Témoignage : une terrasse estivale ? « N’y pensez même pas… »
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En mars 2023, au 6 rue Perronet, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, ouvre le restaurant japonais Ojii (Paris 7e). À sa tête : Arthur Cohen. Il demande par deux fois l’autorisation d’une terrasse estivale, deux places de parking étant installées devant. Et à chaque fois, c’est non !
L’histoire d’Arthur Cohen ou comment un jeune restaurateur plein de dynamisme se heurte à un Trou noir, non pas galactique, mais administratif. Une histoire abracadabrantesque, voire kafkaïenne. Arthur Cohen, son frère Victor et son directeur artistique Olivier Leone se sont associés pour fonder une société, peu avant la Covid. Celle-ci est constituée aujourd’hui de trois restaurants : l’Onii San, un Izakaya (pub japonais) rue des Archives dans le 3e arrondissement de la capitale ; À la cloche des Halles, une brasserie dans le 1er arrondissement et Ojii, un autre établissement japonais. Situé au 6, rue Perronet (Paris 7e) au cœur de Saint-Germain-des-Prés, il dispose d’une surface commerciale d’environ 90 m2 et de 45 couverts. Une équipe de 10 personnes avec les extras y travaille, sous la houlette du chef Yuji Mikuriya. La particularité de ce restaurant : devant la porte deux places payantes de parking.
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Ce lieu était auparavant un restaurant italien, Le Perron, qui a fermé ses portes en 2019. Puis en mars 2022, Arthur Cohen reprend le local. Un an plus tard, Ojii accueille ses premiers clients. « Quand j’ai racheté ce lieu, explique-t-il, il existait une promesse de terrasse éphémère suite à la Covid. À ma grande surprise, en avril 2023, la mairie de Paris refuse ma demande une première fois. Avec comme justification de cette décision, un argument pour le moins flou. À savoir : une mauvaise lecture du plan de l’urbanisme de leur part, d’où cette réponse négative ! Alors que dans le même temps, la mairie du 7e arrondissement ne voyait pas l’ouverture de cette terrasse d’un mauvais œil. »
Selon le proverbe, « qui ne tente rien n’a rien ». Deux places de parking, c’est 26 couverts en plus. Ce qui est loin d’être négligeable. Sans attendre, Arthur Cohen soutenu par son avocat, Philippe Meilhac, refait alors une demande d’autorisation. Et les mois s’écoulent, d’où un certain épuisement de sa part. « Je ne savais pas quoi faire, comme aujourd’hui du reste. Que ce soit à la mairie d’arrondissement ou à la mairie de Paris, personne ne me répondait malgré mes nombreuses requêtes, qu’elles soient numériques ou non. Silence total. »
Une frustration
Et le couperet est tombé : Arthur Cohen reçoit un second refus. L’idée d’installer malgré tout une terrasse estivale sans attendre une quelconque autorisation a effleuré l’esprit d’Arthur Cohen. Une initiative qui naturellement ne verra pas le jour sur les conseils de son avocat. Ce nouveau refus est d’autant plus préjudiciable qu’il a un coût. Les pertes sont estimées entre 200.000 et 300.000€, pour un chiffre d’affaires global de l’ordre de 1,5M€. « Cela dit, Ojii demeure une belle affaire. Je ne suis pas en difficulté financière, mais c’est un souci. Si on corrèle les demandes de terrasses estivales au bon vouloir des voisins, aucune ne verra le jour. Une réglementation existe pour cela. Et tout est une question de confiance. » Ou comment empêcher un chef d’entreprise plein d’élan d’entreprendre… Le fait du prince.
À l’heure où la France va accueillir un siècle plus tard (1924) les JOP, il est regrettable qu’une partie des bars et des restaurants parisiens reste au bord de la piste.