Débat sur la régularisation des travailleurs sous nom d’emprunt
- Temps de lecture : 3 min
Lors du congrès du GNI les 14 et 15 novembre 2022, à Lyon (69), la question de la régularisation des travailleurs sous un nom d’emprunt a été abordée. Ce sujet pourrait permettre de résoudre en partie la problématique de manque de main d’œuvre dans les CHR.

Le secteur des CHR connaît un énorme déficit de main d’œuvre depuis plusieurs années. Différentes pistes ont été évoquées lors du septième congrès du GNI, qui s’est tenu les 14 et 15 novembre 2022, à Lyon (69), telle que la régularisation des travailleurs sous alias (sous un nom d’emprunt).
« Nous devons aller chercher des solutions, les travailleurs étrangers en font partie. Nous sommes capables de prouver qu’il y a un vrai ascenseur social. Tous les sujets sont bons et nous devons les affronter avec des valeurs fortes », a lancé Catherine Quérard, vice-présidente du GNI et présidente du GNI Sud-Ouest, signifiant que la régularisation des travailleurs sous alias n’est pas un sujet tabou.
L’organisation patronale a fait appel à Maryline Poulain, expert en droit des travailleurs étrangers, et accessoirement ancien membre de la CGT, pour donner son point de vue sur une telle décision.
À lire aussi
« La question de la régularisation de ces salariés aujourd’hui en poste est selon moi nécessaire, ils sont compétents. Ce qui est proposé par le Gouvernement est à saluer, il faut être pragmatique. C’est bénéfique pour l’ensemble du salariat que les personnes soient en état de légalité dans leur entreprise. Parce que les personnes sous alias cotisent mais ne peuvent pas bénéficier de la protection sociale. Nous sommes dans une zone de non droit et cette situation est très problématique pour la société », a-t-elle expliqué.
L’experte a ensuite tenu à saluer la position du GNI. « Je salue le discours favorable à la question de la part du GNI parce qu’on ne piétine pas les droits de ces salariés. Si vous [à l’adresse des adhérents du GNI, NDLR] souhaitez les régulariser, c’est parce que vous respectez le droit du travail. Ceux qui ne veulent pas régulariser sont ceux qui ne respectent pas le droit du travail. Votre attitude est aujourd’hui responsable », a-t-elle lancé devant l’auditoire.
Un discours salué par une salve d’applaudissements. Franck Trouet, conseiller au président du GNI, se reconnaît dans les propos de Maryline Poulain : « La régularisation est bonne pour fluidifier le marché. »
« Les travailleurs sous alias ne prennent pas le risque de partir et de tromper une deuxième personne. Ils ne disposent actuellement pas du droit d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur social. Chez nous, ils sont pris en charge dans une brigade, gagnent un salaire et apprennent le français. Mais ils n’ont pas la possibilité d’évoluer », regrette-t-il.
Alors que la question posée par la table ronde était de savoir si les travailleurs étrangers constituaient une vraie solution, Maryline Poulain a tenu à nuancer son discours et attend de voir la suite. « Il ne faut pas que cette régularisation soit un artifice, avec par exemple seulement 7 000 personnes par an », a-t-elle prévenu.