JOP Paris 2024 : Quelles opportunités pour animer son point de vente ?

Selon les prévisions de l’Office du tourisme et des congrès de Paris (OCTP)*, les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) Paris 2024 devraient rassembler entre 11 et 15 millions de visiteurs selon les projections, voire un peu plus, sur le territoire hexagonal, une clientèle potentielle pour les points de vente. « Et parmi les 8% visiteurs étrangers, 79% ne possèdent pas de ticket pour suivre un événement. Ils veulent simplement vivre l’expérience des Jeux, en particulier à Paris, s’imprégner de l’ambiance et se faire plaisir en allant au restaurant et en terrasse », remarque Damien Rodière, directeur général de TheFork, la plateforme française de réservation de restaurants en ligne.

Quant aux porteurs de billets, qui représentent 22% des visiteurs au total, l’expérience des précédents Jeux de Londres 2012 a montré que « sortir manger » cochait la première case des activités non olympiques pratiquées par ces amateurs de sport en périphérie de l’événement. À Marseille, site qui accueillera 12 jours de compétition de voile ainsi que 10 matchs de football, plusieurs centaines de milliers de spectateurs sont aussi attendus. « Dans un contexte de double affluence touristique, avec les Jeux et la saison estivale, il va falloir capitaliser sur l’événement tout en faisant face aux préoccupations de la profession telles que le recrutement », expose Bernard Marty, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) des Bouches-du-Rhône, qui fédère 1.200 entreprises dans le département.

Insuffler l’esprit olympique, oui mais comment ?

Pour faire vivre l’expérience des JOP 2024 à cette clientèle majoritairement française, les professionnels ont de nombreuses voies à explorer : de l’adaptation de leur offre à la décoration de leur point de vente, en passant par le code vestimentaire du personnel. Un exemple avec le groupe Accor, partenaire premium des Jeux de Paris 2024, qui fera porter à son personnel la tenue Podium fournie par Le Coq Sportif. Inspirée des archives du Coq Sportif et conçue par Stéphane Ashpool, cette tenue, qui incarne l’esprit du sport et célèbre les médaillés français, est confectionnée dans une matière spéciale qui attire l’œil grâce à sa légère brillance.

À Marseille, l’incontournable pub The Red Lion, dans le quartier de la Pointe rouge, a entièrement personnalisé sa façade aux couleurs de l’événement avec des illustrations relatives aux épreuves nautiques qui se dérouleront dans la Cité phocéenne. Face à la plage des Catalans, à Marseille toujours, le restaurant Les Akolytes, s’apprête à décorer sa salle côté brasserie, à mobiliser un vidéoprojecteur pour le visionnage des épreuves, à habiller les poteaux qui délimitent sa terrasse tout en habillant sa bâche sur son extérieur.

« On est installés en bord de mer, on est ouverts 7j/7, de 7h à 2h du matin en été. On a beaucoup de passage. Notre but est de nous mettre au diapason de l’événement, sans trop en faire pour autant, avec une carte de cocktails courte qui variera en fonction des nations représentées au cours des épreuves, et une sélection de tapas méditerranéennes pour faire rayonner notre gastronomie », développe le gérant de l’établissement.

Adapter son offre, sa carte

Pour renforcer l’attractivité de l’espace extérieur, chaque détail compte : un éclairage adapté, une végétalisation pour sanctuariser sa terrasse, mais aussi des marqueurs de l’esprit olympique pour l’animer. Dans l’attirail : affiches, banderoles, drapeaux, maillots et autres accessoires sportifs au choix. Et, pour capter la clientèle des Jeux, l’adaptation de son offre de bar et de restaurant peut se révéler pertinente : avec des formules « happy hours » et « afterworks », une carte courte inspirée de la cuisine du monde au gré des nations représentées lors des épreuves des Jeux, de la vente à emporter en emballages recyclables, une carte des vins simplifiée qui valorise cépages et régions viticoles.

Sans oublier de soigner son offre de cocktails. C’est le cas de l’établissement Carry Nation, à Marseille. « Dans l’univers du bar, les clubs sportifs ont beaucoup compté aux États-Unis. Beaucoup de cocktails ont émergé de ces institutions comme le Last Word, un cocktail créé dans les années 1920 au sein du club privé, le Détroit Atheltic Club, où il était autorisé de boire de l’alcool à l’époque de la prohibition. C’est pourquoi on a décidé de proposer une carte de ces cocktails classiques spécialement associés au sport », explique Guillaume Ferroni, entrepreneur à la tête de la maison de spiritueux éponymes.

