins des vignobles de Loire.

Cependant, « la Loire est riche d’une diversité extraordinaire mais nous ne la revendiquons pas, nous cherchons une certaine cohérence », assure Édouard Mognetti, directeur du BIVC, à propos du Centre-Loire, avec un fort attachement aux cépages. Ainsi, tandis que cette dernière région revendique être le berceau du sauvignon, c’est le chenin qui caractérise les blancs du Val de Loire. Ce dernier cépage « permet de faire les plus belles choses dans tous les domaines : sec, moelleux et bulles. Nous l’appelons le caméléon ou l’exhausteur de terroir », détaille Pierre-Jean Sauvion. Côté rouge, le grand cépage régional n’est autre que le cabernet franc.

La fraîcheur, clé du succès

Par ailleurs, dans un contexte de décroissance de la consommation de vins – un phénomène encore plus marqué pour les rouges –, ceux de Loire connaissent une situation moins alarmiste. « Il s’agit du vignoble français qui se porte le mieux, avec le moins de décroissance », explique ainsi Vincent Barraud d’Alliance Loire, avant de préciser : « Nos ventes se sont plutôt développées ces dernières années même si le deuxième semestre 2023 s’est révélé plus atone. » Cette relative bonne santé, en comparaison avec les autres vignobles de France, peut se justifier par les caractéristiques générales de la production. En effet, l’alliance du terroir et des cépages ainsi que le positionnement septentrional du vignoble confèrent aux vins des qualités de fraîcheur et de buvabilité qui leur sont unanimement reconnues.

« Les vins se portent plutôt bien. La Loire bénéficie d’un certain engouement et le Centre-Loire particulièrement. Et ce, grâce à la qualité des vins, à la fraîcheur qu’ils réussissent à conserver en dépit du réchauffement climatique. Le consommateur a envie de fraîcheur alors que les vins ont tendance à s’alourdir », analyse Édouard Mognetti du BIVC. En outre, le fait que les blancs secs et les effervescents connaissent une meilleure conjoncture profite particulièrement aux vins de Loire, parmi lesquels les deux catégories occupent une large place. « Aujourd’hui, il y a un autre regard sur nos vins avec un climat plus frais [par rapport aux autres vignobles] qui donne de l’élégance et de la buvabilité. Sans oublier la tendance aux degrés moins importants. Ce qui coche toutes les cases des vins de Loire. Il y a ces équilibres, cette fraîcheur. C’est notre définition et notre identité », poursuit Pierre-Jean Sauvion, d’InterLoire.

Un objectif ambitieux

« La Loire est l’une des régions viticoles les plus dynamiques sur l’environnement », lance en outre Pierre-Antoine Giovannoni, vigneron propriétaire du Château de la Viaudière, situé à Bellevigne-en-Layon (Maine-et-Loire). Ce dernier se trouve par ailleurs président du Salon des vins de Loire, qui se tient les et 6 février, à Angers. Précisément, 37% des surfaces viticoles du Centre-Loire sont actuellement en bio, en conversion ou en biodynamie. Aussi, plus de 70% du vignoble est sous certification environnementale.

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Le Salon des vins de Loire se tient les 5 et 6 février au Parc des expositions d’Angers. Crédit DR.

L’objectif, ambitieux, est d’atteindre les 100% d’ici à 2030. Du côté du Val de Loire et de ses vignobles, le but reste le même. Cet engagement environnemental particulièrement poussé pourrait chercher son origine du côté de la moindre attractivité des vignes, selon Kathleen Van den Berghe : « Je pense que la Loire, comme le Languedoc, correspond à un terroir d’expérimentation avec des vignes pas chères. Cela attire beaucoup de nouveaux venus qui sont très conscients de ces enjeux. »

Des récoltes sensibles aux climats

Néanmoins, malgré la bonne santé générale, la problématique des aléas climatiques demeure dans les têtes. En cause, des récoltes en dents de scie qui ne permettent pas aux vignerons de pleinement exploiter le potentiel de leurs vignes. « Avec le changement climatique, nous passons d’un extrême à un autre, avec un problème de régularité de la production. Or, il nous faut être capable de répondre à toute la demande », confirme Pierre-Jean Sauvion, d’InterLoire. En outre, tandis que la production du Centre-Loire atteint chaque année en moyenne 320.000hl pour leurs vignobles, celle du Val de Loire tourne aux environs de 2,2 et 2,3Mhl en AOP.

Mais, « il s’agit d’une moyenne très délicate avec les dernières années », souligne le représentant d’InterLoire. Les récoltes inégales créent ainsi du tort aux vins de Loire, en particulier sur les tables des CHR. En effet, « il y a de cela six ans, les vins de Loire étaient la référence numéro un des cartes de restaurants. Nous avons perdu cette place pour des problèmes de récolte », regrette Pierre-Jean Sauvion, qui défend leur place à table : « Dans un accord mets et vins, il faut de la fraîcheur pour que le vin ne passe pas au-dessus. Or la fraîcheur, c’est nous. »

Innover pour le consommateur de demain

Malgré cela, le vignoble de la Loire a des raisons d’espérer un futur radieux. Les vignerons n’hésitent pas à innover. Kathleen Van den Berghe a notamment lancé une cuvée d’effervescent rouge, mais également un blanc de noirs tranquille. Cette année, elle expérimente « un rouge très léger, Glouglou, très différent de la gamme traditionnelle ». Alliance Loire a, quant à elle, choisi de viser les 25-35 ans à travers un format nomade, nommé Sans Pépin. Présenté en blanc et en rosé, ce vin finement pétillant est disponible dans une bouteille en verre de 20cl équipée d’une vis.

Justement, cette classe d’âge qui représente le consommateur de demain pourrait bien constituer aussi un levier d’avenir. « Nous voyons sur les salons que la jeune génération entre souvent dans la connaissance des vins par la Loire parce que nous avons une offre large et une accessibilité en termes de prix qui leur permet facilement de venir les découvrir sans casser leur tirelire », conclut le vigneron Pierre-Antoine Giovannoni.