Rebecca Rohmer : la cheffe aux deux univers

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Rebecca Rohmer a fondé en 2019, son restaurant Riv’K. Des brigades de Christian Constant, en passant par le Bristol ou Aux prés du chef Cyril Lignac, la jeune cheffe a su construire une solide expérience et redoubler d’efforts avant de trouver son public.

La cheffe Rebecca Rohmer.
La cheffe Rebecca Rohmer.

Rebecca Rohmer assurera prochainement l’ouverture de sa deuxième table. Il faut dire que depuis la naissance de son premier établissement, Riv’K (Paris 18e), en 2019, le succès est au rendez-vous et que les gourmets se bousculent à la porte de son restaurant.

À 28 ans, la jeune cheffe affiche déjà la sérénité de certains de ses confrères et consoeurs qui ont 20 ans de métier. Dans l’ascension de Rebecca Rohmer, rien n’est dû au hasard. La cuisine, elle a ça dans la peau. « Je fais ce métier depuis toute petite, même si mes parents m’ont poussée à m’inscrire dans une filière générale. Après le Bac, j’ai donc suivi un stage de mise à niveau car je souhaitais intégrer des écoles comme Ferrandi ou Médéric. Il me fallait un meilleur dossier », se souvient la cheffe. Elle assure alors six mois de cours, puis six mois de stages.

C’est le maître queux Christian Constant, chef propriétaire des Cocottes, qui lui octroie en 2014 son premier poste de commis dans une grande brigade. « Il n’est pas si difficile d’intégrer une grande maison, le plus dur est d’y rester », observe-t-elle. L’expérience se révèle concluante, à tel point que la cheffe signe un CDI. Si elle garde un bon souvenir de l’ensemble des cuisines par lesquelles elle est passée, Rebecca Rohmer ne tarit pas d’éloges sur son expérience chez Christian Constant : « Quand on sort d’une maison comme celle-ci, on sait faire énormément de choses. C’est l’école de la rigueur et de l’organisation. »

Convaincre les banques

Être la seule femme de l’équipe en cuisine ne l’a jamais déstabilisée. En 2016, Rebecca Rohmer rejoint Le Terroir parisien de Yannick Alléno, place de la Bourse. À l’époque, le chef triplement étoilé du Pavillon Ledoyen tente l’aventure bistronomique ; une idée qui séduit Rebecca mais qui tourne court. Commence alors « la route des étoilés » où la cheffe enchaîne les stages dans de beaux établissements : le restaurant Dominique Bouchet, La Table d’Eugène, Le Bristol… La Table d’Eugène était pourvue d’une annexe où l’on pratiquait une cuisine de bistrot. Rebecca Rohmer alternait ainsi entre les deux adresses afin de parfaire sa technique.

Elle pose finalement ses casseroles chez Cyril Lignac, au restaurant Aux Prés, puis se fait la main sur une ouverture d’établissement dans le 11e arrondissement de Paris. « Je me suis dit que j’étais enfin prête à ouvrir mon restaurant, mais les débuts ontété très compliqués. Il a fallu convaincre les banques. C’était un parcours du combattant, beaucoup d’entre elles m’ont claqué la porte au nez car elles estimaient que j’étais trop jeune. Un banquier m’a finalement accordé un prêt à la condition que j’obtienne un diplôme, alors j’ai passé un CAP Cuisine », déroule-t-elle. CAP en poche, elle a pu débloquer les fonds et lancer Riv’K.

Dans ce restaurant intimiste de 28 couverts, Rebecca Rohmer sublime une cuisine fusion israélo-asiatique. La cheffe revendique le retour d’une gastronomie qui emprunte à différentes cultures culinaires. En entrée, on trouve ainsi un houmous de pois chiches noirs accompagné d’un tempura de tofu au zadar et agrémenté de chips de morilles. « J’essaye de raconter une histoire enproposant mes plats. Je parle de mes origines israéliennes et aussi de mes voyages en Asie », plaide-t-elle. Rebecca Rohmer s’appuie sur une petite équipe de cinq personnes. Riv’K est fermé tous les midis, sauf le week-end, ce qui permet à la cheffe « de se concentrer sur le soir » où elle peut assurer jusqu’à trois services.

Du côté des tarifications, le prix moyen d’une entrée se situe à 14 € quand celui d’un plat affiche 28 €. On ne trouve ni formule ni menu. Cela ne semble pas effrayer la clientèle dans la mesure où le restaurant Riv’K est complet à chaque ouverture, avec une quarantaine de couverts en semaine et des pics de 100 couverts par jour le week-end.

Se réinventer

Si pour beaucoup de restaurateurs la crise sanitaire fut une période synonyme de souffrances, pour d’autres, elle a permis de se réinventer. « Quand j’ai ouvert mon établissement, j’avais la tête dans le guidon. J’ai pu prendre du recul, j’ai fait des travaux et ajouté des détails à ma cuisine tout en me consacrant davantage à la communication. Les confinements auront eu le mérite de me recentrer sur des points essentiels et je suis convaincue que, sans ça, Riv’K n’aurait pas du tout trouvé le même succès », confie la jeune femme.

Tout en menant de front l’exploitation de son établissement, Rebecca Rohmer travaille activement sur son second bébé, une déclinaison de Riv’K qui sera ouverte le midi. « L’idée est de créer une cantine israélienne, avec des formules cette fois-ci », dévoile-t-elle. Cette nouvelle adresse prendra corps dans le 8e arrondissement de Paris et permettra aux amoureux de la cuisine de la cheffe de trouver des propositions plus accessibles, mais tout aussi gourmandes.

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