Cave de l’Union : le vignoble des bords de la Sioule

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Installée dans le centre-ville de la petite cité des bords de la Sioule, la Cave de l’Union des vignerons de Saint-Pourçain met sur le marché la moitié des volumes de l’AOP auvergnate. Une occasion de découvrir des vins originaux exprimant une typicité intéressante.

Cave de l'Union
La boutique de la cave commercialise 20% des volumes produits par la coopérative. Crédit DR.

Par le passé, lorsque Sylvain Miniot, œnologue de la cave de l’Union des vignerons de Saint-Pourçain, arrivait à Interloire, il affichait un sourire réjoui en lisant la banderole de l’événement : « Les vins de Loire, de Nantes à Saint-Pourçain. » Ce slogan constituait une formidable publicité pour ce petit vignoble qui cultive sa spécificité. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui, précise-t-il, plusieurs vignobles, plus en amont du fleuve comme les côtes roannaises, ont rejoint la catégorie Loire. »

Cet œnologue, également directeur technique, affiche bientôt 25 millésimes au compteur de la seule cave coopérative de l’appellation Saint-Pourçain. Il est un des principaux artisans de l’évolution positive de ces vins, qui étaient autrefois regardés avec un peu de condescendance sur les comptoirs parisiens.

Il est vrai que la cuvée La Ficelle, née en 1987 et inspirée par le succès du Beaujolais nouveau, avait fait sortir le saint-pourçain de l’anonymat. Mais l’événement annuel cache parfois les réels progrès des vins de cette cave. « Nous avons fait des efforts pour obtenir l’AOP accordée en 2009, rappelle Pierre-Étienne Seguin, directeur de la structure. Nous avons ainsi enclenché une trajectoire qualitative que nous suivons toujours. » En effet, le vignoble s’est professionnalisé. Il y a 30 ans, 160 vignerons adhérents apportaient leurs raisins à l’Union. Ils ne sont plus que 45 aujourd’hui, mais la coopérative peut toujours compter sur la même surface de vignes (320ha), soit près de la moitié de la superficie de l’AOP. « Il y a une meilleure maîtrise des techniques culturales, précise Sylvain Miniot. La proportion de pinot noir a augmenté dans les rouges au détriment du gamay et les rendements ont été limités, 45hl/ha pour le pinot et 55hl/ha pour le gamay. »

iSylvain Miniot et Pierre-Etienne Seguin
Sylvain Miniot, œnologue, et Pierre-Étienne Seguin, directeur de la cave. Crédit DR.

Depuis dix ans, toute la cuverie de la cave est en inox et, depuis peu, les portes de la structure sont ouvertes aux fûts de chêne. Le bois vient ainsi marquer en finesse les cuvées Apogée, déclinées en blanc et en rouge.

La Cave de l’Union procède aussi à des sélections parcellaires. On remarque ainsi l’extraction et la concentration du fruit noir de la cuvée rouge du domaine de la Chinière rouge, issu de sols argilo-calcaires. Il est très différent du domaine de la Croix d’or, issu pour sa part de vignes cultivées sur des sols sablonneux et qui expriment davantage de rondeur et des notes poivrées, caractéristiques du gamay qui domine l’assemblage.

La coopérative se caractérise aussi par une offre large. Au-delà des trois couleurs, on trouve des effervescents et même un effervescent rosé moelleux, Fringance. La seule gamme CHR est riche de 25 références. « Nous avons la chance d’avoir des vins dans l’air du temps, sur le fruit, la fraîcheur et la légèreté », assure Pierre-Étienne Seguin. La production de la cave est dominée par les rouges, mais la proportion de blancs (30%) est loin d’être négligeable. Elle est fondée sur le chardonnay, mais le tressallier, cépage local, un temps abandonné, revient en force. Il couvre aujourd’hui près de 40% des surfaces de raisins blancs. « C’est un cépage qui pouvait produire près de 90hl/ha, rappelle Sylvain Miniot. Mais à ce niveau de production, le vin obtenu laisse à désirer. En revanche, en maîtrisant les rendements, nous obtenons des blancs vifs, éclatants et aromatiques qui expriment une vraie typicité ».

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