Les nouvelles terrasses des Champs-Élysées dévoilées

À moins d’un an des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, la ville de Paris souhaite s’afficher sous son meilleur jour. Pour cela, quoi de mieux que de proposer un renouvellement de la plus belle avenue du monde ? Le premier chantier s’attèle ainsi aux terrasses qui longent l’avenue des Champs-Élysées. D’ici au 1er avril 2024, 19 nouvelles terrasses (dont huit saisonnières), uniformisées et démontables, vont prendre place, en remplacement de celles actuelles, disparates et imaginées par chaque commerce selon ses besoins et envies.

Le projet est conduit par le Comité Champs-Élysées, association visant à agir pour la promotion, le développement et la notoriété de l’avenue ainsi que de son quartier, en concertation avec la Ville de Paris et les commerçants adhérents au comité.

Un projet global de réfection des Champs

« La Ville de Paris veut que les Champs-Élysées soient dans un meilleur état pour les Jeux olympiques. Si le projet n’avait pas été initié par le comité, la Ville aurait été fondée à imposer ses idées. La plus belle avenue du monde ne peut pas avoir les terrasses les plus moches de la terre », a ainsi lancé Marc-Antoine Jamet, président du comité et par ailleurs secrétaire général du groupe LVMH, lors d’un point presse organisé le 26 septembre.

Ce projet de terrasses s’inscrit en effet dans un projet plus global de réfection de l’avenue. Des travaux ont déjà eu lieu, avec des arbres plantés, des îlots centraux améliorés, des allées redessinées mais également des trous dans les trottoirs comblés. Ils précèdent une rénovation d’ampleur, dans le cadre du plan baptisé Réenchanter les Champs-Élysées. Le cahier des charges sera en outre remis à la fin de l’année 2023 ou au début de l’année 2024.

Le Comité Champs-Élysées a confié le projet à l’agence du designer belge, vivant à Paris, Ramy Fischler. Celui-ci, qui travaille sur le dossier depuis un an et demi, s’est inspiré des vacheries anglaises, ces halles ouvertes dotées simplement d’un toit posé sur des poteaux. L’idée est en effet d’inciter à la balade et à la contemplation, et donc, à l’inverse, de mettre un terme au slalom des piétons entre les différentes terrasses, qui peuvent par ailleurs masquer les façades d’immeubles parfois classés monuments historiques.

La volonté d’homogénéiser

Dans un souci d’homogénéité, les nouvelles structures, plus transparentes et légères que leurs aînées, seront ainsi alignées et toutes disposées selon la même orientation, à proximité de la route, au niveau de la première rangée d’arbres, afin de laisser un large trottoir pour faciliter les flux de personnes. « L’idée est de redonner de la cohérence », a insisté Ramy Fischler.

La terrasse, pensée en trames de 4,20 m de large, peut en compter de une à six. Chaque structure pourra ainsi bénéficier de 31 à 136 m2 de surface. Le toit, d’une unique couleur « vert réséda », disposera en son centre d’un store motorisé. De plus, une toile extérieure « gris argile » l’entourera.

La toile extérieure grise pourra afficher le nom du commerce et son logo, aux emplacements prévus, avec des tailles calibrées, pour conserver une esthétique uniforme. « La Ville de Paris veut donner la part belle à l’avenue et non aux marques », a précisé le designer. En outre, des batteries rechargeables équiperont l’ensemble des structures, signant ainsi la fin des câbles électriques pendant entre les commerces et leurs terrasses.

Néanmoins, des éléments de personnalisation seront possibles. Les commerçants pourront décider de s’équiper, ou non, d’un pare-vent vitré d’une hauteur de 1,30 m, destiné à couper le vent et la pluie mais également à sécuriser l’espace. Ils auront également le choix, pour la couleur intérieure, entre cinq références (rouge, bleu, noir, vert et gris) pour être le plus en phase avec l’identité de leur marque.

Du mobilier spécialement créé

Aussi, le cabinet de design a spécialement créé une collection de mobiliers, baptisée « Champs-Élysées ». Les commerçants auront le choix entre deux collections, composées d’un set de sept modèles : une en métal conçue par Fermob, l’autre en rotin, produite par Maison Gatti.

Par ailleurs, « le côté démontable est important parce que cela reste du mobilier précaire », a indiqué le designer, citant en exemple un événement ou une raison sécuritaire justifiant alors du démontage, partiel ou total, de la structure. « Le but était d’arriver à un résultat dont tout le monde était fier. Nous avons été confrontés à tous les enjeux : la sécurité, l’éco-responsabilité, la mixité des usages ou encore la gestion des flux », a-t-il ajouté.

Une vision partagée par Jean-Charles Blanchetot, qui gère la boutique 86Champs – L’Occitane x Pierre Hermé, au numéro 86 de l’avenue : « Nous avions de grandes craintes parce que les terrasses permettent d’avoir énormément de visibilité. Nous avions une terrasse lourde, avec des jardinières, et il était impossible de voir s’il y avait du monde à l’intérieur. Le projet qui nous a été présenté a été accueilli favorablement. »

Livraison au premier trimestre 2024

Finalement, la balance entre la volonté d’uniformiser et la nécessité de laisser la possibilité de personnaliser a convaincu le gérant. « Oui nous perdons en personnalisation. Cependant, ces nouvelles terrasses favorisent l’ambiance globale. Cette uniformisation permet donc d’améliorer le standing global des Champs-Élysées », a-t-il expliqué.

Enfin, chaque commerçant devra financer sa structure, le budget pour une terrasse composée de trois trames s’élevant aux environs de 400.000€. Le Comité a conseillé un fournisseur unique situé en France afin de faire baisser le prix moyen. À ce jour, 17 des 19 professionnels concernés ont passé commande. La première terrasse pourrait faire son apparition dès le début du mois de décembre 2023. Mais la livraison de la plupart des commandes se déroulera durant le premier trimestre 2024.

En outre, chaque nouveau commerçant devra acquérir ce modèle de structure, pour être en conformité avec le règlement des étalages et des terrasses, s’il souhaite une terrasse. En somme, un cadre rigide laissant quelques latitudes aux commerçants dans l’objectif d’harmoniser l’esthétique de la plus belle avenue du monde. Marc-Antoine Jamet a ainsi conclu : « Les Champs-Élysées doivent être un village chaleureux et accueillant, un lieu de rencontre et de convivialité. »