Marseille : la Cité phocéenne verdit ses CHR
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Plus grande métropole du sud-est de la France, et plus encore du bassin méditerranéen, la Cité phocéenne, forte de ses 2.600 ans d’existence et riche de ses trésors terrestres et maritimes, souhaite désormais incarner la quintessence d’une ville cosmopolite à la fois durable et responsable. Ainsi poussés par une municipalité en quête d’un tourisme s’étendant sur l’année, les CHR marseillais misent sur une off re de plus en plus verte.

Pour Nicolas Guyot, vice-président de l’Umih des Bouches-du-Rhône, le dynamisme marseillais n’est désormais plus à prouver. « Nous avons une belle hôtellerie, une infrastructure qui tient la route, et surtout nous avons su montrer que l’on savait recevoir de gros événements comme La Coupe du monde de rugby mais aussi l’arrivée de la flamme olympique. Jusqu’à récemment, notre réputation en la matière n’était pas reconnue », déclare-t-il. Cet élan vigoureux a notamment été appuyé par les politiques publiques menées par la mairie de Marseille.
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En effet, cela fait déjà une dizaine d’années que celle-ci souhaite faire de la ville une cité innovante où la durabilité des infrastructures vise la préservation et la protection d’un environnement balnéaire naturellement riche de sa faune et sa flore. « Aujourd’hui, nous avons l’un des parcs hôteliers les mieux rénovés de France. Ceci est notamment lié au fait que pendant la Covid nous devions accueillir le Congrès mondial de la nature. À ce moment-là, la promesse était faite que tout notre parc hôtelier passerait au label Clef Verte », explique Nicolas Guyot. Motivés par l’Umih et la ville de Marseille, les hôteliers ont massivement suivi le mouvement. « Il y a eu plus d’une trentaine d’adhésions ; c’est énorme », s’enthousiasme le vice-président de l’Umih des Bouches-du-Rhône.
Responsable et engagés
En effet, à Marseille, les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ont continué de multiplier les initiatives en faveur d’un développement davantage axé sur l’écoresponsabilité. En témoigne notamment l’accueil que la ville a réservé aux Jeux olympiques de Paris 2024. Avec ses 36 établissements labellisés, la Cité phocéenne peut se targuer de proposer le plus d’hôtels Clef Verte de France. Par ailleurs, du côté de la restauration, 43 restaurants sont aujourd’hui inscrits au programme Écotable et 23 d’entre eux sont déjà labellisés.
« Tous le seront petit à petit », assure Aurélie Méchin, chargée de mission développement durable à l’Office de tourisme de Marseille. Ces deux labels, aujourd’hui considérés comme les premiers labels de tourisme durable pour les hébergements touristiques et les restaurants en France, « offrent aux restaurateurs et aux hôteliers une certaine visibilité mais également une reconnaissance de leur car oui, c’est un travail supplémentaire d’aller chercher ses propres fournisseurs », poursuit Aurélie Méchin. Comme l’expliquait Nicolas Guyot, cette mobilisation pour la labellisation de ces établissements de l’hôtellerie-restauration a d’ailleurs commencé bien en amont des Jeux. En effet, cette démarche, la ville de Marseille, l’Office de tourisme et Teragir Marseille l’ont entrepris dès 2020 afin de renforcer les démarches de développement durable au sein des établissements hôteliers.

« À l’office de tourisme, nous privilégions la mise en avant des établissements Clef Verte mais également celle des chefs imprégnés des valeurs liées au développement durable et au circuit court. Nous avons à cœur de mettre en lumière ceux qui jouent le jeu », affirme Maxime Tissot, directeur général au sein de l’Office de tourisme, des Loisirs et des congrès de Marseille. Une mise en lumière fortement appuyée par certaines figures de proue de la Cité phocéenne engagées sur le plan social, comme c’est notamment le cas du chef Gérald Passedat. « Il a, entre autres, travaillé avec l’établissement Après-M, un ancien McDonald’s transformé en restaurant solidaire », indique Aurélie Méchin. « Aujourd’hui, beaucoup de chefs se sont engagés dans cette notion de social. C’est également un bon levier pour pallier le manque d’effectif dans les établissements », souligne cette dernière.
Une vie passée au soleil
Si Marseille vit pleinement au printemps et en été, la ville ne manque néanmoins pas de ressources pour attirer une nouvelle clientèle s’échelonnant sur l’année. « L’Office de tourisme vous dira qu’il fait beau 300 jours par an et moi je vous dis qu’il fait beau 400 jours dans l’année », estime Nicolas Guyot. En effet, ce soleil incarne un atout considérable pour la Cité phocéenne qui souhaite relever un autre défi : briller sur tous les fronts pour vivre touristiquement toute l’année. « La clientèle touristique est bien moins présente l’hiver alors que Marseille est bel et bien très vivante toute l’année. Nous avons donc mis en place une grosse campagne publicitaire pour pousser en ce sens-là », justifie Maxime Tissot.
La ville ambitionne de mieux répartir les flux touristiques en proposant à ses visiteurs l’accès à un Marseille plus intime, celui des vrais Marseillais. « La montagne a réussi à faire venir les gens l’été, alors pourquoi Marseille n’y arriverait pas en hiver ? Et puis à Marseille, il y a 111 quartiers et donc autant de choses à faire et à voir », argumente Nicolas Guyot.
De surcroît, pour faire venir cette clientèle automnale et hivernale, la municipalité cherche à s’appuyer sur la richesse de son offre culturelle, notamment via la mise en avant du Mucem, considéré à ce jour comme le premier musée national consacré à la Méditerranée. De plus, en favorisant la reconnexion à la nature, et en particulier au parc naturel des Calanques, véritable atout balnéaire et maritime, la ville espère encourager la pratique du sport nature tel que le VTT, le trail ou l’escalade, toute l’année. En outre, « le monde de la nuit et de l’événementiel s’est beaucoup étoffé ces dernières années, constate Nicolas Guyot. Il y a une forte piétonnisation de la ville et aujourd’hui, où que vous soyez le samedi soir, il y a toujours un bruit qui vous dit “ tiens il y a une fête là-bas ! ” ».
Aussi, les douces températures hivernales permettent d’apprécier la beauté des criques rocheuses, authentiques trésors des Calanques, mais également de flâner dans le quartier de l’Estaque où l’on peut déguster des panisses, un mets s’apparentant à des frites de pois chiches, et des chichis fregis, l’appellation provençale complète du chichi.
De ce fait, l’automne et l’hiver sont également des saisons pour découvrir La Cité radieuse, imaginée par l’artiste Le Corbusier, mais également pour se promener dans les ruelles étroites et pittoresques du quartier du Panier. Il est également possible de se rendre sur l’île de Château d’If. Là, au contact des vents marins, les visiteurs marchent dans les pas d’un célèbre marin marseillais et figure de la littérature : Edmond Dantes, aussi connu sous le nom du Comte de Monte-Cristo. Et si à l’avenir Marseille espère se faire une place au soleil été comme hiver, la ville ne cesse déjà de vivre dans l’œuvre d’Alexandre Dumas, qui l’évoqua très souvent au fil de ses récits.