L’atout digital

Avec la numérisation des modes de réservation et d’enquête satisfaction, la visibilité numérique des établissements est un enjeu clé lors des Jeux. C’est pourquoi, il est indispensable de mettre à jour ses horaires d’ouverture et sa carte sur Google, sur les sites partenaires mais aussi sur les réseaux sociaux et les plates-formes de réservations. « L’expérience au restaurant commence dès la réservation, elle doit inclure une conformité du menu et des photos avec la réalité. Si un plat n’est plus disponible à la carte, on le retire afin que le client ne soit pas déçu à l’arrivée », conseille Damien Rodière (TheFork).

Parce que la France s’apprête à accueillir 1,2 million de visiteurs étrangers durant les JOP 2024, une clientèle au fort pouvoir d’achat, les professionnels doivent également les attirer dans leurs points de vente en leur permettant de préparer leur venue. Les Anglo-Saxons, par exemple, particulièrement soucieux d’anticiper leurs déplacements, sont des champions de la réservation en ligne. « Sur la première période des Jeux, du 22 juillet au 10-15 août, on constate déjà un boom des réservations sur notre plate-forme avec une hausse de plus de 114% par rapport à l’année dernière. C’est pourquoi on a ouvert les calendriers dès avril », ajoute Damien Rodière. Première application de réservation de restaurants en Europe, TheFork recense 20.000 millions d’utilisateurs.

Au sujet des réservations non honorées

Côté professionnel, tout est fait pour faciliter les flux et transactions : de la gestion des réservations, à leur visibilité sur le Net en passant par la possibilité de piloter un plan de salle; cette solution numérique offre un gain de temps. « Pour assurer aux établissements de petite capacité que les clients vont bien se présenter, et limiter les risques de No-Show [une réservation non honorée, NDLR], on peut aussi activer la prise d’empreinte de la carte bleue, et créer des rappels automatiques afin d’optimiser les taux de remplissage », précise l’expert.

Malgré les opportunités créées par un événement d’une telle ampleur, les professionnels sont confrontés à un problème de taille : la pénurie de main-d’œuvre dans leur secteur. Selon les données du Baromètre KYU de l’emploi, mars 2024, Hôtellerie-Restauration et un récent rapport de l’Assurance formation des activités du spectacle (Afdas) et du ministère du Travail, l’accueil des Jeux de Paris 2024 pourrait mobiliser 15.910 emplois sur les métiers de la cuisine et 13.490 sur les métiers du service en restauration. Tandis que le renforcement des équipes apparaît comme crucial en période de suractivité, le secteur fait face à des tensions liées à un déficit d’attractivité et au départ de 500.000 personnes entre 2020 et 2022 (source : ministère du Travail).

Recrutement : un besoin qui persiste

Pour Frédéric Jeanjean, secrétaire général de l’Umih des Bouches-du-Rhône : « Il y a un changement complet de la perception de la relation au travail dans la société depuis la crise sanitaire. C’est pourquoi certains établissements en sous-effectifs n’ont d’autre choix que de s’adapter. » D’après les chiffres de France Stratégie, 15 millions de repas vont être servis au cours de la période des JOP. L’augmentation des besoins en recrutement se fait donc particulièrement sentir en Île-de-France, épicentre de l’événement, mais également dans les autres villes de l’Hexagone qui accueillent les épreuves. Pour ménager les équipes, beaucoup de professionnels de la restauration envisagent alors de dresser moins de couverts, mais d’articuler le service en deux temps forts – 19h et 21h – pour limiter les pertes de chiffres d’affaires.

Une façon de satisfaire à la fois une clientèle anglo-saxonne ou familiale, habituée à manger tôt, et des profils latins, qui prennent ou non l’apéritif, et enclins à dîner plus tardivement. Pour les points de vente, les JOP 2024 de Paris sont princiaplement une question d’adaptation…

*Effectuées d’après des données issues d’un rapport de l’ORME (Observatoire pour la recherche sur les méga-événements) intitulé « Étude sur les visiteurs des grands événements sportifs internationaux », de celles du CRT Île-de-France (Conseil régional du tourisme) et des fréquentations hôtelières de l’INSEE.